JOAQUIN ► born to die.

Mon histoire commence à Paris, en France, ville où je suis né et que je n’ai jamais aimée. Je suis le troisième fils de la famille Caldeira, je suis venu au monde huit ans après Emir, et cinq ans après Juan. Je ne sais pas quoi franchement vous dire de mon enfance si ce n’est que je n’étais pas un gamin très heureux, ni même très joyeux. Ma mère, bien des années plus tard, m’avait dit que lorsque j’étais enfant, j’arborais toujours un air triste, comme si je portais le monde sur mes épaules et que toutes ces responsabilités étaient trop lourdes pour mes frêles épaules. J’étais un gamin sensible, toujours en recherche d’attention et mes parents m’en donnaient beaucoup. Sans doute un peu trop selon mes frères puisque j’étais devenu l’enfant roi, celui à qui on accordait tout, celui qui faisait absolument tout ce qu’il voulait sans que jamais les conséquences ne soient grave. Mes frères ne supportaient pas cela. Ils n’aimaient pas ces différences entre nous, et bien souvent, ils faisaient en sorte que je le sache. Il n’était pas rare qu’ils me frappent ou qu’ils m’enferment dans un placard. Ouais, ça peut faire sourire, mais je ne trouvais pas cela drôle. Je pleurais encore plus, et forcément, mon père les punissait alors ils se vengeaient de nouveau plus tard. À cause d’eux, j’ai eu le bras cassé quand j’avais six ans, et quelques cicatrices ce sont ajoutées à ma peau au fil des années. Ils étaient jaloux de moi, je pouvais le comprendre, mais je n’y pouvais rien. Et puis Letizia est née, j’avais dix ans. Ma petite sœur. Une petite merveille, mais elle ne m’intéressait pas plus que cela. J’étais indifférent à ces personnes qui évoluaient à mes côtés. Je ne me sentais pas chez moi.

Du gamin sensible, j’étais devenu un gamin renfermé qui ne dévoilait pas grand-chose de ses émotions. Je m’enfermais dans la musique ou dans la lecture, et je me fichais bien du reste. Je devenais un enfant assez terrible et j’aimais faire des conneries à cette époque. On me le reprochait souvent à l’école, mais je m’en fichais royalement. À la maison, mes parents ne disaient pas grand-chose, ils pensaient que ça passerait, que ce n’était qu’une phase. Sauf que cela ne passait pas vraiment et les relations que j’entretenais avec mes frères devenaient de plus en plus tendues. On ne se supportait plus. On se battait souvent. Ils étaient plus forts que moi, cela me rendait fou. Ils se donnaient le droit de me battre et si j’osais me plaindre, ils recommençaient quelques semaines plus tard. Je ne voulais même plus vivre à leurs côtés, je voulais disparaître de cette maison, rompre tout contact avec cette famille. Pourtant, j’aimais mes parents… Je crois. Je pense que je les aimais vraiment. Une partie de moi les aimait en tous les cas. Mais l’autre partie de moi n’aimait rien ni personne, et encore moins moi-même. Et le pire dans l’histoire, c’est que cela me rendait encore plus mauvais envers les autres. Il fallait que je me venge d’une manière ou d’une autre et que je tue cette haine.

Même mes relations amoureuses ne fonctionnaient pas. En même temps, comment aimer une autre personne lorsqu’on ne s’aime pas soi-même ? Comment faire lorsqu’on se questionne beaucoup trop et qu’on se trouve bizarre ? Rien ne fonctionnait correctement dans ma vie, et les gens me mettaient des doutes sur mon existence. Je remarquais bien que je n’étais pas comme les autres, mais je n’avais pas envie d’être un monstre ou être considéré comme un être bizarre. Les gens m’auraient encore plus rejeté. Alors j’ai préféré m’exclure comme un grand. J’avais bien quelques amis, mais je ne les voyais plus aussi souvent qu’avant, et toutes mes relations ne duraient que quelques jours. Je n’avais pas besoin de plus. Et je ne voulais pas m’imposer aux autres. D’autant que mon pouvoir –que je voyais comme une malédiction- prenait le dessus. Oui, mes émotions semblaient liées au climat. Et comme j’étais bien plus souvent triste que joyeux, autant dire que le beau temps n’apparaissait pas très souvent… Je ne contrôlais pas cela. Pas encore du moins.

Pas avant que je ne rejoigne l’Institut Xavier ; l’endroit qui a changé ma vie. Si je ne me sentais pas à ma place ailleurs, dès que j’ai mis les pieds là-bas et dès mon entretient avec le Professeur Xavier, j’ai su que ça allait être parfait. J’étais en présence de personnes comme moi et je me sentais moins monstrueux ou bizarre. Et je savais que dans cet institut, on allait m’apprendre à contrôler ce don, cette malédiction, ce pouvoir, peu importe son appellation. Au départ, je me souviens, je voulais savoir si on pouvait le faire disparaître, mais non, on ne le pouvait pas. Il fallait apprendre à vivre avec et à le maîtriser et que ce n’était pas tant une malédiction que cela. Je suis alors entré dans cet Institut et je m’y sens bien depuis trois petites années. Ouais ici, tout est tellement plus facile (dans certains cas). Je ne m’attendais simplement pas à développer d’autres capacités, mais dans le coin, ça a l’air chose courante… Je maîtrisais à peine le premier pouvoir, et aujourd’hui, il me faut réapprendre à faire la même chose avec le second, comme si ce n’était pas assez difficile comme cela… Mais je m’accroche. J’ai bien l’intention de le faire. Parce que cet endroit a changé ma vie… Je me demande juste si un jour, cet endroit me permettra de changer la vision que j’ai de moi-même et de comprendre pourquoi je me sens autant en décalage avec les autres et pourquoi j’ai ces problèmes relationnels. Mais ça, je ne pense pas que ça arrivera.