CTRL + V ⊹ y a quoi dans ton presse-papier?

La journée se passait plutôt bien. J'avais enchaîné les cours sans soucis majeurs et il faisait beau. Que demander de plus ? Oh, j'aurais pu trouver des tas d'idées, dont pas mal qui auraient inclus Edward mais je sais aussi me contenter de ce que j'ai. Et puis, je n'étais pas peu fière de moi. Je finissais par être acceptée des élèves, vraiment acceptée. Ils s'étaient fait à l'idée qu'une humaine leur enseignait et moi à celle de devoir m'attendre à tout.
J'avais réussi à me détendre, je n'étais plus sur mes gardes. En même temps, il valait mieux, ça faisait plus de six mois que j'enseignais à présent. Je ne m'inquiétais même plus de voir des visages à la peau bleue, ou vert, ni toutes les autres excentricités donc l'institut regorge. J'avais presque triomphé de ma phobie des télépathes et je faisais du bon travail.
Du moins, c'est ce que je me disais tous les matins.
Le pouvoir de l'auto-suggestion est souvent négligé...
Bref, tout allait bien. J'avais ma pile de feuilles, des copies que j'allais corriger avec entrain quand, d'un coup, je sentis un truc juste derrière moi.
Des années de pratique d'arts martiaux divers et variés, ça laisse forcément des traces ou, dans ce cas précis, des réflexes. Quand un truc te menaces, tu cognes, tu vois après. Je sais, c'est pas super pédagogique ni bien humaniste, mais en même temps, en général, quand une personne entre dans ton espace vital c'est pas bon signe. Je ne suis pas traumatisée, je n'ai pas de stress post-traumatique ou de choses dans le genre, mais j'ai des réflexes.
Je voudrais pouvoir dire que ce sont ces réflexes qui ont frappés (#JeuDeMotPourri), mais c'est bien mon coude qui est parti direct dans l'estomac du type. J'ai lâché les feuilles, question de priorité, et je me suis retournée alors même que mon poing partait déjà. Objectif : le nez. C'est pas mortel, mais ça fait mal, et ça saigne, beaucoup. Ensuite, j'aurais avisé.
Ca ce sont les réflexes qui l'ont dictés, ça s'est passé trop vite pour que mon cerveau ne raisonne et qu'il me fasse remarquer que c'était une mauvaise idée. Heureusement, même si ça m'a bien surprise, l'homme disparut avant de voir son appendice nasal broyé. Solidement campée sur mes jambes, les deux poings ramenés en position de défense, c'est-à-dire comme un boxeur, je l'ai cherché un instant des yeux et il m'a à nouveau fait sursauter le con. Mais, cette fois-ci, je me suis retenue de cogner.
Aussitôt, il me lança qu'il ne le faisait pas exprès, m'enjoignant à ne plus frapper. Après quelques instants à tenter de le suivre du regard, je dus admettre que je venais de faire une boulette. Non seulement c'était un élève, mais en plus il semblait sincèrement galérer avec son pouvoir.
Oupss...

— Wow, ça fait mal… reprit-il tandis que je baissais les bras pour lui montrer qu'il était désormais or de danger. T’es vraiment plus douée que moi… Faudrait que tu m’apprennes !

Il commençait à me faire mal au crâne à apparaître et disparaître comme ça, mais je me voyais mal le lui reprocher.

_ Pardon, pardon ! Je suis vraiment désolée ! J'ai agi par réflexe avant de voir que... Tu ne me voulais pas de mal. Ca va ? Rien de cassé ?

En m'entendant le prononcer à haute voix je réalisais que, oui, je pouvais tout à fait lui avoir cassé un truc. Je me sentais encore plus mal.

_ Tu veux aller à l'infirmerie ? Tu n'as pas de mal à respirer ? Pas de douleur quand tu respires ? Prends une grande inspiration et dis-moi... Attends, laisse-moi voir tes côtes...

Comme toujours, j'avais parlé avant de réfléchir parce que ça impliquait de le toucher, chose dont il ne devait pas vraiment avoir envie, au milieu du couloir en plus et en sachant que je ne suis pas médecin.
Et puis, accessoirement, il aurait fallu qu'il arrête de se télé-transporter...