Topic avec Adele
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Don't go away

HRP: Je t'invite à visionner le vidéo dans l'image de Doudou pour comprendre comment il se sent face à Adelou...Très touchante chanson...

" Merci Dwayne, c'est gentil. Joyeux Noël ! "

Je venais de déposer les bagages d'une demoiselle. Encore une autre qui quittait l'institut pour rejoindre sa famille pour le temps des fêtes. De plus en plus, ils quittaient la demeure pour retrouver les leurs. C'était beau et à la fois triste. La magie de Noël était à l'honneur voyant des familles réunis pour l'occasion. Renouer avec leur proches et passer de tendres et chaleureux moments avec eux.

Tandis qu'ici tout devient terne et froid. La vie se perd tranquillement n'habitant que des toiles et des meubles...et c'était moi qui allait en être le gardien. Bien sûr qu'ils m'ont demandés d'être le responsable de l'institut. Je suis un des seuls qui ne rejoint personne, dont personne n'attend...Je pourrais rejoindre le Père Willas pour une journée et voir mes collègues musiciens au bar, mais rien de plus. Ils ont d'autres proches à prendre soin...Moi, mes proches, ils sont absents...

Pourtant, j'espérais encore...Tous les jours, presque chaque heures, j'allais consulter ma boite aux lettres...

Pour une lettre, une seule lettre....Celle de la prison: l'acceptation de visiter mon père. C'est tout ce que je voulais...Rien de plus pour les fêtes. Une lettre...

Mais rien...On était presque Noël et aucun retour. Même mes coups de téléphone ne donnaient rien. J'avais brisé l'appareil tellement ma colère et ma peine étaient ingérable. J'ai dû me cacher pour jaillir sous ma forme bestiale hurlant de rage dans la forêt tout près. J'ai été capable de me contrôler de nombreuse fois, mais il s'agit de mon père, c'était impossible...

J'en avais assez qu'on se fous de moi. Qu'on me blesse...C'était Noël et j'avais le droit à ma part de magie, moi aussi...

Alors, en cette soirée enneigée, je me suis enfermé dans ma chambre, buvant mon 2e verre de rhum...J'avais le droit de fêter, même si j'étais seul...Je pourrais dire que j'étais accompagné avec le Seigneur tout puissant au-dessus de moi...qui devait sûrement me trouver ridicule...Echevelé, cravate retiré, manches relevés...Aucunement sous mes plus beaux attraits...Il devait avoir raison.

Peu importe, il ne restait moins d'une dizaine de jeunes...Ce ne sera pas 2 verres qui me changeront. Je voulais juste me calmer et encaissé tout cela...même si cela devient de plus en plus difficile...

Mon verre tout près, mes doigts sur les notes, je laissais le soin à mon instinct de me proposer une mélodie. Et il fallait que ce soit celle-ci:



Dire que j'ai composé celle-ci après mettre fait...

« - Dway-ay-ayne. »

Je revenais à la réalité...

Je l'avais entendu et je l'avais sentie venir, mais je ne voulais pas le croire...

Et cette odeur...De l'alcool...

Elle ne va pas bien...Alors,...alors, il faut que j'y aille...

Je me levais d'un coup pour accourir à ma porte, mais je me retenais une fois arrivée devant. Ma main se fermait...

Pourquoi j'ouvrirais ? C'est vrai ! Elle m'avait repoussée. Elle m'a ignoré. Elle ne voulait pas de moi ne venant même pas me voir à son retour à l'institut...

Alors, pourquoi venait-elle maintenant ? Parce qu'elle est soûle, bien sûr et n'a personne à qui se retourner...Vais-je encore être l'idiot qui va se laisser berner et m'acharner à prendre soin d'elle?

Non...Je ne voulais pas. Pas encore...Ça m'a fait mal la première fois. Je refusais d'y replonger...

Je regardais la porte, reculant de quelques pas...

Je me ruais à mon piano pour continuer de jouer...en prenant une bonne gorgée de mon verre, bien sûr...

J'essayais de nouveau..., mais c'était plus fort que moi. Je regardais la porte...

Mais si elle est là....C'est parce qu'elle a besoin de moi. Je....je ne peux pas la laisser là, comme cela. Seule...Qui sait ce qu'elle peut faire dans cet état...Et on va m'engueuler pour l'avoir laisser faire...

Et...et...au fond de moi, je ne voulais pas qu'elle se blesse. Malgré toute la haine qu'elle a provoqué en moi, elle...elle...me manquait...

Son cadeau de fête était encore là, sur ma table, entouré de toutes mes feuilles de musique...

Merde...

Non, je ne peux pas...

De la vodka. Je mettrais ma main au feu. Mon nez fin le sentait à des kilomètres à la ronde...

Elle était là, devant moi...Oui, j'ai ouvert la porte. Ma paume gauche appuyé sur le rebord du cadre de porte. Mon autre main tenait toujours ma poignée...Une partie de moi était prêt à la fermer.

Pourtant, à la voir ainsi, malgré mon regard froid, mon coeur se tordait. Pourquoi se faisait-elle autant de mal ?

Si ce n'était pas de mon orgueil et de ma colère, elle serait déjà dans mes bras la ramenant sagement à l'intérieur de chez moi....

Mais je ne disais rien...attendant de voir ce qu'elle allait me sortir. Ce n'était pas à moi de faire les premiers pas...

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Je n'y arriverais pas. Non, je ne serais pas capable de rester comme cela...

Immobile...Insensible.

Non, je ne l'étais pas. Pas du tout. Je combattais cette faiblesse au fond de moi. Je refusais de plier si vite après tant d'attendre. Parce qu'après tout ce temps, toute cette inquiétude que j'ai eu pour elle, c'était maintenant qu'elle se pointait à ma porte et dans un triste état comme si cela lui prenait cela pour venir me voir.

Sinon, j'aurais attendu encore combien de temps pour la voir ? Probablement jamais avec son sale caractère...Non, il a fallu qu'elle boive. Et cela, je n'aimais pas du tout, car...car cela me ressemblait trop. Incapable de se dévoiler sans un coup de pouce aussi fort qu'une bouteille de vodka.

Cela me tuais de la voir comme cela...Ces larmes qui apparaissaient sur son visage...Son mascara qui noircissaient le contour de ses petits yeux enflées. Seigneur que je détestais voir cela ! Je ne supporte pas de voir une demoiselle pleurer...

Et Adèle pleurait à cause de moi...C'était de la torture.

Je me cramponnais à mon cadre de porte, refusant toujours de céder sur ma sensibilité.

« - Dwayne. »

Le son de sa voix enrouée. Mon nom ainsi prononcé. Je me mordais les joues tentant encore de combattre cette pression souffrante dans ma poitrine. Une boule de chaleur qui ne cessait de s'accroître. Mes muscles qui se contractaient...

Je la suppliais du regard d'enchaîner, de me parler, de faire quelque chose pour cesser cet échange de regard interminable. Je retenais ma respiration, la gorge nouée.

Ce bruit qui venait de me déconcentrer...La vitre au sol, un liquide qui s'imbibait dans le tapis...Du sang sur sa beau pêche. La bouteille qui venait de se briser.

Elle venait de se couper.

Je n'avais pas pu. Je n'avais pas pu rester là. J'avais fais un pas. Un pas vers elle. Intervenir. Prendre soin d'elle comme j'ai toujours fais...

Mais c'était elle qui est venue à moi. En se ruant sur moi.

« - Tu m'as manqué et je suis tellement désolée. »

Cette chaleur agréable. Je l'enlaçais aussitôt ne voulant plus qu'elle me quitte. Je l'avais attendu trop longtemps pour m'en départir. Ma main droite couvrait sa nuque, caressant sa chevelure blonde. Je fermais les yeux, mon menton contre son épaule. Je tremblais comme une feuille, touché de la voir enfin près de moi.

Je craquais à mon tour, enfouissant mon visage dans le creux de son épaule:

" Pourquoi ?....Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Ne me fais plus jamais cela, tu entends?.... J'étais tellement inquiet...Pas une nouvelle...Rien....Pourquoi tu ne voulais pas me contacter...? Qu'est-ce que j'ai fais de mal ?"

Je reculais de quelques pas la transportant tranquillement vers l'intérieur de ma chambre, ne voulant pas faire de nos retrouvailles un spectacle aux curieux.

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Où avait-elle passée ?

Je croyais que ce contact allait me réconforter, me soulager, mais je m'inquiétais d'avantage. Ce relâchement totale du personnage de Adele, passant de la femme forte à cette demoiselle complètement épuisée. Et son corps, complètement froid ayant presque aucune chaleur, aucun réflexes. Je devais fournir pour deux la sentant si fragile et mal en point. La seule chose qui se dégageait d'elle était ce sang qui coulait le long de mon cou.

Cette main blessée se cramponnait à moi tâchant ainsi le col de ma chemise, mais je me foutais de ma tenue. Pour le moment, tout ce qui m'importait, c'était ma petite protégée. Je la ramenais tranquillement à l'intérieur de ma chambre, prenant soin de fermer la porte. Je ne voulais pas être déranger. Pas dans cette situation, avec tous les émotions qui me traversait le corps.

Doucement, je l'assis sur le rebord de mon lit, tirant sur les couvertures. Je replaçais ces draps sur ses épaules frêles. Elle avait sans doute traîné dehors dans cette tenue, ne faisant pas attention à la température froide. L'alcool l'a sans doute réchauffer la conscience, mais pas son corps...Elle était presque bleutée à certains endroits. Son teint si pâle, sa chevelure défraîchie, son maquillage qui coulait le long de ses joues...Non, ce n'était pas elle. Il lui est arrivé quelque chose...

J'agenouillais devant elle, posant mes mains sur ses épaules. Je frottais aussitôt mes paumes sur ses bras pour augmenter la température de son corps. Je reniflais. Je ne voulais pas me donner en spectacle, cachant mon visage avec ma chevelure échevelée, mais mes yeux étaient noyés par ses émotions accumulés.

« - Premièrement, tu dois savoir que ce n'est pas de ta faute, aucunement. Tu n'as rien fait de mal, d'accord ? J'avais ... Bon, tu sais comment je peux être parfois : toujours envie de liberté, mais orgueilleuse comme pas d'autres. J'ai ... J'ai pas su, je ... »

"Pas su, quoi ? " dis-je terriblement inquiet de la voir sombrer de nouveau.

Je la pris dans mes bras, la pressant contre moi. Sa tête sur mon épaule, je lui caressais le dos et les cheveux...Mon regard dans le vide, je m'imaginais le pire...

" Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu ne m'as pas prévenue...?...On...on t'a fait du mal...? Dis-moi, je t'en prie. Je ne supporte pas de te voir comme cela...Parle-moi."

Je la berçais presque. Mon coeur battait à la chamade. La crainte m'envahit. Je maudissais déjà le responsable qui ai osé la blesser...

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Aucun rire, aucun sourires mesquins, pas de moqueries sortant de sa bouche. Adèle était différente.

C'était un regard cerné, des larmes noircies par son mascara qui coulaient le long de ses joues. Son corps tremblait par la peine et le froid. J'essayais tant bien que mal de la réchauffer la collant contre moi. Je sais que je ne suis pas un porteur de chaleur humaine, mais je ne pouvais pas la laisser là et ne rien faire. Et si cela pouvait gêner certains de me voir ainsi avec ma protéger, cela me fera plaisir de les envoyer promener. J'étais conscient du risque je prenais en laissant Adèle entrer dans ma chambre, mais je crois que sa détresse méritait cet isolement entre elle et moi.

Son absence n'avait l'air en rien avec des vacances. Je le constatais de plus en plus. Je ne l'ai jamais vu aussi atteint, aussi collé à ses émotions, comme si elle n'avait pas pleurer depuis des années. C'était terrifiant à voir et à sentir...J'entendais son coeur, le rythme incessant. La panique dans sa respiration saccadé et son sang qui circulaient à vive allure...

Mon empathie était à son paroxysme. Si je pouvais prendre tout cela, tout ce noir et le jeté par la fenêtre afin de retrouver la Adèle qui me taquine et me nargue, je le ferais...

Tout ce que je pouvais faire pour l'instant était de la serrer contre moi et supplier le Ciel d'atténuer la souffrance de ma protégée.

Cette attente était interminable. Je voulais savoir ce qui la rendait aussi triste.

« -Non on ne m'a pas ... On m'a pas fait de mal, rien, enfin, pas tant. Je crois que c'est moi qui me suis fait le plus de mal au cours des derniers mois, tu vois ? »

Non, je ne vois rien. Rien qui me rassure, qui me soulage. Rien qui me calme. Ce n'était pas la réponse que j'attendais. Pas tant ?! Qu'est-ce que cela voulait dire ? Il y a quand même quelqu'un qui l'a fait souffrir ? De qui s'agit-il et pourquoi ? Tout cela n'est pas juste à cause d'elle. Il y a quelque chose derrière, une explication. Rien était logique pour l'instant...

Je la relâchais un peu sentait qu'elle avait de la difficulté à respirer. Je continuais à lui masser la nuque, désespéré de savoir ce qui se cache derrière ces lames.

« -J'aimerais tellement tout pouvoir te dire, mais c'est trop compliqué. Je sais que tu peux comprendre, mais je ne sais pas si je suis prête à tout assumer. »

Quoi?! Trop compliqué ? Je ne comprend pas ! Pourquoi...Pourquoi ce serait trop compliqué ? Je ne suis pas aussi stupide que j'en ai l'air. Je suis capable de comprendre, de saisir. J'en ai entendu des choses dans ma vie pour...Si elle ne veut pas me le dire c'est qu'elle ne veut pas que je le sache de peur...Ah non, c'était rien pour me rassurer, loin de là...

L'incompréhension et de la colère...Elle ne veut pas me parler, me le dire. Elle continue de se cacher...se cacher de moi...

Elle se retirait contre moi, pourtant je restais là, accroupie la tête baissé. Le visage caché...

« -Mais tu ... Tu m'as manqué Dwayne, réellement. Je suis désolée. »

Déçu...très déçu de ne pas sentir la confiance d'Adèle envers moi...Je poussais un soupir, un rire  jaune, comme si sa dernière phrase allait excuser le reste...

Dès que je sentais le coup de vent du drap transformé en bandage, je me levais sans dire un mot me rendant dans ma salle de bain. Je n'étais pas infirmer, mais je me suis équipé en bandage et compresse de rapprochement pour des raisons simples: mon don. J'étais intouchable, mais à quelques exceptions et il fallait que je prenne soin de moi. Puis, par mon aspect, je appris à me débrouiller seul.

Cette fois-ci, j'allais prendre soin d'elle. J'étais là pour elle..., malgré tout.

Je revenais aussitôt avec mon kit. Je repris ma position en m'agenouillant à ses pieds, silencieux.

Sans demander sa permission, je pris sa main couverte de mon drap ensanglanté. Je la retirais tranquillement, pour lui prodiguer les soins :

" Attention, ça va piquer. " dis-je tout bas en épongeant le sang séché sur ses plaies. Je désinfectait ses blessures. Ils n'étaient pas profondes.

J'étais très doux, malgré son aspect froid et sombre. Je serrais des dents continuant de faire ce que je devais faire,  mais des milliers des questions me trottaient dans la tête.

Je déposais ma lingette avant de prendre un bandage propre. Je le déroulais tranquillement.

Puis, tout bas, passant ma main sur mes yeux :

" Si tu crois que tu m'aides en...en ne me disant pas ce qui se passe, tu te trompes. J'ai passé des jours, des semaines à me morfondre...à m'inquiéter....à t'attendre....J'ai perdu tellement de monde dans ma jeune vie. J'ai eu si peur de te perdre aussi. Alors, j'ai...j'ai le droit à avoir des explications. Rien est compliqué avec moi et tu le sais...Tu ne peux pas me mettre hors-champs  comme cela pendant des mois et rien me dire ensuite....Je sembles froid comme cela, mais je ne suis pas un pantin !...Tu dois me dire ce qui ne va pas..." dis-je, la voix enrouée.

Je soulevais la tête, les yeux et le bout de mon nez fin rougis. Mes lèvres tremblaient retenant ce stupide côté sensible en moi.

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Le tissu glissait lentement entre mes doigts le laissant couvrir délicatement la main blessée de ma protégée. Je pansais sa blessure avec précaution et minutie, comme si le moindre faux pas de ma part allait la briser, la faner par mes mouvements brusques ou trop direct. Oui, elle m'était précieuse et j'avais la chance de l'avoir près de moi pour en prendre soin. Alors, je prenais le temps de lui administrer du mieux de ma connaissance les soins nécessaire, parce qu'il était hors de question de l'amener à l'infirmerie.

Pas dans cet état. Pas avec ce visage si affecté par les larmes et la frayeur. Je ne pourrais pas la laisser au soin d'une autre personne sans connaître la raison de son malheur. La connaissant, elle se fermera si elle traverse les portes blanches. Je n'aurais plus la possibilité de découvrir ce qu'elle me cache.

Car elle me cache quelque chose, quelque chose de lourd et pénible...Il fallait être stupide pour rester insensible à ce visage envahie par l'angoisse. Non, je n'arrivais pas à garder mon calme. Elle m'affectait de sa noirceur, de sa peine. Oui, je me suis juré de ne pas m'attacher à qui que ce soit ici, mais c'était impossible...Pas avec elle.

Adèle est devenue une personne importante pour moi à l'institut et je me devais de prendre soin d'elle. On l'a négligé ne voyant pas le potentiel que cette jeune fille a...Si on prenait le temps de la connaître....

Il fallait juste l'écouter...Prendre le temps de le faire...

Alors, elle ne pouvait pas me laisser comme cela en plan refusant de me dire quoi que ce soit.

« -J'ai longtemps hésité à t'en parler, je savais que tu m'aurais retenue ici. Je suis partie pour ... pour des tonnes de raisons en fait, mais ce n'est pas de ta faute. Et, je sais que je t'ai fait du mal. Et pas juste à toi, je fais mal à tout le monde, tout le temps, de toute façon. J'suis même pas fichue d'être aussi sainte que Mother - fucking - Theresa ou n'importe quelle autre personne sur Terre. »

Je coupais le bandage pour déposer un ruban pour coller le tout. Elle savait que je détestais cela quand elle osait jurer ou utiliser des noms ou mots de la Bible..., mais en ce moment, je m'en moquais. Ce n'était pas cela qui me touchais le plus...

Oui, elle m'a fait du mal...

Si elle savait le nombre de fois que je suis rester planter là, dans les escaliers de l'entrée de l'institut pour essayer de la sentir, de l'entendre...Le nombre de fois que j'ai prié le Ciel de la protéger et me la ramener...Le nombre de fois que je me suis engueuler avec Xavier qui refusait de me laisser partir à sa recherche...Malgré ma force, j'ai dû m'y plier...

J'ai ragé, j'ai hurlé...J'ai pleuré..., angoissé...

Ma douleur, je m'en foutais...C'était surtout de ne pas savoir où elle était. Si elle était en danger. De ne pas être là...

Maintenant qu'elle était devant moi, je refusais de la laisser partir, de nouveau. Partir sans rien m'expliquer...Sans me donner la peine de comprendre.

Mes deux paumes soutenaient fermement cette petite main tremblante. Tout bonnement, je la couvrais totalement de mes deux mains comme un cocon...

On se regardait...Moi, lui suppliant de me parler. Elle, ne voulant pas me dire la vérité...

La vérité ? Quelle vérité....?

Mes yeux s'agrandissaient. La puissance de mon regard était braqué sur elle, stupéfait...Je cherchais au creux de ses yeux...

Je plissais des sourcils. Ma bouche s'ouvrait cherchant les mots pour lui répondre...

Qu'est-ce que cela voulait dire ? Que me cache-t-elle en plus ?

Elle n'est pas ce qu'elle prétend être ? Alors,...qui est-elle ?...

Peu importe...Peu importe ce qu'elle est...

Spontanément, la blancheur de ma main gauche touchait sa joue mouillée. Ce contact m'a moi-même étonné, mais elle exprimait mon désir de la rassurer. De ne pas s'en faire...Que j'étais là.

Je m'étais redressé le tronc afin de lui parler de plus près...Un petit sourire, malgré qu'il est difficile de créer sur mon visage inquiet....Je lui murmurais presque, mes yeux ébènes cherchant ce lien fort que nous avons:

" ....Adele...peu importe....peu importe ce qui tu es vraiment, ce que tu tentes de me cacher, je suis là et je vais rester là. Je ne bougerais pas...Si tu savais...On cache tous des choses aux autres...par la peur...par le doute..., mais si ce sont des choses qui te font du mal, qui te brisent de l'intérieur...Tu dois le dire...Tu dois me le dire...Ne garde pas cela...Te voir comme cela...Ça...me...Non, tu n'as pas à avoir peur...Dis-moi..."

Non, elle doit me le dire...Je ne la laisserais pas partir...la laisser souffrir. Je ne supporterais pas...

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Il n'y avait pas de musique. Que le silence et nos voix. C'était étrange de ce retrouver ainsi Adèle et moi. Habituellement, l'atmosphère serait totalement plus éclaté avec de la percussion et des rires à en plus finir.

Non, c'était le calme. Un calme lourd, trop lourd pour en rester indifférent. Je ne pouvais pas être indifférent face à ce visage marqué de rougeurs, de larmes. Pas ce visage là... Il devrait sourire et même rire d'une de mes maladresses habituelles.     Pourtant, je comprenais une chose: Adèle n'est pas cet être si confiante qu'elle laisse présager. Une petite fille s'y cache protégeant ce coeur meurtri, affecté par de terribles secrets. Je l'aurais su d'une façon ou d'une autre, mais pas comme cela...

Je baissais ma garde, mon côté professionnel et autoritaire. Je faisais disparaître la rancune pour faire place à la compassion, à mon empathie. Mon rôle du protecteur que je suis devenu auprès d'elle, de manière purement impulsive...

Cette impulsion s'est transposée sur cette main contre sa joue. Spontané, mais combien tendre. Je me suis jamais dévoilé autant envers quelqu'un depuis...depuis bien longtemps...J'ai déjà déposé doucement mes mains sur le visage de certaines personnes, mais pas de cette façon, avec cette intention...J'ai eu cette peur soudainement. Que cette main la dérangerait...ne me voyant pas comme celui que je croyais être pour elle...

Non...

Elle ne restait pas bien longtemps...Adele l'a prit aussitôt pour la dégager de son visage...Je suivais le trajet de ma main du regard. Mon visage se décomposait m'apercevant de l'erreur que j'avais commise. Je n'aurais pas dû être aussi affectueux. C'était...stupide de ma part.

J'avais la tête complètement baissée par ma déception, mais regardant toujours ma main qui se retrouvait seul, n'ayant plus aucun contact avec Adele...

Elle venait complètement de se retirer de notre proximité...prenant position à la fenêtre, comme elle le faisait souvent...

Ce n'était peut-être pas songé de sa part, mais de la voir reculer comme cela de moi...comme elle ne voulait pas que je la touche, que je tente de me rapprocher d'elle...Je le pris durement...laissant ma chevelure me couvrir le visage un instant assumant mal l'interprétation que j'avais de cette distance entre nous.

Même Adele repousse mes tentatives de rapprochement avec elle...Je...je voulais juste essayer...de me montrer plus...humain.

« -Dwayne, je ... J'ai pas été honnête avec toi. Du moins, pas sur tout ce que j'ai dit. Je ne suis pas exactement qui j'ai dis que j'étais. »

Je levais la tête légèrement, la regardant au travers de mes mèches ébènes...

Qu'est-ce que...Qu'est-ce que cela voulait dire ? Bien des gens caches certaines chose sur leur identité, mais jusqu'à qu'elle point.

Je ne bougeais pas. Enfin, je me suis permis de ramener mes cheveux d'un geste de la main pour m'asseoir convenablement sur mon lit, en face d'elle...

J'attendais qu'elle me parle...la laissant fumer. Malgré ma posture, j'avais peur. Peur qu'elle m'annonce quelque chose de terrible qui m'obligeait à couper les ponts avec elle ou pire : qu'elle est en danger...Je ravalais ma salive.

« -Premièrement, mes parents ne s'appellent pas Fay et Mark, mais ça c'est moins important. Je ne suis pas enfant unique, j'ai un frère et une soeur. Et ... Je ne suis pas née dans le Massachusetts, comme je t'ai dit, mais en Ontario, au Canada. J'ai pas le meilleur passé et ... J'ai pas le choix de le cacher, parce que je peux pas me permettre à ce que tout le monde sache ... que tout le monde sache ce que j'ai fait. »

Lentement, je me rapprochais du rebord de mon lit, pour me permettre d'être plus près d'Adele. Oui, j'essayais encore..., même si j'avais compris le message. Cependant, ce que je venais d'entendre ne m'aidais à rester calme...Je sentais son coeur battre de plus en plus vite. Le stress était à son comble. Je me devais de dire quelque chose...N'importe quoi pour la rassurer, ne serait-ce qu'un peu...

Je pressais mes mains ensemble accoudé sur mes jambes, légèrement courbé vers l'avant. Mes cheveux rebelles revenaient couvrir une partie de mon visage, dont mon regard qui se perdait  en fixant le sol :

" ...Adele...On se connaît depuis un certain temps...Tu...tu sais que tout...tout ce qui se passe ici...reste ici...Je serais vraiment con de trahir ta confiance...Je...je...tiens à cette relation qu'on a, Adele...J'espérais...j'espérais tellement que tu te décides à venir me voir...Que tu me parles...de nouveau...J'avais du mal à supporter de te savoir si près et que tu te montres aussi distante...comme si j'avais fait quelque chose de mal..alors que je priais pour ton retour.... Je craignais tellement que tu ne voulais plus de moi, dans ta vie...Alors, je...tu...tu n'as pas à...à avoir peur de moi, tu sais...Tu peux tout me dire...qu'importe ce que tu me diras..."

C'était pelle-même dans ma tête. J'exprime rarement mes émotions comme cela, donc cela sort drôlement. Ma timidité prit un coup restant caché par le rideau de cheveux noir.

J'ai insisté sur le mot "peur" comme pour lui rappeler de cette distance qu'elle venait de créer , il y a à peine quelques minutes...

Mes mains blanches continuaient de se frotter l'un l'autre. J'avais quand même peur de ce qu'elle allait m'annoncer...

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Ce silence...Ce silence entre nous, je détestais cela.

Je ne l'entendais plus. Tout ce que je sentais, c'était l'odeur de la cigarette. Celle qu'elle fumait. Je pouvais deviner qu'elle était sur le point de la terminer puisque l'odeur de filtre brûlant devenait de plus en plus présente.

Et ce coeur. Ce petit coeur dans sa poitrine qui battait à tout rompre. Je n'aimais pas cela. Je n'étais pas habitué à ce genre de situation. Une situation dans lequel Adele est aussi affligé, triste. C'est elle qui incarnait le soleil et la joie entre nous deux.  Quoi qu'il en fallait peu pour me surpasser à ce niveau, mais il y avait trop de noirceur dans cette pièce. Oui, trop. Je la tolère souvent, mais en étant seul.

Savoir, sentir cette état de panique chez Adele me rendait de plus en plus inconfortable, surtout la voyant aussi fuyante à mon contact.

Je ne comprend pas soudainement ce changement, comme si elle craignait que je m'approche d'elle, alors qu'elle...qu'elle aurait besoin de moi.

Je ne peux pas autrement qu'occuper mes mains. Ceux-ci souhaitaient tant agir en se pressant contre Adele l'espace d'un instant de réconfort...

Non, je me sentais terriblement impuissant et je détestais cela...Avait-elle perdu cette confiance en moi. Ai-je quelque chose chez moi qui la dérange ?

C'est fou mais un moindre geste, un regard de trop et je me sens concerné. Je me sens mal comme si j'ai commis la pire gaffe de l'univers. Qu'on ne m'apprécie plus...Qu'on ne veut plus de moi. Je suis très fragile de ce côté et cela aussi, je détestais. Je suis toujours sur le qui-vive, nerveux, inquiet...

J'étais sur le point de craquer. Ma jambe droite se mit à sautiller sur place ajoutant une pression de plus sur ce silence autour de nous...

Qu'est-ce qui se passe bon sang ?!?!

Ses pas au sol qui s'approchait. Ma tête qui se renfonçait entre mes épaules. Ça y est, j'allais apprendre quelque chose...quelque chose de lourd et pénible à entendre. Cette chose qu'elle me cache...

Seigneur, donnez-moi la force de...

Un contact....Des mains. Des mains tremblantes touchant l'ossature de ma mâchoire, ma peau blanche...

J'étais surpris, totalement. On m'a rarement touché de cette façon...Aussi délicatement, aussi tendrement...

Mais bon Dieu que c'était agréable ! Sentir cette chaleur humaine, cette compassion. J'aurais pu enfouir mon visage dans le creux d'une de ses paumes et ne pas vouloir m'en défaire. Ce n'est qu'en vivant ce genre de moment, que je me rends compte à quel point cela me manque...et que j'en aurais besoin.

Le souffle m'avait coupé, mais je poussais un soupir en voyant le visage d'Adele dans mon champs de vision. Elle m'avait redressé la tête balayant quelque mèches dérangeante de mon visage.

Je ne voulais pas paraître apeuré, mais je souhaitais de tout mon coeur que cette nouvelle n'était pas trop grave pour elle. Qu'elle voit plus gros que la situation et qu'il fallait juste remettre les pendules à l'heure.

Je ne voulais pas que cela la touche, que cela lui fasse du mal...

J'essayais de sourire, mais c'était pas possible. Oui, j'avais peur...car je voyais ce qu'elle dégageait comme émotion. Rien de très réconfortant...

C'était aussi dure de la voir de si près...Ces marques sous ses yeux, la sécheresse sur ces lèvres, sur sa peau...et l'odeur de l'alcool. Malgré tout, je me retrouvais devant une jolie demoiselle qui devait simplement le reconnaître...

Je la regardais avec la même intensité qu'elle envers moi. On s'échangeait notre peur, cette crainte de ses paroles qui allaient rendre notre conversation plus tendue:

« -J'ai pris la fuite de la maison quand j'avais ... je sais plus trop, quatorze ou quinze ans. J'ai passé un peu plus d'un an sur la route, en fait, peut-être même presque deux. On m'hébergeait quelques fois, mais j'ai souvent dormi dans une benne à ordure, ou sous un arbre. J'ai fini dans un institut psychiatrique, c'est là que j'ai fêté mes seizième et dix-septième anniversaires. Toute seule, sans amis. Quelques temps avant d'avoir dix-huit ans, j'ai décidé de m'en sortir. Pour sortir ... cette soirée-là ... j'ai dû ... »

Mes sourcils plissaient cherchant à comprendre. À connaître déjà la fin afin qu'elle évite de souffrir en me racontant tout cela. Je constatais que, malheureusement, bien des jeunes ici ont vécu l'enfer et malheureusement, Adele en faisait partie.

La seule chose de bien en ce moment, c'était qu'elle avait suffisamment confiance en moi pour se confier. Qu'elle me laisse la connaître d'avantage lui permettant ainsi de souffler un peu, de lui permettre d'évacuer une pression, une peur...

J'étais suspendu à ses lèvres. Cette soirée-là...cette soirée-là...Non, il lui est arrivé quelque chose, quelque chose de grave...Je commençais à avoir du mal à respirer...

Je perdais contact avec Adele. Ses mains quittaient mes joues sentant une éraflure se créer sur ma peau...Une marque rougeâtre apparaissait aussitôt, mais je m'en moquais.

Sa panique était contagieuse...Je la regardais sans rien comprendre...voulant à tout prix qu'elle me dise ce qui se passe :

« -J'ai tué des gens, Dwayne. Quatre hommes. Des hommes qui avaient des vies. Des familles, je présume. Des hommes qui ne faisaient rien que leur travail. Et moi, en même pas vingt minutes, je les égorges, les poignardes, les regarde mourir. Tout ça pour quoi ? Pour moi ? Pour me sauver, m'en sortir ! Et ensuite ... quelques temps plus tard ... je suis ici, tranquille, nourrie, blanchie, etc. Mais à tous les jours ... à tous les jours, quand je regarde mes mains, mes ongles parfaitement manucurés et mes bagues hors de prix, je ne peux m'empêcher de voir tout le sang qui tache mes mains. »

Elle a tué...Tuée des hommes...Des hommes...Quatres hommes...Quatres hommes contre une jeune femme...Je n'y pouvais rien, mais songeais aussitôt à une agression. Une agression envers Adele. Mon regard était envahie par la colère, la rage. Une rage envers ces hommes...

Ils ne faisaient que leur travail....? Pour qu'elle agisse ainsi, ce n'était sûrement pas des hommes de biens...Non, probablement pas. Imaginez sa détresse, ces mecs qui profitent d'elle...Je ne me sentais pas bien. J'avais envie de fracasser quelque chose, quelqu'un...

J'ai pris sa main dès que j'entendit ses pleurs. Purement impulsif de ma part.Il ne fallait pas qu'elle se sente mal, honteuse....

Je connais ce sentiment, bien malgré moi et cela peut vous bouffez l'âme jusqu'à en être épuisé...Il ne faut pas qu'elle se rend là. Et partir comme cela sans prévenir, laissant ses proches étaient la pire chose à faire...

« -C'est un peu pour ça que je suis partie, en fait, j'y arrivais plus ... et je ne voulais pas vous faire autant de mal. Ça m'a fait autant de mal qu'à vous, je crois bien. Je suis tellement désolée de vous avoir tous laissés ici comme des merdes, à pas savoir si j'étais vivante ou quoi que ce soit. J'suis rien d'autre qu'une pétasse qui se croit meilleure que tout le monde. Mais ... je n'en peux plus Dwayne, j'suis pas forte, loin de là ... »

Je la ramenais contre moi aussitôt. Sans attendre, je la pressais contre moi couchant sa tête contre mon épaule. Je caressais sa chevelure tranquillement la laissant pleurer un moment...tandis que moi, je fixais le vide gardant cet expression colérique sur mon visage. Je ne pouvais pas imaginer le bordel qu'elle a enduré tout ce temps...et ces hommes qui ont...

Je bouillonnais...

Puis doucement, je faufilais mon long nez dans sa chevelure afin de dégager son oreille l'espace d'un murmure:

"....Je suis là...Je suis là...Si tu crois que tu vas pouvoir te débarrasser de moi comme cela, tu te trompes...Il ne faut pas fuir ceux qui sont prêt à nous aider quand on en a besoin, Adele...Je suis là et je te lâche pas..."

Puis, je déposais ma joue tendrement sur le côté de sa tête, la berçant presque contre moi.

" Il y a peu de gens qui peuvent comprendre ce que tu as enduré et que tu endures  encore, mais...ce que je peux te dire, c'est qu'il faut apprendre à vivre avec...et regarder devant...Ces....ces hommes t'empêchaient de vivre ta vie...Tu as agis pour y remédier...On ne peut plus rien y faire maintenant...Parce que constamment revenir en arrière va t'enfoncer...et je ne veux pas que tu t'enfonces, Adele. Tu ne mérites pas cela...Tu mérites une belle vie...Tu t'es battues pour la vivre alors il ne faut pas la regretter."

Je ne pouvais pas m'empêcher d'enfouir mon visage, de nouveau dans sa chevelure pour lui murmurer tendrement:

"...Et ne me dis plus jamais que tu es une pétasse...Tu es une jeune femme magnifique.... avec tout un caractère de cochon. Il y en a pas deux comme toi....et c'est tant mieux." dis-je avec un petit sourire dans la voix.

Sans y réfléchir, je déposais mes lèvres sur son front espérant que ceci pouvait alléger sa peine, ne serait-ce qu'un peu...Je ne le réalisais pas, mais c'était la première fois que je démontrais autant d'affection pour une personne ici.

Topic avec Adele
But now you're scared
You think she's running away
You search in your hand for something clever to say
Don't go away

On ne peut pas connaître quelqu'un du premier coup. Il faut laisser le temps, enchaîner les conversations, mais surtout faire confiance. Donner la permission à cette personne d'entrer et s'insérer dans notre vie. Expliquer la raison du pourquoi, du comment de notre personnalité. Expliquer tout le cheminement qui a fait de nous se que nous sommes. Si cette personne ne rebrousse pas le chemin, c'est qu'elle se fou de nos défauts, de nos problèmes, des failles qui a tachés notre parcours.

Je n'ai pas bronché. Je n'ai pas fuis. Je suis resté là, devant elle, contre elle, la pressant contre moi. Je refusais qu'elle ai honte de ce qu'elle venait de me dire. Au contraire, je voulais qu'elle en soi fière. D'avoir enfin sortie ce qu'elle me cache depuis si longtemps. Ce qu'elle ose garder pour elle ne lui causant que du tort.

Non, je n'avais pas peur...C'était pire: j'étais inquiet. On a osé s'en prendre à elle, tenter de lui faire du mal, de la briser. Je voulais connaître terriblement les responsables....et s'il en reste. S'il en existe encore...L'envie pressante de fouiller dans son dossier et chercher cette source dont elle venait de me parler. De ses hommes qui...qui...Les confronter, face à face...peu importe où ils se trouvent.

Elle a fait ce qu'elle devait faire...même si la façon était drastique. Pourquoi je la renierais, maintenant ? Rien de tout cela m'empêcherait de rester auprès d'elle. Cela ne fait que l'effet contraire pour moi...

J'ai fais pire...bien pire...et cela: coeur de pierre, les menaces, les coups, les cicatrices, les balles, le sang, l'alcool...Par contre, elle l'ignore encore. Mais...Je...Je n'ai pas le goût de l'entraîner dans mes tourments, pas après ce que je venais d'entendre. Je préférais me taire. L'important, c'est elle...

La seule chose que je regrette, c'est de comprendre ce personnage qu'elle incarne pour se protéger...des autres, d'elle-même. Je n'avais pas la véritable Adèle sous les yeux. Cette attitude de demoiselle narcissique et hautaine n'est qu'une couverture...

Ce n'est que maintenant, que je voyais son vrai visage, même si, du plus profond de moi, je me doutais bien qu'elle jouait un rôle. Que c'était une carapace. J'étais peut-être le seul à savoir ce qu'elle est vraiment. Ce pourquoi certaines personnes ne comprennent pas mon attachement pour cette petit blonde égocentrique.

Ils ne voient pas ce que je vois d'elle...Ce qu'elle me permet de voir. Ce privilège que j'ai en ayant sa confiance.

Ils ne veulent pas prendre le temps...Ils ne voient que la surface. Tant pis pour eux...

Moi je la vois, la serrant contre moi, tentant de la réconforter, de la rassurer...Vous savez à quel point je déteste voir une femme pleurer...Je me sens toujours coupable....comme si j'ai failli en quelque part...Je n'étais pas là...pour elle.

J'aimerais tant faire plus...Creuser pour extirper cette peine qui la ronge. La revoir sourire et rire...C'était encore vague. Elle ne m'a raconter qu'une poussière de l'ensemble de son histoire...Je ne pouvais que m'appuyer sur mon expérience. Lui expliquer ma vision des choses, ce que je tente de faire, de mon côté, pour tenter de continuer, même si souvent c'est dure...

C'est pour cela que je m'appuie sur le peu de gens qui me sont chères....comme Adele...

Je la couvais presque de mes longs bras blancs comme si je voulais la protéger de toute cette noirceur qui nous entoure...

J'avais rarement pu prendre une personne aussi fermement contre moi. Malgré la situation, c'était un moment très agréable. C'était peut-être égoïste de ma part, mais je sentais que j'étais important pour quelqu'un...du moins pour l'instant.

Elle avait besoin de moi, de mon soutient et je n'étais pas prêt à la laisser partir.

Ce n'était pas pour lui faire plaisir...Je le pensais sincèrement. Malgré l'image qu'elle projetait auprès des autres et ce visage marqué par le maquillage fâné et la tristesse, Adele est une magnifique personne...Moi je la voyais ainsi...Elle devait juste apprendre à s'accepter comme elle est et continuer à marcher, ne regardant plus derrière.

Je sais, c'est facile à dire. Moi-même j'ai du mal...mais il faut le faire sinon on s'écroule...et on tombe de bien bas...Je le sais trop bien...

Voilà pourquoi j'étais aussi insistant à ce sujet. Pourquoi, je la pressais autant contre moi et...et...que je posais mes lèvres sur son front...

Je ne voulais pas la ramasser à la petite cuillère...La voir sombrer plus bas. La voir souffrir tout simplement, car oui...je tenais à elle.

Dit comme cela, c'est mignon, mais en regardant cela de loin, c'était malsain...Je ne devais être qu'un professeur pour elle et rien de plus. On me reprochait même d'être trop près de mes jeunes. De trop prendre leur ennuis sur mes épaules et prendre leur problème personnel...

Sur ce, je dirais que je tiens à coeur au bien-être de mes jeunes et ne peux être insensible à leur angoisses. Encore là, on peut me reprocher de ne pas être professionnel. De ne pas prendre distance avec eux. De me consacrer qu'à leur succès académique comme certains de mes collègues font.

Je ne suis pas une machine. Je peux sembler être une personne sombre et froide, mais mon sourire dépend des gens autour de moi. De là mon implication envers mes jeunes...que ce soit d'une bonne ou d'une mauvaise manière selon certaines personnes...

Je n'ai jamais franchie de limite, selon moi...Enfin, je croyais...

Seulement, la blottir autant contre moi et apprécier ce contact, me surprendre à déceler cette bonne odeur exotique dans sa chevelure, au-delà de celle de l'alcool et de la cigarette et toucher son visage...de ma main.

Je ne croyais pas...Je ne croyais pas que ça arriverait à cela...

Il a fallu qu'un instant...

Je l'écoutais me confesser de cette horreur du jugement des autres. Que cela l'affectait énormément...se questionnant sur elle-même.

Je pouvais que la comprendre étant moi-même victime du jugement des autres toute ma vie...Elle ignorait encore bien des chose sur moi, mais ma principale angoisse, c'était justement l'impression que je donnais...Tant physique que...que...ma personnalité.

Elle...elle devait commencer par s'aimer elle-même...Ne prendre pas compte de ce qu'on peut penser d'elle. Tout commence par soi-même...À quel point elle est une fille géniale. Apprécier qui nous sommes...avant de ce concentrer sur les autres...

Je voulais tout lui dire ces mots tendrement. J'avais même posé ma main blanche sur sa joue mouillé effaçant quelque larmes au passage. J'avais un léger sourire sur mes lèvres:

" Adele...Tu..."

Je ne croyais pas...Je ne croyais pas que ça arriverait à cela...

Il a fallu qu'un instant...

J'avais à peine ouvert les lèvres pour parler qu'elles se refermaient d'un coup...contre....contre...d'autres lèvres.

Celles d'Adele.

Je ne comprenais pas ce qui se passait... J'étais....j'étais véritablement sous le choc, les yeux grandement écarquillés par la surprise.

J'avais perdu tout contact avec elle. Il...Il y avait que nos lèvres qui se touchaient.

Qu'est-ce qui c'était passé pour qu'on en arrive là ?

Pourquoi....pourquoi venait-elle de faire cela ? Je cherchais à comprendre...

Pourquoi ça ? Pourquoi moi ?...Pourquoi maintenant ?

Qu'avais-je fais ?...Qu'avais-je fais de travers ?

Voilà pourquoi on me disait d'être prudent avec mon attitude envers mes jeunes.

Elle s'était peut-être imaginé quelque chose...Qu'il y avait une raison de mon implication constante envers elle.

Elle avait besoin de quelqu'un pour l'aider, pour lui redonner confiance et continuer à apprécier sa vie...Je ne voulais qu'agir pour son bien, après tout.

Tout ces regards, ces gestes que j'ai fais pour elle, l'a-t-elle vu autrement ?

Ou.... je ne faisais que tenter de me convaincre que...que je ne n'étais pas responsable...?

...parce que...j'apprécie sa compagnie. Oui, beaucoup même. C'est...c'est elle qui m'a accueillie, après tout. Je lui étais redevable de cette gentillesse. Rares sont qui ont été aussi chaleureux envers moi.

Mais...j'ai peut-être été trop loin...parce que...je me cache à moi-même..Je vois peut-être chez cette jeune femme...quelque chose qui me plaît...qui me fait du bien..

....comme...comme ce baiser. Je n'ai pas pu m'empêcher de...de fermer les yeux. On...on ne m'a...jamais agit ainsi envers moi...comme cela...avec une telle intensité....Elle...elle m'appréciait peut-être plus que je croyais.

Agréable. Oui, c'était agréable.

Mais, c'était pervers et complètement immoral comme sensation...ce qui me mettait complètement à l'envers...

Je suis son professeur et elle est mon élève...Je ne peux pas...penser comme cela...

Je sentais cet animal en moi qui m'encourageait à entretenir cette étreinte en voulant d'avantage...Il grognait au fond de moi. Cela a résonné comme un bruit de fond me montrant aucunement indifférent.

J'ai rarement pu profiter d'un geste aussi tendre et merveilleux en mon égard....alors pourquoi m'en priverais-je ?

Ce n'est pas quelque chose de banal...C'était une marque d'affection, non ? Quelqu'un m'aime...Adele m'aime...

C'est là que mon côté rationnel et professionnel se fit un chemin perçant ma douce illusion...

*Dwayne, ne croit pas qu'elle a des sentiments pour toi... Voyons, tu t'es encore fais avoir par ton grand coeur. Cette jeune femme est complètement désorientée. Elle vient d'expliquer son horrible histoire. C'est normal qu'elle soit dans le brouillard...Elle avait juste besoin de se faire consoler s'accrochant à ton épaule pour pleurer...Toi, tu es encore qu'une bouée pour âmes perdues...Tu as vu la bouteille d'alcool qu'elle avait dans les mains ? Adèle est bourrée...C'est sans doute qu'elle a envie du contact d'un homme, ce soir...Ce baiser est simplement...pour sentir cette présence que tu as pour elle. Ne pas se sentir seule...Elle se sert de toi...Tu as vu les mecs qu'elle fréquente ? Tu sais que tu n'es pas son type. Tu le sais très bien. Elle est encore si jeune et tu es trop vieux. Alors, évites de souffrir encore, je t'en prie!*

Ma main touchait son visage...Je devais le faire, pour son bien et le mien...Éviter qu'elle ai des ennuis...par ma faute.

Mon visage se crispait. Je plissais les sourcils me battant contre moi-même...C'était tellement doux et sucrée...Un baiser...pour moi..

Moi qui espérait tant que...

Non, c'était idiot de croire à cela...Ma raison persistait m'obligeant à agir comme j'aurais dû le faire...

Le coeur à l'envers, je la repoussais...séparant nos lèvres provoquant un bruit sec dans un geste tendre, malgré tout.

Comment rester insensible, maintenant ?

Je la regardais toujours stupéfait, tentant de cacher la tempête qu'elle venait de provoquer en moi.

Qu'est-ce que cela voulait dire ? C'était quoi ce baiser pour elle...? Au fond de moi, j'espérais tellement le savoir...: Qu'est-ce que j'étais pour elle ?

Ce silence....c'était intenable...

Puis, j'essayais de sourire, malgré tout, m'excusant de ce frein que je venais de provoquer. Cependant, j'avais un mal fou ne sachant plus trop quoi penser...

Mon regard de chien abattue:

"...Tu...tu...tu devrais te reposer, maintenant...L'alcool t'a drôlement monté à la tête...Tu...tu ne sais plus ce que tu fais...." finis-je par dire...en tentant de rire un peu...

Oui, c'était sans doute cela. Mon côté rationnel avait sans doute raison. J'ai trouvé l'excuse: l'alcool...Je suis aussi langoureux quand je bois trop...Alors, il ne faut pas chercher loin...C'était pas de sa faute...

Ma main...Elle était toujours sur sa joue...m'apercevant que mon pouce la caressait délicatement.

Quel con !

Une peur soudaine...Je retirais ma main d'un coup. Honteux, je ne la regardais plus. Je devenais de plus en plus timide...cherchant un endroit pour me cacher...

" Tu...tu peux....tu peux dormir ici....Je...je vais te laisser te reposer..."

Et je me levais de mon lit...voulant courir le plus loin possible.