GROUPE 4 ⊹ Halvard, Ambre, Istary, Aron

Tu as toujours eu des rêves bizarres. Combien de fois t’es-tu réveillé avec le sentiment d’avoir couru pendant des kilomètres, poursuivi par des zombies louches qui voulaient à tout prix se sustenter de ton cerveau?  Ou encore la sensation d’être tombé du haut d’un bâtiment aussi imposant que le Burj Khalifa? Mais c’est tout ce que c’est. Des éclats disparates de souvenirs d’une réalité alternative, qui n’influe en rien dans celle où tu existes. Et c’est là que réside la différence avec ce que tu vis présentement. Tout ce qui t’entoure a l’air criant de vérité. Criant littéralement, car les hurlements des marins viennent te percer désagréablement les tympans, de temps à autre. Il y a également cette pluie dérangeante, qui vient s’écraser contre ta peau occasionnellement. Ta tenue fait plutôt tâche dans ce décor digne de Peter Pan ou de Pirates des Caraïbes. Car oui, c’est bel et bien l’impression de ressemblance qui se dégage, sur ce bateau dans lequel tu te trouves sans trop savoir comment tu y as atterri. Les deux possibilités qui te paraissent logiques sont le songe et la drogue. La première éventualité étant éliminée, tu te demandes si tu n’as pas cédé à la poudre blanche ou à n’importe quelle substance illicite qui aurait pu te conduire à halluciner de cette façon ou à être entraîné dans cette mascarade. Il est improbable que cela soit le fruit d’une ébriété exagérée, la gueule de bois qui aurait du s’en ensuivre est bien là pour le prouver. Tes iris vrillent les environs, histoire de chercher un sens à cette histoire, et puis tu les remarques enfin. C’est un peu difficile de les rater, lorsqu’ils sont juste sous le bout de ton nez, pourtant tu t’es débrouillé pour être dans les vapes pour ignorer leur présence. "Bonjour, professeurs." Un sourire charmeur vient étirer tes lèvres. C’est un bonjour aux deux présents, mais à cause de la façon avec laquelle tu reluques sans vergogne l’homme, on pourrait croire qu’il ne s’adresse qu’à celui-ci. C’est que c’est un mâle extrêmement sexy que tu n’as pas manqué de remarquer à plusieurs reprises. Tu n’assistes pas à son cours, pourtant il a suffisamment attiré ton attention pour que tu te rappelles de sa jolie gueule. Pas assez pour retenir son nom par contre, mais ça c’est plutôt une chose à laquelle tu es accoutumé. Tu n’as jamais été doué pour garder en tête les sobriquets de ces chers beaux minois. Puis tu te retournes vers la rousse, après un hochement de tête en la direction de la fille avec laquelle tu partages le cours obligatoire du contrôle de la mutation animale. "Dites, sans vouloir vous offenser, mais êtes-vous responsable de cette… expédition? Enfin, je sais bien que votre matière, c’est l’histoire et tout mais ce ne seraient pas des moyens un peu ringards que vous employez, là?" Le ton désagréable et incroyablement lent est de la partie, tu vas sûrement te recevoir une remarque cinglante. Que tu auras méritée. "Et puis… Où sont les autres? J’ai de la peine à croire que nous ne sommes que tous les quatre ici."

De l'humidité dans l'air, de la pluie carrément, ça tangue... Un réveil désagréable est une première fois en bateau difficile. La tigresse frotte sa tête, sa chevelure ébouriffée est humide et les poches sous ses yeux en disent pas mal par rapport à l'horrible sieste ou nuit qui a précédé ce réveil difficile. Les cris agressifs des marins agressent ses oreilles, une fine pluie bas son visage et son humeur n'en va que de pire en pire. Elle n'a jamais signé pour ça mais faut croire qu'il faut faire avec. Peut-être qu'elle aurait dû rester à l'intérieur, ouvrir cette porte tout juste réveilléeavait surement été trop rapide. Istary soupire, son regard se promène, tangue lui aussi, allant du paysage au groupe l'accompagnant. Elle resta silencieuse, se contentant de saluer ses camarades de croisière. Deux professeurs est un élève. Pas vraiment des têtes familières. Elle noue sa crinière tout en écoutant tour à tour le blond et l'un des professeurs parler. UnAmat d'informations vagues qu'elle tente de caser dans un coin de sa mémoire. Il lui manquait le café et la clope pour être en forme. Un soupir avant qu'elle ne prenne la parole à son tour. « Faire le tour du bateau me semble une bonne idée, mais professeur, vous êtes pâle, fixez l'horizon ça devrait vous faire du bien. » C'est fou ce que l'on apprend sur le internet de nos jours. Se séparer n'est pas envisageable, les images de la précédente mission lui reviennent en tête, même sur un bateau, mieux vaut rester avec tout le monde.

Essuyant de nouveau l'eau qui s'est accumulé sur son visage, elle se rapproche du bord du bateau, fixant l'île vers laquelle ils se dirigent. « Le bateau se dirige droit dessus, mais on devrait avoir le temps de visiter avant d'y arriver. Je suggère que l'on ne se sépare pas, sauf si vous ne vous sentez vraiment pas bien professeur Scott. » Dos à eux elle fait craquer sa nuque. En fait elle n'a pas vraiment d'idée et son cerveau n'est pas assez réveillé pour qu'elle puisse réfléchir à plein régime. Un vieux bateau, une île et de la pluie. Dans quoi Xavier les avait-il encore balancé ? « En y réfléchissant on sort tous de cette porte, ça doit être la cabine du capitaine. Il doit reste une ou deux cabines et la cale à visiter vue la taille du bateau. »

Sa chambre tanguait tellement qu'Arón se demandait s'il n'avait pas un peu abusé de l'aclool la nuit dernière. Il n'avait pas encore ouvert les yeux qu'il pouvait déjà sentir l'eau salé de la mer, chose improbable lorsque l'on a pour habitude de dormir dans une chambre au sein d'un manoir. Et pourtant, cela ne s'arrêtait pas, pire encore; il commençait à entendre ce qui ressemblait à des cris de mouettes. Il se frotta l’œil droit d'une main puis il tenta de se redresser. Il devait être profondément atteint car il tomba simplement de l'autre côté du lit.

Il se réveilla en sursaut lorsqu'une énorme vague vint frapper son visage. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu'il n'était pas dans sa chambre, non, il était au sein d'un véritable bateau. Une merveille pour Ilyann qui avait peur de se noyer depuis sa plus tendre enfance.

C'est quoi ce bordel ?!

Son visage trempé, il se releva péniblement en prenant bien appui sur le bord du bateau. A première vue il n'était pas dans un endroit qu'il connaissait. L'île qui se rapprochait ne lui disait rien qui vaille. Il se retourna lorsqu'une voix masculine se fit entendre.

"Bonjour, professeurs." lâcha un jeune homme juste en face de lui.

Il s'agissait d'un élève de l'Institut, mais Arón n'avait jamais eu le plaisir de l'avoir à son cours, il s'en serait souvenu le cas contraire. L'irlandais n'était pas indifférent à son charme et il se permit à son tour d'étudier le jeune homme avec attention de haut en bas. S'ils n'étaient pas seuls il aurait surement ajouter quelque chose mais le regard de l'élève s'était étendu un peu plus loin sur sa droite.   Arón regarda les alentours et fut heureux de retrouver une tête connue: Ambre était le second professeur auquel l'élève s'adressait. Il lui fit alors un amical signe de tête puis se retourna à nouveau vers les deux élèves.

Arón- Bonjour !dit-il à son tour avec un sourire probablement moins charmeur que celui du jeune homme.

Celui-ci demanda si Ambre était responsable de cette situation pour son cours d'histoire géographie ce qui fit rapidement sourire l'Irlandais quand vint la réponse de sa collègue. Pour lui aussi le langage de ce bateau lui était incompréhensible, pour une fois il comprennait ce que le commun des mortels lui indiquait lorsqu'il se mettait à parler informatique.

Arón- Je pense aussi qu'on devrait faire le tour du bateau.. répliqua-t-il après la réponse de la deuxième élève. Mieux vaut qu'on reste ensemble pour l'instant, peut-être qu'il y a d'autres membres de l'Institut autour de ce bateau. On fait le tour, on récupère les informations qu'on peu et peut-être qu'on y verra déjà un peu plus clair..

Il préférait rester discret dans un premier temps, tant qu'il n'était pas certain de ce qui se passait. Il emboîta alors le pas et se mit à avancer lentement..

Le ton sec qui t’irrite un minimum. Il te rappelle un peu celui de ta mère. Avec cette façon spéciale qu’elle a de te faire passer pour un imbécile à chaque fois que tu poses une question. Ne sachant pas que si parfois elles sont rhétoriques, c’est parce que tu préfères l’entendre clarifier les choses. Mais le professeur Scott est loin d’être aussi horrible que ta génitrice. Son bref moment de colère est du à ton insolence, et pour cela, tu la comprends, et tu te ravises de pousser le bouchon. Ce qui a l’air de suffire pour la calmer, et lui faire reprendre ses instincts d’enseignante. Tu réponds à son interrogation par un haussement d’épaules, après tout, si tu étais le responsable de votre présence ici, tu ne l’aurais pas ainsi vexée. Ou plutôt si, au contraire, ce serait tout à fait ton genre, et à cette pensée, tu réprimes un grand sourire qui veut venir se glisser sur tes lèvres. Mais qui ne tarde pas à faire son apparition au coup d’œil suggestif du brun. Voyez-vous cela. Peut-être auras-tu une raison d’aller toquer à son bureau une fois que vous serez retournés à l’institut. Si vous retournez à l’institut. Tout le monde se met d’accord pour que vous exploriez le bateau, y compris la blonde qui a décelé le malaise chez la rousse. Tu serais plus efficace en y allant tout seul, te servant de ta capacité à t’infiltrer n’importe où pour tirer des renseignements. Comme cette île mystérieuse vers laquelle vous vous dirigez, et qui te file des frissons involontaires dans le dos. Un remake de King Kong ou de Robinson Crusoé ne te fait pas tant plaisir que ça. Interrompant ta réflexion, les cris des marins –qui sont loin d’être aussi attirants que dans tes fantasmes d’expédition en pleine mer– te gênent et tu finis par remarquer que le vaisseau tangue dangereusement. Non pas que tu aies peur de nager, mais on ne sait quelles bestioles rôdent dans ces eaux inconnues. Et c’est le moment que choisit l’être le plus moche au monde pour venir vous notifier que vous êtes inutiles, ce qui n’est pas totalement faux, et avec le voile de la menace qui couvre ses paroles vous confier la tâche de nettoyer le sol. Tu n’en crois pas tes oreilles sur le coup, te demandant si c’est une blague. Ces incohérences te laissent perplexes, puisque tu portes tes vêtements de tous les jours et qu’au vu de sa tenue ainsi que de la remarque du professeur d’histoire, vous êtes dans le passé. Pourtant, aucune remarque de ce côté-là, et il vous prend pour des membres ordinaires de l’équipage. C’est vrai que tout le bateau aurait bien besoin d’être récuré, mais honnêtement, ce n’est pas comme ça que tu avais considéré passer ta journée en te réveillant. Déjà que tu ne sais pas par quel miracle tu as atterri ici… "Ce n’est pas que je me sens d’humeur à jouer les femmes de ménage, mais je crois qu’il a explicitement signifié que si on ne s’exécute pas, on va se faire jeter par-dessus bord." Tu t’empares d’un des balais avec une sorte de fascination du genre «Mais comment on se sert de ces machins, en fait?»  et puis tu fais semblant de le passer sur les planches. Et avec un grand sourire amusé, Messieurs Dames. "Autant se faire discrets en attendant d’atteindre l’île, non?"

Nettoyer le sol . Sérieusement ? La situation était plus qu'étrange et presque rabaissante. Pas qu'elle n'aime pas nettoyer, mais Istary range et nettoie son bordel, pas celui des autres. Elle reste pourtant attentive en tout, ses oreilles captent chaque parole, parfois rendu flou par le bruit des vagues et les cris des marins. Il faut pourtant faire avec. C'est avec une certaine frustration qu'elle empoigne une serpillière usée comme le monde et imite son camarade blond. Elle abandonne pourtant vite sa tache pour s'assurer que le professeur Scott va bien, posant avec empathie sa main sur l'épaule de la rousse. Loin d'être repoussé par ses nausées, c'est la frustration et l'incompréhension qui sont bien plus difficiles à supporter. Tout est beaucoup trop réel.

« Ce qui est sur c'est que nos capacités ne nous aideront pas à descendre de ce bateau plus vite » dit-elle en reprenant la serpillère entre ses mains. « Même en neutralisant l'équipage, on ne fera jamais avancer ce bateau à quatre. On va devoir faire preuve de patience. » Et d'obéissance, mais ça elle le garde pour elle. Ho elle pourrait se transformer, sauter à l'eau et rejoindre l'île, mais l'idée est bien trop stupide et dangereuse. Rester grouper et obéir aux ordres semble être le plus prudent. Il ne faut pas provoquer de mouvement de panique, que ce soit au sein du groupe ou de l'équipage. Sa nuque craque, la pluie semble battre de plus en plus fort et l'horizon est de moins en moins visible. Alors que la tigresse s'apprête à reprendre la parole, une vague plus grosse que les autres vient s'écraser avec une violence certaine sur les flancs du bateau. Une secousse qui fit perdre pied à toute personne n'ayant pas d'appuis. C'est avec une grâce féline qui lui est propre qu'Istary resta sur ses pattes, s'agrippant non pas à Halvard mais à un filet remplit de caisse qui pendait non loin du groupe. C'est Halvard qui vint à elle, enfin, qui manqua de finir les quatre fers en l'air. Elle le rattrape de sa main libre, l'attirant vers elle pour qu'il s'accroche aussi au filet.

Ce périple commence à vraiment lui taper sur le système, pourtant il en faut beaucoup pour lui faire froncer les sourcils. La crise se calme, chaque marin reprend vite son poste, le bateau se stabilise... « Tout le monde va bien ? » Elle regarde chacun des membres de son groupe pour finir les yeux planter dans ceux du blond. « Je crois que tu peux me lâcher maintenant. » La mutante lâche alors le filet, s'éloignant du groupe. « Faire preuve de patience j'ai dis ? Oubliez. J'en ai pas pour longtemps. » D'un pas décidé, elle part en direction du Marin qui leur a parlé un peu plus tôt, pas question de rester planter là sans être même sure que l'île est bien leur destination.

La dentition du marin faisait à peine à voir, Arón en était même dégoûté. Une expression de son visage qu'il n'arrivait pas à retirer.

Et puis quoi encore ?! Pour qui il se prenait ?

L'irlandais n'avait qu'une seule idée en tête, faire que leur tortionnaire aille faire un long somme dans les bras de Morphée. A vrai dire, c'était même tout l'équipage qui le dégoûtait ! Ils se retrouvaient tous là dans un décors d'un autre temps, entouré de marins qui avaient autant d'hygiène que leur compréhension du langage binaire. Ilyann était bien loin de son environnement, même s'il était coutume dans son pays de s'adonner aux plaisirs du bateau. Lui, il avait toujours détesté cela. Il ne pouvait aussi qu’acquiescer les dires de sa collègue, tout cela n'avait pas le moindre sens ! Une réalité virtuelle était une piste intéressante, il avait pour habitude d'entraîner ses élèves en salle des dangers et peut-être que leur situation était causé par le pouvoir d'un mutant après tout. Une des choses qui énervait le plus le jeune mutant c'était ce manque de respect qu'avait eu le marin en crachant sur le sol, il aurait pu être lama dans un autre vie. Un geste qui lui aurait valût une réponse immédiate s'ils se seraient retrouvé tout seul ici, sans Ambre et ses élèves.

"Autant se faire discrets en attendant d’atteindre l’île, non?"

Heureusement pour lui, son élève était plus assagit. Après tout il avait raison, même s'il mourait d'envie de tous les neutraliser pour savoir ce qui c'était passé, ce n'est pas à quatre personnes qu'ils allaient trimbaler cette chose jusqu'à l'île. Ilyann n'avait absolument aucune notion sur la vie en mer, chose que ne manqua pas de faire marquer la jeune blonde. Il confirma les dires de son élève pour expliquer que leurs meilleurs chances c'était pour le moment de faire avec les marins. Le bateau tangua à nouveau et il risqua bien de se fracasser le crâne contre un énorme baril s'il ne s'était pas rattrapé à temps. Ambre se mit à tout déglutir par-dessus bord et les deux jeunes jouaient les tourtereaux dans un filet de pêche.

Arón- Pardon ?! Hors de question que je prenne un de ces trucs, je suis pas une bonne !

Il était énervé, son ton était beaucoup plus dure que d'habitude, sans doute marqué par la réaction du marin. Il avait été rabaissé toute sa vie pour ce qu'il était, il ne supportait plus vraiment la moindre remarque depuis. Ambre s'était rapproché de lui et il lui esquissa un léger sourire. Ça faisait du bien d'avoir une tête connue dans le groupe. L'élève qu'Arón prenait un malin plaisir à observer continuait timidement à tenir le balais en caressant le sol. Encore une fois, le bon-sens lui ordonna de rester à sa place et de faire semblant de travailler en attendant d'arriver sur le sol. Une idée qu'avait évoqué la petite blonde qui venait tout juste de se jeter sur un marin en faisant absolument le contraire. Arón courut juste à temps pour la rattraper et lui ordonner de rien faire ; trop tard, le marin tourna les talons.

Arón- Euh.. il se grattait péniblement la tête. J'ai le mal de mer prétexta-t-il à son interlocuteur. Quand est-ce qu'on pose les pieds au sol s'il vous plaît ? J'en peux plus continua-t-il en faisant mine de se tenir le ventre. J'espère qu'on va sur cette île parce que je crois que je tiendrais pas..

Une performance d'acteur digne des plus grands nanars. L'homme fronça les sourcils comme s'il ne comprenait rien à ce que l'Irlandais venait de lui dire.

S'ils touchaient pied à terre bientôt, alors ils n'auraient qu'à attendre suffisamment longtemps pour être libéré. Sinon, alors ils n'auront qu'à neutraliser tous les membres de l’équipage et les forcer à ramer pour leur faire arriver à destination ; il ne voyait aucune autre option. Il ne se permettrait plus de remettre en cause les capacités d'Ambre et les deux élèves avaient probablement l’expérience pour les aider dans cette tâche. Quoiqu'il en soit, tout ce qui comptait c'était de rester ensemble et de protéger les élèves.

Ils attendent tous que tu répondes, à te scruter comme ça. Tu ne veux pas. Révéler ton pouvoir est hors de question. C’est un sujet auquel tu es sensible, que tu as toujours préféré garder secret. Tes instincts te hurlent de garder la vérité pour toi, alors tu la voiles, tu ne la confies qu’à moitié. "Je peux me transformer en animal également." L’autre partie est à toi, et à toi seulement. Qui sait si tu ne devras pas en faire usage avec les présents? Il est toujours question de garder un avantage. La conversation continue, tandis que tu fais semblant de passer le balai, alors que ce ne sont là que des gestes que tu mimes. Aucune efficacité dans tes mouvements. Puis la secousse s’en vient, la vague de trop qui manque faire chavirer le navire. Tu te sens entraîné vers le bas du précipice, lorsque tu entrevois une main qui se tend vers toi et dont tu te saisis sans y réfléchir. La fille aux cheveux dorés, te retenant de te retrouver la tête la première dans des eaux inconnues. Tu souffles un remerciement, ne relâchant pas ta prise sur son bras tant que la situation ne se calme pas. C’est avec une grande gêne que tu découvres que tu te dois de la lâcher maintenant. Maintenant le contact visuel, tu marmonnes des excuses, puis tu retournes t’emparer du balai. Mieux vaut éviter d’attirer l’attention sur l’évidence qui fait que tu es loin d’être un marin. Sauf que bien entendu, il faut que la belle aux prunelles de feu suive ses impulsions. Tu l’aurais retenue, si l’autre professeur sexy ne s’en était pas chargé dans une tentative plutôt pathétique, qui t’arrache un grand sourire moqueur. Le mur qu’il se prend presque littéralement te fait manquer même d’éclater de rire. Que des bouffons par ici, apparemment. Il faut dire que tu es allé grossir leurs rangs, avec ton attitude actuelle. Les minutes s’égrènent, un pressentiment qui t’assaille soudainement. Peut-être que ce sont les vibrations du sol, celles que tu détectes normalement sous ta forme reptilienne. En tous cas, tu sens que le bateau entier… tremble. Comme privé de son équilibre. "Euh… Les gens…" Et c’est une nouvelle secousse qui s’en vient, moins violente mais qui n’augure vraiment rien de bon. Car elle n’est pas la première, et d’autres suivent l’une après l’autre. "Je crois qu’on est décidément dans le pétrin." Non? Sérieux? Tu as deviné ça tout seul? "Le bateau n’est plus fiable, il nous faut un plan B au cas où on se retrouverait dans l’eau. Il n’y a pas une barque de secours ou autre chose de la sorte?" Parce que s’il fallait sauver vos peaux, il faut penser à vous d’abord. Ces marins doivent être d’incroyables nageurs. Toi aussi, tu te débrouilles pas mal mais pour le reste du groupe, tu n’en as aucune idée. Et puis toutes ces péripéties vous ont empêché d’aller vérifier s’il y a d’autres présents de l’institut à bord. "Je crois… que nous sommes bel et bien en train de couler."

Elle ne voulait agresser personne, juste comprendre la situation. Rien n'est en leur faveur faut croire. Un regard désespéré envers son professeur et elle se détourne pour retourner auprès du groupe. Ce qui est sur c'est qu'ils n'ont pas davantage d'informations. Elle s'impatiente la belle aux cheveux d'or, elle n'aime pas attendre rester là à rien faire tel un fauve en cage. Il faut réfléchir plus vite, trouver des solutions, comprendre. Ses sourcils se froncent, sa robe humide colle à sa peau, sensation très peu agréable, les limites approchent dangereusement. Et comme si la précédente secousse n'avait pas été suffisante, voilà qu'Halvard annonce que quelque chose ne va pas. Super la croisière. Elle n'a pas l'intention de servir de pâté pour requin, personne ici ne finira en bouffe pour poisson. Istary écoute attentivement chaque son, elle s'éloigne un peu du groupes mais cette fois ce n'est pas dans le but de parler à qui que ce soit. Un craquement, une fissure ? Il y a beaucoup trop de bruit pour distinguer quoi que ce soit.

La tigresse ne comprend pas tout de ce que raconte le professeur d'histoire, elle ne s'y connaît pas assez en navigation pour traduire. Mais elle doit savoir ce qu'elle dit, ce qui fait donc d'elle la seule personne à pouvoir trouver une potentielle solution. « Est-ce normal qu'il n'y est pas assez de chaloupes pour tout le monde ? » Intriguant que l'on puisse construire un bateau sans songer à y ajouter de quoi sauver tout le monde en cas de problème. Elle ne quitte pas la rousse des yeux. « Je suis d'avis qu'on aille voir les dégâts, au moins de savoir si l'on peut minimiser le problème. » Aux final personnes n'avait idée de ce qui se passait vraiment, mieux valait vérifier. Histoire de ne pas paniquer pour rien... Mais la situation semble vraiment mal partie, s'ils ne prennent pas de décision maintenant, ils pourraient avoir du mal à arranger les choses. Peu importe la raison de leur venue ici, il faut réussir.

« Mieux vaut perdre le moins de temps possible. » Et se faire le plus discret aussi, ils sont censés nettoyer un pont déjà rincé par la pluie après tout. Istary compte sur le savoir du professeur Scott pour leur dire par où passer, elle semble être la seule à connaître l'anatomie du bateau. Si l'espace d'un instant la blonde se demande comment ils vont survivre à ça, elle se demande encore plus comment à quatre ils pourraient sauver tout un équipage.