insert a 'you tried' star here - silver & hollya

A force de courir dans tous les sens tu étais épuisé, manquant cruellement d'un sommeil que ton réveil ou bien tes enfants ne t'accordaient que trop peu. Pourtant, tu n'aurais échanger ça contre rien au monde. Pourtant, tout avait encore l'air pour toi d'un doux rêve, trop agréable pour être réel, trop beau, trop comme tu le voulais. Comment expliquer autrement les quelques mois qui venaient de s'écouler, autrement que par une supercherie de ton subconscient ? Qu'un vulgaire tour de passe-passe commençant et terminant plus ou moins sur les mêmes fait, vos retrouvailles.

D'un placard du sellier à sa réapparition dans le hall d'entrée, neuf mois s'était écoulés, quelques temps avec elle et le reste, sans. Comment était-elle partie et surtout, pour quelle motif après t'avoir promis de ne plus le faire, tu l'avais ignoré tout ce temps, était redevenu rapidement ce Silver un peu moins sincère dans ses sourires et un peu plus attaché qu'avant à rejoindre ceux qui comme toi, avaient besoin d'un remontant à la fin de la journée. Le sommeil perdu et le café infusé dans tes veines c'est comme cela que tu survivais à chaque fois, sans connaître la fin de cette échéance, perdu, cherchant toujours quelques choses à faire pour t'occuper. Avant, tu aurais eu besoin d'une ancre, de quelqu'un a qui t'accrocher mais maintenant que tu habitais ici, que tu avais un enfant, tu savais que tu ne serais jamais vraiment seul, il y avait toujours quelqu'un apte à t'écouter. Boston fut ton occupation, la dose de danger que tu avais besoin de ressentir, l'adrénaline qui te manquait tant parfois et que tu préférais trouver ailleurs que dans la cocaïne maintenant. Tu trouvais plus intéressant de saccager des locaux, dans le but de vous rendre invisible, de retrouver ces mutants prisonniers des radicaux. Si la mission était réussie il y avait eu une perte dans le camp adverse et tu ne pouvais pas passer outre, elle était inutile, sotte. L'homme responsable, lui, ne semblait pas vraiment s'en vouloir, accentuant ta haine envers lui. Envers ses mots , envers ses gestes et envers tout ce qu'il avait, que tu n'avais pas ou plus : quelqu'un qui attendait ton retour de mission malgré l'heure tardive devant l'entrée de l'école.

Le pincement au cœur est rapide, éclair. Aussi éphémère que l'un de ces tirs de rayon laser dans le film se jouant sous  vos yeux. Pourtant malgré la qualité du spectacle, tu sens son regard se pose sur toi. Tu le sais, c'est instinctif. Ils étaient deux à avoir sentit ce ridicule petit pincement, l'un trop habitué à les sentir pour y prêter attention  était resté les yeux rivés sur l'écran et l'autre, trop jeune, trop petite pour finalement bien les comprendre avait levée le nez vers toi. «  C'est rien. » dis-tu à la petite fille assise à côté de toi. Le film venait à peine de débuter et après le fameux générique intergalactique entamé par ton collègue, ta fille et toi. Les premiers combats commençaient, la princesse que tu voulais tant montré à Jimmy et le grand méchant de cette histoire étaient eux aussi arrivés sur l'écran de télévision. C'était la seule justification que tu avais trouver pour pouvoir accaparé le salon une heure. Pour éduquer cette petite tête blonde qui n'avait jamais vu l'un de ces films et qui semblait tout à fait intéressé par ce début d'aventure, gesticulant sans merci sur les genoux de son oncle assis aux pieds du canapé. Étrangement, il ne s'en plaignait pas, le laissait faire...s'en était presque curieux, mais au final, c'était agréable. Comme si la mauvaise humeur était interdite dans cette pièce, que tout le monde allait étrangement bien ici. Le temps d'une pause, le temps d'un film.

Si au final il t'a fallu réveiller Leia qui s'était endormie contre ton bras, tu pouvais au moins te féliciter que l'épisode quatre de star wars avait maintenu son nouvel arrivant éveillé jusqu'au bout, à tes yeux c'était une grande victoire. Est-ce que cela allait lui donner de mauvaises idées ? Peut-être, mais après tout tu seras déjà loin le jour où ça arrivera, il valait mieux éviter les coups de pattes de Graham, parce que ça devait faire très mal, d'après ce que tu en savais. Tu laisses la petite tribu entre les mains de son cadet, en promettant de revenir plus tard, quand tu aurais le temps.
Au final, quand tu avais cherché ce soir là ce que tu avais fait de mal pour ne pas recevoir ce que d'autres avait, tu n'avais pas réussi à trouver de réponse. Toi aussi, tu l'avais. Il y en avait une qui t'attendais à la maison, puis celle qui t'était revenue,  puis une autre qui venait seulement de naître et encore une maintenant. Tu avais quatre personnes pour ce soucier de ta survie, de ta présence, les quatre femmes les plus importantes de ta vie  avec ta mère évidemment.  Il ne fallait surtout pas l'oublier si tu tenais à la vie.
La plus importante de toutes ? Il n'y en avait pas.  Le choix le plus compliqué pour toi serait sûrement de choisir entre tes enfants et la femme partageant ta vie. C'était impossible, malgré le temps, malgré les années passées à l'attendre, à lui en vouloir, à la haïr autant qu'à l'aimer. Lui en vouloir longtemps était impossible, peut-être pour cela que vous étiez toujours ensemble après toutes ces années. Tu étais incapable au fond, de te passer d'elle, préférant pardonner et l'avoir auprès de toi que de subir son absence encore quelques années, quelques mois, voir quelques heures. Tu fais le tour des lieux où elle serait la plus facile à retrouver. La salle des profs, sa salle de cours..avant de te rabattre sur l'étage des professeurs et sur ce qui avait finir par devenir votre chambre, plutôt que la sienne, ou que la tienne...et c'était toujours aussi étrange à dire.

Peu a peu ta collection (beaucoup trop étendue) star wars s'était retrouvée mélangée à ses bouquins, ses affaires en tout genre, venant d'époques en tout genre et ça t'allait très bien. En passant la tête par la porte tu la vois, de dos, le couffin de votre fille posé à côté du panier à linge. Si tout était bien réel, alors, tu étais peut-être plus chanceux que tu ne voulais le croire.  L'espace d'un instant tu observes la scène se dérouler en temps que simple spectateur, la petite mâchouillait l'un de ces trucs en plastique supposés calmer ses dents pendant que sa mère s'affairait à..plier, le linge ?  … Elle avait perdu l'esprit ?

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, tu étais derrière elle, déposant un baiser sur sa joue et ton menton sur son épaule.  « T'as besoin d'aide ? »  Tu étais habitué à l'exercice, parler en détachant la moindre lettre, le moindre son. Tu devais parler dans un extrême ralenti, imitant les sons étirés que tu entendais chez tes congénères à longueur de journée pour te faire comprendre d'eux, puisque tu étais bloqué dans ce monde où tout était une file d'attente, où tu n'avais que très peu d’occasion maintenant d'agir comme un humain normal.  Cela te permet en revanche d'observer plus attentivement ton entourage, d'être extrêmement attentif au monde qui t'entoure. Si quelques variables t'échappaient comme par exemple une brise, ou bien certains son, tu étais capable de déceler très vite ce qui n'allait pas dans un décor, le sentir. Tu avais le temps de réagir en conséquence, de t'adapter et si rien de mal se profilait à l'horizon, tu pouvais prendre le temps de profiter de l'instant plus que les autres. Quand tes yeux se posent sur le tas de linges dans le panier, tu reconnais un motif imprimé sur l'un de tes t-shirts. Pas forcément ton favoris, heureusement..car il était rose. Tout bêtement rose..et tu n'avais pas vu le meilleur encore. « Ce n'est pas supposé être à moi ça ? » Tu tends le bras, attrapes le tissus coloré contre sa volonté et le tend devant vous...Il avait réduit de trois tailles facilement. Facilement oui, car tu commençais à te poser des questions en observant le vêtement..ça se trouve même elle ne pouvait pas rentrer à l'intérieur de ce truc. Les joies des tâches ménagères.

Tu ris, légèrement, la tête encore posé sur son épaule. Il est vrai que les tâches ménagères cela n'a jamais été le fort de Hollya. Depuis que tu la connais, qu'elle fut adolescente ou adulte, elle n'avait jamais semblé capable de faire ce genre de choses, la lessive, tout ça. Avec les bons technologiques qu'elle faisait à chaque fois tu comprenais que se servir d'une machine n'était pas de tout repos pour elle, c'était déjà compliqué pour toi, alors que tu vivais à la même époque depuis..toujours. C'était plutôt le genre de choses que tu devais faire, ou mieux, que te parents faisaient, ça réglait le problème.

« Tu ne vas pas me faire avaler ça, je ne t'ai jamais vu plier du linge de ma vie avant aujourd'hui. Ni même la lessive. » 

Vous aviez vécus un petit moment ensemble déjà, quatre, cinq ans si on oubliait ses voyages...Tu avais bien eu le temps de comprendre que l'ordre ne ferait jamais partie de sa vie et de toute façon, ne faisait pas trop partie de la tienne non plus. Un peu de désordre, surtout dans le linge, n'a jamais tué personne. C'était plus vivant comme ça, d'après toi, en plus.

« C'est pas grave tu sais, ça arrive les accidents.. En tout cas, on est bon pour aller faire des courses je crois. »

Dis-tu, en reposant le tissus dans le panier. A vu d’œil, il n'y avait pas grand choses à sauver, hormis sûrement les vêtements que tu préférais porter robe et trop petits plutôt que de les jeter. Après tout, te balader avec un tshirt t'arrivant à la moitié du torse, à moitié rose et moulant, ça ne te posait pas vraiment de soucis. Mais, tu étais toi -ce qui exaspérait tout le monde d'ailleurs. 

« Tu as préparé le petit déjeuner.. Tu as fait la lessive et tu plies le linge propre tout en t'occupant de notre bébé...qui es-tu et où est mon Hollya ? »

Tu continues de sourire dans son dos, ta voix enjouée, amusée...mais, au fond, tu sens que quelques choses n'est pas normal. Quelques choses n'allait pas. Ce n'est pas son comportement habituel, celui qui t'exaspère quand elle est là et te manque quand elle disparaît pour plusieurs années. Ça ne te dérangeait donc pas de faire la lessive ou le petit déjeuner pour plus que Leia et toi, si c'était pour elle. C'était même très satisfaisant, de voir trois œufs brouillés sur le feu, au lieu de deux et si tu te voyais tu te trouverais certainement niais, à sourire devant une poêle à frire...Alors qu'elle tente de faire la cuisine ce matin, c'était étrange, mais ça t'avais rendu heureux quand-même, d'une étrange façon. Comme si elle tentais de s'impliquer dans vos vies.

Tu ne semblais pas vouloir la lâcher, ça aussi, ça revenait. Tout revenait doucement, très doucement. Vous aviez fini par partager de façon définitive la même chambre, finalement trouvé un terrain d'entente sur l'heure à laquelle Leia devait aller se coucher, sur qui devait se lever pour nourrir Revan en pleine nuit. Les plus petites choses, sûrement les plus importantes au final car spontanées, mettaient un peu plus de temps à revenir. Tu ne semblais pas aussi attaché qu'avant peut-être, mais pourtant, tu l'aimais encore, n'avais jamais arrêté à vrai dire. Voilà pourquoi c'était si compliqué, de pardonner, d'excuser une fois de plus ses départs que tu ne vois jamais venir à l'avance. Du moins, pas avant aujourd'hui. Tes prunelles se posent sur l'étagère à côté de vous, où trône notamment son cadeau de Noël de l'an passé, un sabre laser qu'elle avait ramené du tournage rien que pour toi. D'habitude autour de lui se trouvait un livre dont le titre t'échappait toujours, mais que tu te souviens avoir vu daté du seizième siècle si ta mémoire ne te faisait pas défaut. Sauf, qu'il n'y avait plus rien autour de lui aujourd'hui, hormis tes propres affaires. Pas une seule trace des siennes à l'horizon, du moins tu les cherchais.

« Où sont tes affaires ? »

Tu les trouves dans un coin, du moins ton regard se pose enfin sur le carton, au loin, presque caché d'où tu voyais dépasser certains objets à elle. Ton sourire ternit, sans qu'elle ne puisse le voir. C'était donc ça.
Lentement -ce qui était très étonnant venant de toi, tu relâches tes bras et te redresses, prêt à reculer si la réponse à ta question était positive. Une question qu'étrangement, tu n'avais jamais eu le temps de poser. Il fallait bien une première à tout.

« Tu pars, c'est ça ? »

Tout d'un coup ton petit déjeuner en famille prenant des allures de derniers repas, son rangement d'une dernière tâche pour se faire pardonner. Il n'y avait de nouveau plus que toi qui semblait vivre ici, avec tes vêtements pliés correctement dans l'armoire et tes figurines de nouveau sur les étagères débarrassées de ses objets du monde futur et passé. C'était trop beau pour être vrai tout ça, n'est-ce pas ? Un endroit à vous, un enfant à vous et du temps en perspective. Forcément, cela ne pouvait pas durer avec toi. Forcément, tout allait voler en éclat à un moment donné ou à un autre. C'était là. C'était ce moment.

La peur. Elle est toujours là, tu ne t'en débarrasseras pas aussi facilement cette fois-ci. Cette peur, que tu tentais de calmer grâce à bon nombre de conversation avec toi-même, pesant le pour et le contre, pour quelles raisons tu devrais ne plus avoir peur et de l'autre côté, un passé chargé d'erreur et de déception qui t'écrasais. Tu avais peur, toujours. Parfois en pleine journée cela te prenais quelques secondes. Un court moment, durant lequel tu t'imagines rentrer sur une pièce vidée, avec une lettre ou une photo sur ton lit et plus rien d'autres que le silence. Cela suffisait à te rappeler à quel point c'était incertain et éphémère, tout ça. Tu la regardes se déplacer, s'approcher de toi sans bouger, ou très peu. Quand elle fini par tendre les bras pour t'enlacer tu détourne les yeux. Elle allait encore te dire que c'était faux, que ça n'arriverait pas... Aussi triste que cela puisse être, tu n'y croyais plus du tout, peu importe ce qu'elle pouvait dire, peu importe qu'elle insiste. Tu avais déjà entendu tout ça et ne répond que par un vague hochement de tête et un "ok" à peine audible.

Tout est interrompu de toute façon par le bébé, qui se met soudainement à s'agiter dans son couffin. Il faut peu de temps avant qu'elle reprenne la parole.
Un rire t'échappe encore. Jaune, cette fois, avant que tu ne marmonnes quelques choses de totalement inaudible dans ta barbe -littéralement, un truc qui devait ressemble à cela : Tu as déjà fait les deux.  Car il était vrai, qu'elle vous avait laisser, Hollya et toi en vous privant en quelques sorte de votre fille, née seulement trois semaines après avoir apprit son existence. Tu n'avais ni eu le temps de t'y préparer ni eu le temps de prévenir grand monde, tu en avais même oublié tes parents sur le coup, déboussolé et en colère après cet acte totalement irréfléchi. Tu aurais aimé être là, c'est tout. 

« Mais dans quelle vieillerie tu es allée lire ça bordel... On est plus au moyen âge ! » Tu soupires, portant ta main au dessus de ton nez tu le pinces, toi en soufflant. Cela t'aidait étrangement a te calmer, parfois. C'était le cas aujourd'hui, puisque tu continuais de parler d'une voix beaucoup plus calme. « Holly'... Tu n'as pas à te forcer a faire tout ça pour me faire plaisir. Je m'en fiche, de faire le linge, la bouffe, le ménage, je l'ai toujours fait. Je m'en fiche, que tu utilises tes pouvoirs maintenant, tant que tu reviens à un moment donné ou à un autre, je pense que tu le sais ça, non ? » Si elle ne le savait pas, elle avait intérêt à en prendre note dans un coin, même si tu seras forcément en colère contre elle, au final, tu finiras toujours par pardonner... Tu ne savais pas encore si c'était une bonne, ou une mauvaise chose. « Ici c'est le vingt-et-unième siècle. On partage les tâches ménagères si on en a envie, les femmes ne portent plus de ceinture de chasteté et tu as le droit de mettre tes affaires dans cette chambre autant que moi. Je vois pas l'intérêt de partager la même si c'est pour avoir l'impression d'y vivre encore tout seul. J'aime, notre bordel pas organisé et le mélange d'affaire sur les étagères. C'est pas les miennes, c'est pas les tiennes, c'est les nôtres, vu comment elles sont entassées d'habitude. »  Tes mots étaient peut-être un peu plus sec que d'ordinaire, ton humour pas assez présent pour que ton état soit considéré comme "normal". La colère était là, souvent, toujours..Et pourtant tu ne pouvais pas lui en vouloir sans cesse de ne pas avoir eu une vie normale, logique, avec une éducation logique et correspondant plus ou moins avec l'époque à laquelle elle était née. T'avais même pas une fichue idée de sa date de naissance et savais pertinemment que elle aussi d'ailleurs, alors va comprendre d'où elle est partie pour voir où elle a débarquée. C'était difficile de se faire une place dans un monde que l'on arrive pas à suivre. Toi c'était l'inverse, tu le suivais trop, traînant derrière lui. Tu avais le temps de lire le mode d'emploi du sèche-linge en quinze langues différentes le temps que quelqu'un de normal ne retrouve son manuel perdu dans les tréfonds de l'enfer.

Un coup de vent traverse la pièce. Ce n'était que toi, qui t'étais approché du carton et qui l'amenait sur le lit. Tu pousses tes affaires étalées, pour faire de la place aux siennes. Tout pouvait tenir ici, alors pourquoi tout enlever. Quel bouquin pouvait encore de nos jours prôner la suprématie masculine à un tel degré ? C'était totalement aberrant à tes yeux, toi qui te moquais bien de toutes ces idioties. Le temps de la chasse au mammouths était terminé depuis très, très, très longtemps. « On dirait que tu tentes de me faire rester, mais ça devrait être l'inverse, à mon sens. Je devrais être celui qui fait tout pour montrer que j'en vaux la peine, parmi... Toutes les vies que tu as ailleurs. Je t'en courage a les vivre d'ailleurs, si tu en as envie. Voyage, retrouve les gens qui te sont chers dans un autre espace temps... Je serais dans le coin, quoi qu'il arrive. J'attendrais... Comme je l'ai toujours fait. C'est pas moi qui vaut te forcer à rester ici, je deviens dingue au bout de deux jours alors je comprendrais très bien que ça t'étouffe.. Et c'est pas faire semblant d'aimer plier le linge que ça ira mieux. »  Un silence s'installe. Pesant ? Peut-être un peu, tu continues de ranger les choses à la place que tu les voyais occuper en dernier. Ce qui pouvait paraître à tes yeux un silence n'était parfois que le temps qu'il fallait à un autre humain pour respirer, mais pour toi, c'était une éternité où tu entendais ce bruit comme une balle tirée dans l'eau. C'est sourd, ça craque comme la coque d'un navire en bois, mais tu y es habitué. « Tu en vaux la peine dis-tu soudainement en relevant le nez de l'un de ses bibelots. Sans aucun doute.... Même si tu disparais, des mois ou des années ça vaut la douleur, quelques semaines, ou mois, avec toi. Largement même. » Tu souris, pour toi-même sûrement. Est-ce que ça valait la peine tout ça ? Tout ce temps passé à attendre.. A faire des erreurs, à les rattraper. Est-ce que cela valait la peine d'avoir perdu un mariage tout ce qu'il y avait de plus ordinaire et une très très chère amie qui ne voudrait sûrement plus jamais entendre ne serait-ce que ton prénom. Un coup d’œil à ta gauche te confirme que oui, ça valait la peine. Largement comme tu le disais toi-même. C'était tout ce que tu avais toujours voulut non ? Hollya et toi, avec un petit pois qui pesait de plus en plus lourd au fil des mois tout comme sa sœur aînée.  Le garçon qui attendait n'avait finalement pas attendu pour rien.

Le dernier objet semblait être à sa place, normal que tu réapparaisse soudainement à coté..d'elle. Ou d'elles, plutôt. Avec votre fille dans les bras c'est vrai qu'il était beaucoup moins facile de l'enlacer. Un jour tu allais oublier ce détail, comme tu avais oublié à plusieurs reprises son ventre... Heureusement un ventre ça rebondit. Il fallait que tu évites de faire de ton bébé un pancake avant même qu'elle ait soufflé sa première bougie. Bon, que vous, la soufflez, parce que tu doutais un peu qu'un bébé d'un an en soit capable. C'était à voir, cela pourrait être impressionnant. Tu divagues en observant la petite chose qui avait décidée de faire du bruit, juste pour se faire remarquer un peu plus par ses parents, comme souvent. Elle était tout ce que tu avais toujours voulut, une autre princesse à chouchouter comme pas possible, une autre enfant avec qui gonfler les gens de ton entourage le lui montrant ses prouesses de bébés qui fait des bulles avec son nez en respirant. C'était rien, ce n'était même pas intentionnel mais ça suffisait à te faire rire et te rendre encore plus gaga que tu ne l'étais avec tes si précieuses filles.  Tu saisis la petite (vraiment très petite pour toi- main de Revan, souriant encore et toujours comme un abruti.  « Je veux bien t'apprendre à te servir de la machine à laver tout ça....Mais seulement si tu arrêtes de dire ce mot, là. Concubine. C'est vraiment, mais vraiment moche comme mot. »  Pour être moche, ça l'était. C'était un qualificatif extrêmement laid et qui pourtant reflétait votre relation. Ce n'était plus ta « copine » et en quelques sortes dire que c'était ta femme était un mensonge, mais tu le faisais quand-même, les autres mots t'irritent. Qui a inventé ces mots, franchement. Concubine, concubin.... C'était offensant en plus, pour les cubains.

Ralentir... Ralentir. Tu souris à ses mots, peut-être toujours un peu dépassé par la situation. Il fallait que tu te détendes un peu, peut-être. C'est quand tu te mettais à stresser et à avoir peur, que tu étais le plus instable. Tes mots fusent à toute vitesse, tu bouges tellement vite qu'il est difficile de te suivre des yeux... Alors tu te concentres sur sa main, qui venait de saisir la tienne et de votre fille occupée à mâchouiller sa manche. Tout allait soudainement mieux, parce qu'elles étaient là. Cela suffisait à chasser tes peurs, l'espace de quelques instants, puisqu'il y avait plus important que le passé, ou que l'avenir : le présent. Et c'était tout, pour toi, ce présent volatile, menant à un avenir encore et toujours brumeux. Si tu ne pouvais t'empêcher d'avoir peur du futur en t'appuyant sur ton passé, tu avais aussi apprit, durant ses années que faute de savoir ce que l'avenir avait en stock pour toi, profiter de ce que tu avais à l'instant "T" était tout ce que tu pouvais faire. Elle venait de te le rappeler, aussi simplement que cela.  

Tu prends le temps comme elle te le demande, tu écoutes, en silence, toutes ces choses qu'elle avait à te dire. Certaines  choses que tu voulais entendre et d'autre non, ça marchait toujours comme ça de toute façon un couple, il paraît. Un amoncellement de négociations, de pour et de contre décidé, de victoires et de défaites. Alors c'était soit rien, soit tout. Avec ou sans. C'était peut-être trop de présence, d'après elle. Est-ce que vous étiez capables de vous supporter vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour le reste des tes jours ? Non, sûrement pas. Tu avais besoin d'air comme tu lui avais dit, tout comme elle... Mais savoir que lorsque tu te réveilleras le matin et te coucheras le soir elle serait là, c'était largement assez pour que tu sois le plus heureux des hommes. En aucun cas cela t'effrayait. En aucun cas, tu refuserais que ce futur soit le tien.
Si on t'avait dit, il y a plusieurs années que tout ça était à la portée de ta main, tu ne l'aurais peut-être pas cru aussi fermement qu'à l'heure actuelle. Certes, tes doutes étaient là, bien réels...et peut-être totalement inutiles. Tu ne pouvais pas non plus dire que ces derniers temps avaient été sombres, on pauvre en événements. D'ici quelques mois, une poignée à peine, cela fera un an que votre fille est née. Elle a marqué un tournant radical dans vos vies, en existant, si bien que tu te demandais parfois si ce n'était pas un curieux destin, qui avait fait revenir Hollya aussi vite qu'elle était partie, juste pour qu'un petit bout d'humain naisse, dans l'année qui suivait. Peut-être. Elle finalisait de lier vos existences, en quelques sortes. La prochaine sortie du nouveau film Star Wars finissait de te mettre de bonne humeur depuis des mois, mais ça, on allait éviter de le dire...C'était limpide.

Mais le moment n'était pas à la rigolade, et tu préférais laisser BB-8 et autres personnages faisant déjà partie de ta collection de coté pour le moment. Vous étiez plus important que Star Wars, aussi fou cela puisse paraître, ce n'était pas ta priorité dans la vie -oui oui, vraiment.
Ses mots t'en rappelaient d'analogues, entendu il y a longtemps dans la bouche de quelqu'un d'autre, du moins dans des termes similaires, attendant une réponse que tu n'avais pas réussi à formuler, malgré l'assurance de ton interlocutrice. Dans sa bouche à elle, ils étaient teintés de doutes...de peur, que toi, tu ne tiennes pas la route. Cela te semblait impossible, comme ça. Tu étais celui qui avait peur et en aucun cas, tu te serait imaginer qu'elle le soit aussi c'était insensé. Après tout, peut-être qu'ici rien ne l'était, sensé...Entre moins les gens habitaient là.

Son discours s'achève sur une dernière interrogation, quelque chose dont tu avais la réponse depuis très longtemps déjà. Tu ne peux t'empêcher de sourire, rire même, tellement cela te semblait clair à savoir, comme si c'était écrit sur ta tête.  Tu te penches légèrement vers elle, venant presser tes lèvres sur son front quelques secondes, avant de répondre ce que tu savais depuis que tu es gamin. « Oui. » dis-tu tout simplement, à demi mot. Tu enchaînes. «  Ne crois pas que l'idée de finir mes jours avec toi me fait peur, parce que ce n'est pas le cas. Je n'ai jamais été plus heureux que durant mes années avec toi, même si il n'y en a pas eu beaucoup, ou pas autant que je l'aurais aimé. Au moins je n'avais pas à m'en faire..Tu étais là, qu'on soit en couple ou pas, c'était mieux que de ne pas savoir où et surtout quand tu étais, en danger ou pas même si, je sais, tu ne crains rien et tu es capable de te défendre comme un ninja toute seule...Mais tu es réelle, au moins.. Et pas une invention de mon cerveau comme ça aurait pu l'être quand t'es arrivée dans mon jardin, j'avais peut-être mangé trop de sucre qui sait. » Elle t'a connu enfant, elle savait très bien quelle terreur tu étais avant même d'avoir tes pouvoirs. Une tornade avant l'heure, particulièrement empressé de courir à l'arrière de la maison pour voir son "amie imaginaire".Ce souvenir te fait sourire avec tendresse, même si elle n'a pas forcément du le remarquer. « Tout ça pour dire que je sais ce que ça implique, et que j'en ai follement envie. N'en doutes pas un seul instant, je me porte volontaire tout de suite. Même si on est pas très doué pour ça, on va y arriver j'en suis certain. Regarde, ça fait plusieurs mois et Revan possède encore ses deux yeux, mange et respire encore..Je trouve que c'est déjà bien, toi qui avait si peur. Tu es une bonne maman alors je ne doute pas du reste..Surtout si tu laisses tomber ton bouquin deux fois plus vieux que moi. Il n'y aura aucun souci majeur..Peut-être des machines ratées et des toasts cramés, mais c'est les aléas de la vie et puis je t'en veux pas, c'est original le rose. J'aurais l'air hyper sexy avec un t-shirt qui m'arrive au dessus du nombril et en shorts assortis dans la cuisine. Les gens vont être trop jaloux de nous et tout. T'es une chieuse, râleuse, avec un sale caractère mais c'est comme ça que je t'aime... Sûrement pour ça que tu me manques quand t'es pas là, c'est ennuyeux. Sans compter que t'es hyper sexy et que je suis l'homme le plus chanceux de la terre.. Alors tu ne crains rien, je risque pas d'aller voir ailleurs je tiens à la vie, déjà, puis il n'y a personne qui t’arrive à la cheville même avec quelques kilos en plus. D'ailleurs, si il n'y a que ça qui te fait peur je veux me sacrifier pour faire encore plus de sport avec toi. J'ai le sens du sacrifice t'as vu. » Tu ris, légèrement à ta propre blague. Pour du sacrifice, c'était vraiment du sacrifice. Quel gentleman faisais-tu. Près à t'investir dans votre vie à deux, vos mots te rappellent toujours cet échange que tu avais répété, des mois, te faisant à l'idée qu'ils changeraient toute ta façon de vivre, de penser. Il était bien question de ta relation précédente, écourté par tes soins et ces belles promesses que tu ne pouvais pas envisagées comme déterminant ton avenir, tout ça à cause d'elle. C'était avec Hollya que tu voulais vivre, dormir, manger jusqu'au bout, pas quelqu'un d'autre. Tu deviens soudainement plus sérieux, le temps, rapide, que tes idées se rassemblent..Que l'évidence soit là et que la peur ne se mettent à te ronger avant même que tu n'ouvres la bouche. « J'ai quelque chose à te demander. Je n'ai pas de bague, pas de beau discours que j'ai répété six cent fois, mais ce n'est pas si étonnant que ça venant de moi, si ? »Déjà te tu stoppes, la gorge sèche. Une fois lancé, c'était trop tard pour tourner les talons non ? Merde alors. « Je sais que..qu'on est très bancal. On a pas vécu ensemble..vraiment, ensemble, depuis des années et maintenant on se retrouve avec un bébé à repartager la même chambre. Il y a de quoi avoir peur je pense..Mais je n'ai pas envie que tu t’inquiètes, surtout, à propos de ça. Je veux qu'on puisse faire la course à travers le monde en utilisant nos pouvoirs, aller manger notre petit-déj’ à Hawaï et revenir à temps pour les dessins animés ici, revenir chercher la crème solaire qu'on a oublié en deux secondes... C'est pratique quand-même comme pouvoir. Et il fait partie de toi, de ton passé, de ton présent et de ton avenir... Et j'espère que moi aussi. Alors, je me demandais.... Est-ce que tu veux m'épouser ? » Tu as toujours eu peur qu'elle rejette une proposition venant de toi. Que ses pouvoirs décident de la faire partir au mauvais moment, que cela ne suffise pas à la faire rester, ou à ne pas qu'elle t'oublie durant ses siècles de voyage. Ça a toujours été une option grisée dans ton cerveau, une angoisse malsaine qui transformait une bijouterie en théâtre horrifiant. Demander quelqu'un que tu n'aimais pas en mariage c'était déjà révélé horrifiant (bien que le concept en soit était déjà très étrange), alors Hollya, ça avait toujours été hors de question, même si tu en avais envie depuis longtemps. Mais l'occasion était idéal, les mots rassurants, assez pour que tu ais le courage de demander. Autant dire que, toi qui est toujours aussi désinvolte, pas timide pour un sous, tu étais terrifier en cet instant et le temps, si long, jouait en ta défaveur.