Just a little bit awkward [pv EIon]

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

C'était légèrement étrange.
Pourtant, ce n'était pas la première fois que Liam déjeunait avec un autre homme, seul à seul, à l'extérieur de l'institut. Mais, en général, cet autre homme c'était Charles Xavier et il n'y avait pas nécessairement besoin de parler avec lui. Il suffisait que Liam baisse son bouclier pour que le télépathe et lui puissent entamer une conversation dans le privé de son esprit. Là, il faudrait user de mots, tout en prenant soin que personne ne les entende.
A bien y réfléchir, Eion s'était compliqué la vie en les faisant venir jusque ici. Ils auraient très bien pu parler à la cantine. Ou dans le parc. Ou n'importe où. Pourtant, il avait tenu à ce qu'ils quittent un peu l'institut. Liam n'en voyait pas vraiment l'intérêt, même si ça lui faisait du bien en vérité de s'éloigner un peu. Mais, ça, l'irlandais ne pouvait pas le savoir.
Eion se sentait coupable. Ou, du moins, responsable de son état. Pourtant, le directeur ne lui avait pas fait le moindre reproche, a priori. Liam non plus n'en avait pas formulé. De toute façon, il s'estimait plus responsable que l'irlandais dans l'histoire, même si peu de monde devait partager son point de vue.
Avec rigueur et systématisme, Liam avait coupé court à tous les bruits de couloirs, toutes les rumeurs, dont il avait eu vent les concernant. La version officielle était que le brun s'était blessé dans un accident, ce qui était la vérité. Les détails ne regardaient personne. Quoi qu'on en dise.
De toute façon, il n'y avait guère eu de conséquences pour la vie de l'institut, sauf que Silver se retrouvait avec plus de travail, temporairement. Liam lui avait dit à plusieurs reprises que, dès qu'il le pourrait, il rattraperait le temps perdu et son collègue savourait par avance ses futures vacances, quoi qu'il ait eu la courtoisie de préciser à Liam qu'il devait prendre le temps de se remettre.
Le brun ne comptait pas perdre un instant. Dès qu'on lui ôterait ce plâtre, il reprendrait son travail. Il l'avait déjà en partie repris, en dépit de la gêne de sa main immobilisée. Il donnait un coup de main non-officiel à Silver qui, après l'avoir repris deux ou trois fois sur le sujet, faisait désormais semblant de ne plus le remarquer. Sans doute avait-il compris que Liam avait besoin de se rendre utile. Il n'imaginait juste pas à quel point.

_ Ce n'est pas mauvais du tout, tu avais raison, lança Liam à Eion après avoir goûté sa pizza et s'être débattu longuement pour la couper.

Oui, Liam est une chose précieuse : il mange la pizza avec les couverts.
Ne cherchez pas à comprendre.
Les choses étaient un peu étranges entre les deux hommes. Eion était venu prendre des nouvelles de Liam deux jours après leur altercation et Liam lui avait assuré qu'il ne lui en voulait pas, ce qui était vrai. Il lui avait aussi dit qu'il n'avait rien à se reprocher, ce qui était aussi vrai. Pourtant, l'irlandais semblait s'en vouloir en dépit de tout.
Et Liam, eh bien il ne savait pas très bien comment se comporter à présent qu'Eion l'avait vu plus vulnérable que jamais.
Cette pensée fit se tordre la bouche du cuisinier qui continua à manger pour préserver les apparences. Il avait pleuré dans les bras de cet homme. Mais il l'avait aussi frappé, violemment. Et, même s'il espérait de toutes ses forces que l'irlandais ne le savait pas, il avait voulu le tuer. Vraiment.
Cet instant de folie hantait le cuisinier qui n'avait jamais été violent de toute son existence. Il ne comprenait pas comment il avait pu en arriver là et refusait de voir qu'il avait, trop longtemps, enfoui ses pensées et ses sentiments. Ceux-là même qu'il tentait d’étouffer à présent pour préserver les apparences et prouver que tout allait bien entre eux. C'est pourquoi, il décida de faire la conversation.

_ J'ai su que Madame Eberhardt t'était tombée dessus l'autre jour et que tu avais songé à quitter l'institut, lança-t-il en usant de ce temps pour reposer sa main avant de reprendre la périlleuse découpe de pizza. J'ai aussi entendu ce qui se disait, mais je savais que c'était faux. Madame Eberhardt peut être dure par moments, mais elle n'est pas méchante au fond. Je pense qu'elle s'inquiétait vraiment des enfants.

Eion le regardait avec un air que Liam ne parvenait pas à cerner, ce qui le poussa à poursuivre, conscient qu'il y avait anguille sous roche quelque part.

_ Je n'y ai pas cru une seconde et Charles non plus. Je suis content que tu sois revenu et que tout ait été éclairci.

C'était une tactique intelligente : détourner la conversation pour ne surtout pas parler de lui. Ne pas évoquer le contre-coup de leur dernière confrontation. Garder tout secret, comme toujours.
Ca fonctionnait si bien d'ordinaire...

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Je ne suis pas parfait et jamais je n'ai prétendu l'être. En fait je crois que je souffre d'un problème de confiance, qui si on se place en spectateur non omniscient, peut paraître totalement absurde. Quand on me voit, je pense, sans prétention, qu'à aucun instant on ne s'imagine que j'ai souffert le martyre et que je continue à souffrir, différemment certes, mais c'est ainsi. La plupart des gens me définisse comme quelqu'un d'autoritaire, un peu trop. Comme un sadique (les élèves en général) qui se complaît de la douleur des autres. On me fait aussi passé pour quelqu'un de peu tolérant, un être dénié d'empathie, qu'il est plus facile de haïr que d'apprécier. Je crois même que certaine personne me déteste vraiment. Avant, ce genre de constat ne m'aurait certainement pas ébranlé, mais maintenant, les choses diffèrent. Car j'ai l'impression que jusqu'alors, j'avais mis mon cœur en mode "off" profitant ainsi de la vie sans avoir à ressentir les choses.C'était tellement plus simple, je n'étais soumis à aucune problématique, je ne devais répondre à aucune interrogation, ni rendre le moindre compte. J'existais pour moi-même, bercé par la certitude d'être un pauvre con. Mais quand vous commencez à vouloir changer pour les beaux yeux d'une femme, ça complique les choses. Et lorsque vous tombez amoureux, c'est encore pire. Vous revoyez vos priorités, vous commencez à étayer vos problématiques, vous cherchez des réponses aux questions posées. Mais je ne vais pas vous mentir, je prends goût aux changements et à cette nouvelle rédemption qui m'ait offerte. Et même si la route est encore longue, je n'ai pas l'intention de cesser mes "petits" efforts, je ne veux pas retomber dans mes anciens travers, je ne veux pas qu'on me voit comme ce que je m'efforce de ne plus être. Je veux montrer à Séraphine que je suis un homme bien, celui qui pourra la faire sourire sans modération, celui qui guérira la moindre de ses blessures, celui qui pourra s'ouvrir à elle sans crainte...Son homme à elle tout simplement.

Mais ça n'est pas facile de courir après une femme qui cherche à tout prix à vous éviter en public, de lui envoyer des mots, qu'elle préfère ignorer. J'en arrive à me vexer parfois, mais je ne laisse rien paraître, car je suis habitué à tout encaisser, par fierté. Bon, aller, il faut que je me change les idées et mes retrouvailles avec Liam sont à ce titre, un très bon exutoire. Il faut reconnaître que depuis la dernière "séance d'entrainement" nous n'avons pas eu le loisir de nous revoir. J'ai ainsi pu ronger mon frein tout ce temps. J'adore ce gamin et je ne supporte pas le fait de lui avoir fait autant de mal. J'aurai peut-être dû y aller plus doucement, le ménager un peu. Parfois je ne pense pas aux autres, je me cale sur moi, mais tout le monde ne peut supporter autant de choses, personne ne peut gérer autant de crises, autant de douleur, autant de souffrance. Espèce d'imbécile d’égoïste. Remets-toi un peu en question, ça ne te fera pas de mal !

"Bon ok ce n'est pas de la grande cuisine, mais je t'assure que manger une pizza, c'est le pied !" lui avais-je lancé pour tenter de le convaincre des biens fondés de la pizza. Nous étions là, au milieu d'un petit resto italien qu'il m'arrivait de fréquenter de temps à autre. Mon petit protégé luttait avec ses couverts pour se couper une part de pizza et tester la véracité de mes dires. Je voulais l'aider, car il me faisait un peu pitié, mais agir ainsi ne lui aurait pas rendu service. Au bout de quelques minutes, il parvient enfin à porter un bout de nourriture à ses lèvres et passé la dégustation il me donne raison en avouant apprécié ce qu'il a en bouche. "-Tu sais, ça se mange sans couverts normalement" dis-je le sourire aux lèvres. Il continua à massacrer sa part, sans visiblement prêter attention à mes "sages" paroles. Je pris ensuite mon verre pour le porter à ma bouche. Aujourd'hui, j'avais opté pour un soda et non une bière (ô miracle !). Le changement c'est maintenant non ? Et puis après trente années à carburer au Whisky sec, un peu de nouveauté ça ne fait pas de mal. Personne ne va le remarquer de toute façon, alors à quoi bon ?Oui et bien moi j'ai envie de dire pourquoi pas ? Après tout il n'est jamais trop tard pour changer.

_ J'ai su que Madame Eberhardt t'était tombée dessus l'autre jour et que tu avais songé à quitter l'institut (...) J'ai aussi entendu ce qui se disait, mais je savais que c'était faux. Madame Eberhardt peut être dure par moments, mais elle n'est pas méchante au fond. Je pense qu'elle s'inquiétait vraiment des enfants.

Oulà, le sujet épineux que j'aurais préféré ne pas évoquer, du-moins pas aussi rapidement. Tant pis, je vais faire avec. Arborons un joli sourire et faisons comme si rien ne s'était passé, comme si nous n'étions, elle et moi, que d'illustres inconnus.

"- Oui, disons que la "sécurité" de son fils était, selon elle en jeu. Et puis certains de mes élèves ont apprécié me dézingler et trouver une oreille attentive pour porter leur étendard. J'ai pété les plombs en fait. Les accusations étaient trop graves et je n'ai pas supporté qu'on puisse croire que j'étais capable de frapper mes élèves. Je me suis emporté et j'ai tout quitté. Après coup, peut-être que ça n'était pas la meilleure des solutions, mais c'est passé maintenant. Séraphine enfin je veux dire Madame Eberhardt et moi nous avons discuté et ça c'est arrangé." Oui je préférais de loin passé le sujet pour éviter d'attiser la curiosité de Liam. A cet instant, j'osais espéré que mon regard ne pétillait pas trop après avoir évoqué Séraphine...

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Feat Eion et Liam.

Liam préféra ignorer la remarque d'Eion sur le fait de manger sans couverts. Certes, s'aurait été nettement plus simple, mais le brun est une petite chose précieuse par moment. Il est capable de nettoyer une écurie sans rechigner au crottin, de ramasser les déjections de son chien, mais il mange avec des couverts, ou des baguettes, toujours. On ne le changera pas.
Sauf si on le met face à un burger, un kebab ou un sandwich, là, il n'aura pas le choix.
Il avait soigneusement observé la réaction d'Eion, qui s'appliqua à n'en avoir aucune. Pourtant, ce choix parlait de lui-même. Ca l'avait touché, plus qu'il ne voulait l'admettre, mais ce n'était pas tout, Liam en aurait mis sa main (même la valide) à couper. Puis il y avait eu le lapsus à propos de Séraphine / madame Eberhardt et Liam s'était douté de quelque chose.
Il n'avait rien dit au début, se contentant d'observer Eion continuer d'agir comme si de rien était en mangeant et en buvant. Mais Liam avant remarqué qu'il s'était contenté d'un soda, qu'il s'était rasé d'un peu plus près aussi. Ses vêtements étaient ceux d'ordinaire... Mais moins froissés. S'ils n'avait sûrement pas dû croiser le fer (à repasser), ils avaient été mieux pliés en attendant d'être portés. Et il y avait les cheveux de l'irlandais, qui étaient un peu mieux ordonnés que d'ordinaire.
Ajoutez à cela les regards alentours qu'il avait lancé avant qu'ils ne quittent l'institut et, comme notre cuisinier qui ne put s'empêcher de sourire, vous aurez tout compris.
Il suffit d'être un brin observateur.

_ Oui, elle est du genre mère poule avec son fils, c'est de notoriété publique... commença Liam pour rester dans le neutre. Ca lui a déjà joué des tours et Charles l'a mise en garde plusieurs fois.

Il observa soigneusement la réaction de l'irlandais à la possibilité que la jeune femme soit en danger... Et plongea le nez dans son assiette pour ne pas se trahir. Après tout, si Eion ne souhaitait pas en parler, il n'allait certainement pas le pousser.

_ Si elle était venue me trouver, j'aurais pu lui dire que tu ne blesses pas tes élèves, mais c'est une femme au caractère plein et entier. Elle impressionne pas mal de gens, moi y compris. Je n'aimerais pas me la mettre à dos.

Liam détestait les conflits de toute façon, mais plus encore avec de tels ennemis. Il ne releva pas l'ironie de sa phrase, même en s'acharnant à couper les derniers morceaux de son plat avec sa main brisée. Il était sincère. Et puis, son cas à lui était différent, entièrement différent.
De toute façon, techniquement, ce n'était pas Eion qui avait cassé la main de Liam, c'était lui tout seul, en cognant sur l'irlandais. S'il n'avait pas eu le don de guérir, il serait dans un sale état lui aussi. Et Liam serait encore moins fier de lui, croyez-le. D'ailleurs, il tint à s'en assurer.

_ Au fait, tu n'as pas de séquelles de l'autre jour ? Je sais que tu guéris, mais tu gardes peut-être des douleurs chroniques ou ce genre de choses. Si c'est le cas, je suis désolé.

Liam le regardait droit dans les yeux et toute trace d'amusement avait quitté son visage. Il était grave et très sérieux, inquiet aussi. C'était tout lui ça : il avait un plâtre et il s'excusait encore d'avoir pu faire mal à un type dont le pouvoir consiste à guérir. On ne le refera pas.
Et puis, même s'il n'en montrait rien pour sa part, Liam avait été blessé davantage pas le fiasco avec Amélia que par leur entrainement. Il se sentait encore misérable d'ailleurs. Ces souvenirs firent retomber plus encore un masque de gravité sur son visage qui se ferma totalement comme il s'acharnait à finir son plat en dépit du fait qu'il n'avait plus faim à présent. Mais s'aurait été gâcher...

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Je suis amoureux, c'est un fait ! Je serais incapable d'étayer mon raisonnement avec un peu plus de profondeur. Je peux simplement dire que je n'entrevois plus la vie du même œil, que chaque jour n'a plus le goût de la mortifère quotidienneté dans laquelle je m'étais enfermé depuis trois décennies. Je me sens différent et je le suis, d'ailleurs je pense qu'il faudrait être complètement miro pour ne pas le voir. Le matin, je ne m'affuble plus de cette mauvaise humeur qui me caractérisait tant. Bon, je suis forcé d'admettre que pour ne pas trop éveiller les soupçons, je prends sur moi pour continuer à être désagréable avec mes élèves. Que voulez-vous, j'ai une réputation à tenir ! Mais je suis un peu moins sur leur dos quand même et il m'arrive même de faire preuve d'un peu d'empathie à l'égard de certains élèves, autres que Scott. Des élèves qui au préalable doivent avoir démontré d'une grande motivation cela va de soi. Je suis amoureux, mais pas enclin à devenir assistance sociale. Je pense qu'il faut savoir poser les bonnes bases, ne pas en faire trop, ni pas assez. Ne pas être trop détesté, mais veiller à ne pas être trop apprécié. Ma façon de noter n'a pas changé et il m'arrive encore de mettre des 0.Je ne vous cache pas que je suis embêter (parfois) de mettre une telle note, alors que jusqu'à présent je n'éprouvais rien à l'idée de sortir le marqueur rouge et tel un Zorro des temps modernes, de graver dans le papier, mon Z comme zéro. Il y a du changement dans l'air n'est-ce pas ?

Parler de Séraphine c'est un peu comme parler d'un bon verre à un alcoolique, c'est dangereux, mais positivement dangereux, bien que je doute de l'efficacité de cette oxymore auprès d'un quelconque interlocuteur. Mais que voulez-vous, ce petit bout de femme m'a complètement retourné la tête, le cœur, le corps et tout ce qui attrait à ma personne. Elle a ouvert les rideaux de ma vie, restaient clos durant tant d'années. Elle a balayé énergiquement mes a priori, ma colère, ma souffrance et quelques défauts j'avoue. Je pourrais encore parler longtemps de tout ce qu'elle m'apporte, malgré les quelques désagréments inhérents à une relation "secrète", mais restait silencieux, pourrait éveiller les soupçons de Liam. Alors que faire ? Dois-je continuer à laisser mon regard scintillait en pensant à la femme qui fait battre mon cœur ? Ah si je m'écoutais, je le crierais au monde entier, mais je vais tempérer ma passion pour une fois et céder à la raison. "- Oui, elle est du genre mère poule avec son fils, c'est de notoriété publique" déclara Liam. Je ne pus qu'esquissé un léger sourire face à cet aveu. Séraphine aime Scott d'un amour inconditionnel et telle une tigresse, elle protège avec ardeur son "petit" qui n'en était plus un. "-Ca lui a déjà joué des tours et Charles l'a mise en garde plusieurs fois" Ignorant cette donnée, je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils. Imaginer Séraphine en mauvaise posture me mit mal à l'aise tellement que je ne pus contrôle mes paroles et mon appréhension naissante. "- Des ennuis ? Ca n'était pas sérieux j'espère ? Séraphine a beau être une mère poule, ça n'est pas quelqu'un de dangereux, je peux te l'affirmer. Elle est douce, gentille, chaleureuse. Ca n'est pas une mauvaise personne, bien au contraire." Mince, cette fois c'est sûre, je me suis grillé. Trouve une solution Eion, dis quelque chose, change de sujet !!!

Par chance, Liam partit sur autre chose, quoique pas tellement, puisque l'on s'en tient au fil conducteur, c'est à dire ma...petite amie, enfin je veux dire Séraphine. "- Elle ne pouvait pas le savoir et puis l'élève qui lui a dit ça m'en voulait, donc j'imagine que tout à jouer contre moi. Je ne peux lui en vouloir et pour ma défense, je dirais que les apparences sont parfois trompeuses. Mais je t'assure que ça va à présent, elle s'est excusée, nous avons discuté, nous ne sommes plus en conflit. Tu sais c'est quelqu'un d'agréable quand on prend le temps de discuter avec elle et puis t'es un gars bien, pas le genre que l'on veut se mettre à dos." J'en avais trop dit et pas assez à la fois. Mon esprit voguait vers une inconfort certain, je devais faire quelque chose, n'importe quoi, pour tenter l'esquive. Je pris alors mon pseudo repas, tout en avalant une gorgée de soda et pour ne rien laisser paraître, je me permis un autre sourire. Tout en observant Liam qui peinait encore à couper sa pizza. Je ne pus m'empêcher de me sentir une fois encore coupable, car dans le fond j'étais responsable de son état, je l'avais poussé à bout volontairement. Même si la finalité de la manœuvre était plus ou moins louable, le résultat ne m'incitait à aucune fierté. Je pourrais dès lors lui proposer de l'aider, mais agissant ainsi je ne lui rendrais pas service. L'ironie atteignit alors son paroxysme lorsque Liam reprit la parole:

"-Au fait, tu n'as pas de séquelles de l'autre jour ? Je sais que tu guéris, mais tu gardes peut-être des douleurs chroniques ou ce genre de choses. Si c'est le cas, je suis désolé. "

"- Tu es sérieux ? Gamin tu es plâtré et tu trouves encore l'occasion de t'inquiéter pour moi. C'est le monde à l'envers ma parole. Je vais très bien Liam et ne t'en fais pas, je n'ai aucune séquelle, pas la moindre douleurs chroniques. Ca a des avantages la régénération. Et toi, comment tu te sens ? Je vois que tu as encore du mal niveau mobilité. Je vois aussi que ton regard est à nouveau fuyant. Qu'est-ce qui se passe ? Dis-moi tout gamin, je t'écoute ! Après tout, je te dois bien ça."

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Feat Eion et Liam.

Il ne marcha pas, il courut. C'est ainsi que Liam sut que son intuition ne l'avait pas trompé. Eion est le genre à rester dans son coin et à n'intervenir auprès des autres que s'il est sollicité ou si c'est nécessaire. S'il s'inquiétait autant du devenir de sa collègue, c'est qu'il s'inquiétait d'elle. Donc qu'il tenait à elle.
Inutile de chercher plus loin la raison qui l'avait fait changer d'attitude, ces derniers temps. Liam n'avait jamais eu la prétention de croire que c'était à cause de (ou grâce à) lui. Il tenait donc sa réponse, mais il ne voyait pas l'intérêt de confronter l'homme à ce propos. S'il se taisait, il devait avoir ses raisons. Liam espérait juste qu'il se doutait qu'un secret ne se garder jamais longtemps à l'institut...
"Douce" "gentille" et "chaleureuse" n'auraient pas été les termes premiers auquel le cuisinier aurait songé pour définir Séraphine, mais ça aussi il se garda bien de le dire. Elle était peut-être tout cela avec Eion, dans le privé... Cette pensée dérangea notre moine du jour qui préféra répondre.

_ Eh bien, pour l'instant ça va, mais il ne faudrait pas qu'elle recommence. D'autant que le garçon est grand maintenant, il peut se débrouiller un minimum par lui-même. Et puis, tu sembles l'apprécier, si tu avais dû en calmer un ça n'aurait pas été lui, je me trompe ?

Liam n'aurait jamais donné de conseil sur la façon d'élever des enfants, surtout pas à la prof de math. Il trouvait louable ses intentions protectrices, mais parfois ses méthodes laissaient à désirer.
J'ai dis "parfois" ? Comptez, "souvent"...
Eion avait-il calculé les choses en s'approchant du fils avant la mère ? Liam en doutait et préférait croire à un heureux hasard. La suite fut du même acabit et Eion se laissa aller à plus de compliments encore, envers la jeune femme et envers lui. Le cuisinier sourit et prit le temps de mâcher avant de répondre.

_ Je ne crois pas m'être jamais mis quelqu'un à dos... Je n'ai pas un caractère assez fort pour ça, je crois.

Oui, Liam était gentil, trop. Il laissait couler beaucoup de choses et prenait sur lui, ce qui faisait qu'il en fallait beaucoup pour l'énerver. Et, quand il était énervé, il se contentait d'un silence froid et d'une distance implacable. Pas vraiment de quoi se faire des ennemis du coup. Eion, en revanche...
Eion justement, à qui il demanda comment il se portait, amenant un air franchement surpris sur le visage irlandais. Eh oui, du Liam tout craché ça. Mais on ne le changera pas, ou pas totalement en tous cas. Il sourit au fait de retrouver son surnom de "gamin". C'était dit avec tant d'affection qu'il ne pouvait pas s'offusquer. Et puis, c'était vrai qu'Eion était bien plus vieux que lui, donc techniquement, c'était logique.
Ce qui le fut moins fut son interrogation sur sa main (ça, ça allait encore) puis sur le reste. Liam sentit une vague d'agacement le saisir et il ne put retenir... Un soupir.
Ouais, je sais, c'est dingue les réactions du cuistot parfois. Tant d'exubérance...

_ Le plâtre m'empêche de bouger comme je le voudrais, concéda-t-il avant de nuancer. Mais je pense que c'est le principe. En tous les cas, je serais bien content de m'en débarrasser le moment venu. C'est lourd, inconfortable, et ça m'empêche de travailler. Je tourne en rond et je me sens totalement inutile à l'institut.

Pourtant, ce n'était pas faute d'essayer et de traîner dans les couloirs pour chercher ce qu'il pouvait faire. Il nettoyait au maximum de ses capacités et les denrées diverses et variées n'avaient jamais été aussi bien inventoriées ! Charles avait même pris son parti de faire travailler un peu son poulain, juste pour l'occuper et, en désespoir de cause, Liam en était venu à apprécier le travail administratif.
Oui, c'était à ce point.
Naturellement, Eion devina qu'il cachait plus derrière ce soupir et Liam s'agaça de constater que l'irlandais avait parfaitement raison : il fuyait son regard et trahissait un mal être plus profond. Devait-il en parler ? Et pourquoi pas après tout ? Eion l'avait vu dans pire état, il ne se moquerait pas. Au mieux, il aurait peut-être un ou deux conseils à lui donner. Il s'en sortait visiblement très bien quant à lui... Liam le jalousa pour ça, avant de faire taire ce sentiment inutile.
Péniblement, après avoir mâché longuement son dernier morceau de pizza puis finit son soda, il se résolut à parler. Mais ce n'était pas aussi simple que ça en avait l'air.

_ Après que j'ai été blessé, Charles m'a donné de la morphine, commença-t-il, surprenant l'irlandais qui ne pouvait pas deviner où il voulait en venir. Charles me surveillait, parce que c'était la première fois de ma vie que je prenais des narcotiques. J'étais complètement... Différent. A un moment donné, il a laissé sa place à une amie à moi. J'aurais préféré qu'il n'ne fasse rien. Je ne sais pas ce qui m'a pris de faire ça... Enfin, si, cette foutue morphine ! Bref, j'ai merdé, profondément. Et je n'en suis pas très fier.

A l'entendre ainsi, on aurait presque pu croire qu'il avait agressé Amélia. S'il l'avait prise au dépourvu, leur baiser ne peut pas être qualifié de la sorte !

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Feat Eion et Liam.

Je ne suis pas avare en paroles, du moins pas avec les autres, à savoir ceux que je ne connais pas ou très peu. Jusqu'alors j'ai souvent eu tendance à me refermer sur moi, à me terrer dans le silence, mal interprété par ceux et celles qui s'approchaient d'un peu trop prêt. Certaines des femmes avec qui je passais une voir deux nuit, imaginaient naïvement que j'entretenais le mystère en agissant de la sorte. Oui, le blondinet aux yeux bleus, ténébreux à souhait, qui vous prend vous jette comme une vulgaire serpillière. Cet homme que j'étais encore il y a peu, me révulse à présent. Quoique non, j'exagère peut-être sur le verbe, "agacer" me semble plus adéquate. Même si je suis encore avare en parole, la tendance au changement est indéniable. Je ne nie pas qu'il y a encore quelques progrès à accomplir pour atteindre une meilleure version de moi-même, mais je suis en bonne voie. Ma présence ici, hors de mes murs sécurisants, Liam face à moi, est en quelque sorte l'illustration d'un progrès. Qui aurait cru que je sois capable de sortir de mon carcan protecteur, d'aller vers les autres, de même me montrer agréable et pas par intérêt ? Qui aurait cru que je sois capable de m'ouvrir, voir même de m'attacher réellement à certaines personnes ? Pas moi de toute évidence.

Dans le fond, je crois que je n'ai jamais vraiment eu confiance en moi. Cela peut paraître paradoxal n'est-ce pas ? J'ai passé, je pense, ma vie à fuir. Trop de différences, trop d'incertitudes, trop de péripéties malheureuses, je ne me suis jamais accordé du temps pour étayer ma confiance. Alors pour y remédier, je suppose que j'ai choisi de faire jouer les apparences. Après tout, qui soupçonnerait un gars comme moi, de manquer de confiance, d'être dans le fond, un être humain, avec des forces, et quelques faiblesses en plus ? Des personnes perspicaces surement, voir un télépathe chauve en fauteuil roulant, ou une femme qui capte les magnétismes. La liste n'est pas la longue, du moins l'actuelle. Car ceux et celles qui ont su m'apprivoiser par le passé, sont à présent tous morts et enterrés depuis des décennies. Et oui, le temps a encore une fois eu raison de moi, enfin des autres. Peut-être devrais-je arrêter de cogiter dans ce sens, le cas échéant, je risque d'entrevoir des choses auxquelles je n'ai pas envie de penser. Pourquoi ? Parce que pour la première fois depuis longtemps, je me sens bien, j'ai l'impression d'avoir une vraie vie, des amis et une certaine personne qui est parvenue à sortir mon cœur de son hibernation, me laisse entrevoir un quelque chose qui pourrait transformer le « je » et le « tu » en nous. Je ne veux pas penser au Temps et à la fatalité à laquelle je suis assujetti à cause de mon pouvoir. Je veux juste profiter, vivre ma vie ou jour le jour sans qu'aucune barrière n'entrave mon esprit.

J'apprécie Liam, en fait, je crois que je l'adore ce gamin. Il est un peu comme le petit frère que je rêvais d'avoir et que je n'ai jamais eu. Alors, j'imagine que si j'agis ainsi avec lui, c'est à cause de cette envie de fraternité. Je suppose que quand on est un grand-frère, on agit de la sorte. Bien sûr, je ne suis pas prêt à lui dire ce genre de chose, c'est encore trop tôt pour moi. Mais un jour, proche, je l'espère, je lui dirais ce que je pense vraiment et à quel point je l'apprécie. Mais une chose à la fois, présentement, je dois me dépêtrer non sans mal de mes dires. Sur le coup, j'ai eu la langue un peu trop pendante sur un sujet que je n'aurai préféré aborder. Mais j'imagine que c'est tellement évident, autant que l'est le nez au milieu de la figure, que je ne peux rien nier maintenant, mais rien ne m'oblige à attester. Et puis merde, ça n'est pas à l'ordre du jour, tâchons de mener une fois de plus la conversation vers un autre sujet, un peu moins « périlleux ». Soyons égocentrique et parlons de nous, enfin plus exactement parlons de lui, car c'est bien sa petite personne qui m'inquiète. « - Oui effectivement c'est le principe du plâtre, mais je ne voulais pas en arriver jusque-là, je t'assure. Certes, je voulais te faire sortir de tes gongs, te pousser un peu pour te tester, mais aussi pour que tu sois, par la suite, plus apte à te lâcher. J'ai merdé, je le confesse. » Je pense que « merder » est un euphémisme. J'ai joué les "cadors" dans un domaine que j'étais et que je suis encore loin de maîtrisé, à savoir l'enseignement. Je ne peux pousser dans leurs ultimes retranchements mes élèves et toutes les personnes qui me demande de l'aide. Certes, la technique a pourtant fait ses preuves, mais chaque personne est en droit de réagir différemment. Peut-être que parfois, il est plus approprié de ranger nos armes et de parler tout simplement. Pour moi frapper dans un punching-ball est libérateur, presque autant que de le faire dans un bar entouré de quelques joyeux lurons, mais pour d'autres, il suffit de s'asseoir à une table et de parler. Aussi simple que soit le procédé, il est peut-être tout aussi efficace que les poings contre un sac de frappe.

D'ordinaire, je ne suis pas l'oreille attentive ni l'épaule compatissante, je me contente, rectification, je me contentais de jouer jusqu'alors les petits sergent-chef, aboyant sans modération ses ordres et me souciant très peu de ce que pense les autres. Mais ça n'est vraisemblablement plus le cas à présent puisque je me soucie vraiment de ce que pense Liam. Je m'intéresse vraiment à lui et au trouble qui semblait l'assaillir à ce moment très précis. Je veux savoir, je veux tout comprendre, analyser la situation et apporter à ma moindre mesure, ma petite aide, en promettant, je l'assure de ne pas utiliser la manière forte pour qu'enfin mon cher et tendre « gamin » consente à me parler à cœur ouvert. « -Alors dis-moi tout, je t'assure que je ne te jugerai pas ! » dis-je en terminant mon verre sans pour autant quitter son regard. L'instant est pénible pour mon petit protégé, car mettre des mots sur des maux n'est pas une chose facile. Et enfin la parole se libère à ma grande joie, le cas échéant, je n'aurais su comment me dépêtrer de cette situation, car avouons le, je n'ai pas l'habitude de faire preuve d'autant d'empathie à l'égard d'un autre être. Je suis en face d'apprentissage dans ce domaine et je sais que la route est encore longue avant que je n'assimile totalement les fondements même « du bon gars ». « -De la morphine ? » dis-je intriguer d'entendre que le professeur avait opté pour ce traitement pour une simple fracture. Une interrogation qui fut rapidement éludée par Liam qui reprit la conversation et m'apporta plus de détails. Plus il avançait dans son récit et plus je sentais poindre à l'horizon la gêne, voir même un sentiment de honte que je ne pus comprendre qu'à la fin de ce prologue.

« -Gamin gamin, tu n'as pas à t'en vouloir là-dessus, les effets des narcotiques sont puissants surtout ceux de la morphine et puis tu... » Je me tue soudainement. En posant mon regard sur le jeune homme, je me rendis compte après coup, qu'il n'était pas question de culpabilité, mais d'une gêne, qui plus est une gêne tellement grande, que les joues du jeune homme commençaient à s'empourprer. « -Attends rassure-moi tu ne l'as pas frappé ton amie ! » Il marqua la négative et je compris alors que j'étais sur le bon raisonnement. « -Tu l'as emballé, enfin je veux dire embrasser ? » Je ne pouvais m'empêcher de sourire, car je n'en doutais plus, il était encore une fois question d'une femme.

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Eion fit quelque chose qui surprit notre cuisinier national : il s'excusa. Ce n'était pas tant que l'irlandais le fasse en soit (enfin, si, un peu quand même) mais plutôt qu'il le fasse à nouveau. Pour Liam, c'était une chose entendue. Ils en avaient parlé, une fois, sommairement, et ça suffisait. Pas besoin de revenir là dessus. Il n'en voulait pas du tout à Eion pour ce qui s'était passé. Après tout, c'était lui qui avait demandé son aide à l'irlandais et celui-ci avait été limpide sur le fait que ses méthodes n'avaient rien de conventionnel. Donc, Liam avait choisi de prendre ce risque, en pleine connaissance de cause.
La suite avait été la faute conjointe des deux hommes. Eion l'avait bousculé et Liam avait perdu les pédales. Sa fracture, il s'en estimait responsable à 100%. Il s'en voulait même d'avoir fait du mal à Eion. Alors l'entendre s'excuser à nouveau, c'était inattendu.

_ Je crois que nous sommes deux dans cette histoire, répondit-il en haussant les épaules. Et si je ne t'avais pas fracassé la tête, mon poing s'en porterait mieux. Heureusement, ton visage s'en est mieux sorti, tu aurais eu plus de mal à sympathiser avec mademoiselle Eberhardt sinon...

C'était une légère taquinerie, rien de bien méchant. Un moyen de défense pour ne plus trop parler de cette malheureuse soirée et de cette perte de contrôle regrettable. Changer de sujet, réorienter les choses, c'était une technique qui avait fait ses preuves !
La suite aurait été plus simple s'il avait pu faire dévier la conversation, mais il n'essaya même pas. Au fond, il avait besoin d'en parler, à défaut d'envie. Alors il se confia. Oh, c'était compliqué pour lui de le faire, il fallut plusieurs encouragements pour qu'il parvienne à formuler ce qui le taraudait. Eion s'étonna qu'il avait reçu de la morphine. Il se justifia comme il put.

_ J'avais vraiment mal. Je ne m'étais jamais blessé auparavant, je peinais à endurer les soins...

Oui, en somme, il était une petite nature, sur certains points du moins. Il peut encaisser beaucoup de paroles, de situations, mais la douleur physique, la sienne, c'est insoutenable. Il y avait surtout la peur, celle qui augmentait le sentiment de douleur. Avoir peur d'avoir mal fait mal, même sans autre raison extérieure.
Donc, oui, de la morphine. Mais il y avait bien besoin de ça pour le contenir et le rendre aussi docile qu'un patient lambda. Il ne voulait pas trop s'épancher sur la question ni y repenser. Il s'était vu sous un jour lamentable.
Eion voulut le dédouaner en arguant que les narcotiques avaient des effets puissants mais Liam ne lui répondit pas. Il poursuivit son douloureux aveu jusqu'à ce que l'irlandais lui demande s'il avait frappé Amélia, ce dont il se défendit avec un air outragé.

_ Jamais ! Je n'aurais jamais pu faire ça !

Oui, même sous l'effet de drogues puissantes il n'avait pas une once de violence en lui, pas contre ceux qui ne le poussaient pas à bout. Eion se fendit d'un sourire et, du premier coup, trouva la raison du malaise. Liam piqua du nez et s'apprêtait à répondre lorsque le serveur vint leur demander ce qu'ils voulaient en dessert.

_ Une bière, répondit le cuisinier sans prêter attention à la réaction qu'il provoqua chez son ami comme chez l'employé qui lui en demanda la sorte. Peu importe.

Eion le regardait et Liam finit par reprendre la parole.

_ Je ne sais pas ce qui m'a pris de faire ça, j'ai cru... J'ai cru qu'elle en avait envie. Enfin, elle n'a pas été totalement dégoûtée non plus, elle... Elle a répondu à mon baiser au début, mais...

Le serveur revint et Liam but plusieurs longues rasades avant de grimacer sous l'amertume. C'était vraiment mauvais. Quand ils se retrouvèrent seuls à nouveau, Liam poursuivit.

_ C'était ma meilleure amie et je savais très bien qu'elle aime quelqu'un d'autre. Bref, j'ai tout gâché et je me suis tourné en ridicule. Je veux dire... Sérieusement. Qu'aurait-elle pu me trouver ?

Ca y est on était en phase "je ne vaux rien". Le noeud du problème. L'absence de confiance en soit. Du coup, il reprit sa bière.

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

On a beau être un mutant, l'on commet les mêmes erreurs qu'un être lambda. Nous ne sommes ni trop vertueux, ni trop vicieux. Je crois, pour ma part, avoir atteint un bon équilibre et j'ose espérer qu'il ne faille pas autant de temps à Liam pour se targuer d'être enfin à la bonne place. Ce gamin a vécu des choses difficiles, qui ne doivent pas servir d'excuses, je vous l'accorde, mais qui justifient néanmoins son attitude. J'entends par là ce retrait volontaire, ce regard fuyant, cette tête baissée, ce manque criard de confiance. Le professeur Xavier m'avait et continue à me mettre en garde sur le cas « Liam » et me rétorque souvent un truc du genre : « ce gamin a beaucoup de potentiel, mais souffre et peine à se construire un environnement social plus ou moins équilibré ». Bon, je le concède, je ne suis pas la personne adaptée pour ce qui est des retranscriptions et puis les paroles pleines de sagesse de ce cher Charles, ne me sont pas toujours compréhensives. D'ailleurs, elles le sont encore moins, lorsque dans son bureau, il convoque, le jour de notre entretient, une certaine personne dont je me garderai bien de citer le nom, de peur d'attirer une fois encore, l'attention de Liam, qui loin d'être idiot, a compris que je ne pouvais rester insensible aux charmes d'une certaine collègue. Et pour cause, me voilà devenu aussi risible qu'un livre ouvert ou qu'un épisode de « The Young and the Restless ». Tout dans mon attitude joue contre moi et nul doute que si Séraphine était ici, elle me le reprocherait. Et puis je suis certain, qu'aux yeux de Liam, je ne fais que danser la parade de séduction du paon et que de ce fait, jamais il ne le concevra comme le « nous » que nous sommes dans l'intimité.

« -Bon ok, je me suis excusé, tu t'es excusé, nous nous sommes excusé. J'ai comme l'impression que la boucle est bouclée n'est-ce pas ? » Il acquiesce et à court de réponse, j'en fais de même, ne me soucient pas de passer pour un neuneu. Mais je me rattrape néanmoins sur la fin de sa réplique qui aurait, il fut un temps, dut m'agacer, voir, même me faire, sortir de mes gongs. Mais il n'en est rien, je reste calme, je me surprends même à sourire à sa taquinerie. « -Ah ah très drôle. Sache que mon visage, parfait au passage, n'est pas mon seul instrument de séduction. Mais bon, si tu m'avais fracassé la tête, peut-être que j'aurai sympathisé plus rapidement avec mademoiselle Eberhardt. Bien qu'après réflexion, je l'imagine mal se précipiter jusqu'à l'infirmerie. Quoique maintenant » dis-je en me grattant le menton pour faire mine d'étayer une réflexion qui n'en était pas une. Houla Eion, tu en dis trop ou pas assez quoiqu'il arrive, tu prends une voie qui risque d'être sans issue si tu ne daignes pas fermer ta gueule à l'instant. Liam n'a pas besoin de tout savoir. Tu ne voudrais pas te faire harponner par une tornade brune, si ? Non, non, je ne vais même pas répondre à cette question. Je vais me contenter d'être un bon prof, qui ne parle pas de sa vie privée et qui prend des nouvelles d'un de ses "élèves" qui se voit plâtrer par sa faute. Il aura beau dire et me contredire, je suis coupable, ma responsabilité est incontestable (selon moi).

Le sujet qui semble gêner mon cher Liam est vite éclipsé par un autre. Ah, tu ne m'auras pas gamin, ça n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace. Avec mes plus de 170 printemps, je peux me targuer d'avoir de l'expérience, plus encore, je peux prétendre connaître toutes les techniques de déviation de sujet, car la teneur de la conversation se fait trop gênante. Je suis moi aussi passé par là et j'ai de ce fait put étayer mon expérience pour enfin me rendre compte qu'il était inutile de contourner un sujet fâcheux, car quoiqu'il arrive il vous revient dans la gueule comme un boomerang. Alors mieux vaut prendre son courage à deux mains et faire ce que les vrais hommes emplis de virilité prétendre ne jamais faire, ouvrir leur petit cœur tout mou. « -Donc ok, tu étais sous morphine parce que tu n'arrivais pas à gérer la douleur, j'ai compris. Je vois bien au vu de ton expression que mon petit sermon sur les narcotiques te touche moins que la question que je viens de te poser. C'est surement bon signe, selon mon humble expérience. Pas si humble si on prend en considération le fait que j'ai un peu abusé de ces substances... Enfin bref, je divague là »

Oui un peu trop, autant lui faire la liste des drogues que j'ai essayé tant qu'à faire. Après cette petite digression sans importance, il me faut recentrer la conversation sur Liam, car je vois qu'il a besoin de parler, même s'il n'ose pas me le dire clairement. Alors, pour à nouveau détendre l'atmosphère, je souris et comprenant sans difficulté le sujet de la gêne, je me permets de lancer les « hostilités », mais le serveur arriva au mauvais moment et permis à Liam de se trouver une petite échappatoire. « - Je veux bien un café s'il vous plaît » demandais-je en me prêtant au jeu du « je change de conversation ne t'en fais. » Liam opta pour... une bière. « -Ce n'est pas commun comme dessert ça. » lançais-je alors que le serveur s'éloignait pour enfin nous laisser à nouveau seul à seul à ma plus grande joie. Liam avait quant à lui décider de ne pas faire l'autruche, à ma grande surprise.

« -Mais... ? » Je vis le serveur revenir avec nos commandes, légèrement exaspéré, je prenais sur moi pour ne pas aboyer sur le pauvre homme qui ne faisait que ce pourquoi il était payé. « -Merci » me contentais-je de dire, suivant l'éloignement de l'homme du regard. Liam se saisit aussitôt de sa bière et commença à la boire "sans modération", tandis que je prenais ma tasse de café en main me contenant de la délester d'une seule gorgée. « -Ecoute parfois on fait des choses qu'on regrette, mais après coup on se rend compte que ce n'était pas une si mauvaise chose. Et laisse-moi te dire que si une femme répond à un baiser, c'est plutôt bon signe. Tu n'as pas à t'en vouloir comme ça bon sang. Ok c'est ta meilleure amie, ok elle est avec quelqu'un, mais elle t’a embrassé gamin et ça, ça n'est pas anodin. Et puis, je ne peux pas te laisser te rabaisser comme ça. Putain tu es un mec génial mon gars, tu es gentil et ça, c'est une qualité de plus en plus rare chez nous les mecs. Tu es honnête aussi et tu sais cuisiner, ça c'est le bonus dans le pack beau gosse. Et s'il te plaît lâche cette bière, l'alcool c'est mauvais pour la santé. » N’est-ce pas le comble de l’ironie que ça soit moi qui sorte une telle connerie ? « Gamin, laisse-moi te donner un conseil. Si tu aimes vraiment cette fille, bats-toi pour elle. Soit têtu, ne lâche pas l'affaire et par pitié arrête te dire que tu ne vaux rien, car c’est fichtrement faux. »

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Clairement, Eion ne voulait pas parler de Séraphine. Dans le fond, ça n’intéressait pas vraiment Liam. Il n’est pas curieux pour deux sous et part du principe que si les gens veulent lui parler, ils le font. Dans le cas contraire, c’est qu’ils ne sont pas prêts, ou qu’ils ont leurs raisons de ne pas le faire. Ces raisons leur appartenant, il n’y avait pas lieu d’insister. D’autant plus que Liam se fichait bien de savoir ce qui se passait, ou non, entre son ami et sa collègue. Ca ne le regardait pas ; et puis, il n’avait jamais été friand des ragots.
C’était sans doute pour cela que les gens se confiaient à lui, parce qu’il ne les forçait pas à le faire, il ne poussait personne à la confidence. Il était simplement là, en cas de besoin. Et il savait garder un secret. Il n’écoutait pas plus qu’il ne propageait les rumeurs. Donc, puisque Eion avait clos le sujet de Séraphine, Liam n’insista pas. Il avait simplement fait comprendre à son ami qu’il n’était pas aveugle, lui ouvrant la porte pour d’éventuelles conversations, si et quand il le voudrait.
C’est toujours plus facile de parler avec quelqu’un un brin au courant de l’affaire…
D’ailleurs, sa stratégie était payante puisque Eion répondu à sa boutade par une autre, arguant que son visage était parfait et d’autres allusions sur la façon qu’avait d’agir Séraphine, ou non. Ne connaissant pas la dame aussi bien que l’irlandais, Liam se contenta de laisser la conversation trouver un autre sujet.
De son propre aveu, Eion avait eu un soucis avec les substances narcotiques et Liam se garda bien de dire qu’il comprenait pourquoi. S’il n’avait pas eu une telle peur et une telle obsession du contrôle, Liam aurait pu se laisser aller à abuser ce type de produits. Après tout, il était très agréable de lâcher prise et de laisser s’envoler tous les carcans de la vie. Le problème était que, justement, des carcans, Liam avait passé sa vie à s’en imposer. S’ils commençaient à l’étouffer, il ne les troquerait certainement pas contre une dépendance chimique. De toute façon, Charles ne le laisserait jamais faire.

« _ Pas de risque de ce côté-là pour moi », assura-t-il seulement avant que la conversation ne prenne une tournure plus compliquée encore.

Eion lui demanda s’il avait blessé Amélia, ce qui était inconcevable. Sérieusement, s’il s’en était pris à elle, ou à n’importe qui d’autre, Liam n’aurait jamais pu se le pardonner. Mieux valait donc être complètement TOCé, accro au ménage, un dictateur du rangement et un obsédé de l’ordre. Au moins, ça ne faisait de mal qu’à lui et, ça, ça importait peu.
Eion ironisa sur le fait que la bière n’était pas vraiment un dessert mais le cuisiner s’en fichait. Il se retint même d’évoquer les éléments qui constitue les bières et qui en font des boissons au final plutôt nutritives, mais ce n’était pas le sujet. Le sujet, Liam commença à l’aborder mais le serveur les interrompit et le cuisinier préféra prendre la boisson plutôt que reprendre la conversation. Naturellement, il ne s’en sortirait pas si facilement. Tout naturellement, Eion relança les choses. Même s’il n’y comprenait rien (du moins c’est ce que ressentit Liam).

_ « ... elle t’a embrassé gamin et ça, ça n’est pas anodin ».

_ « Ca me fait une belle jambe, répliqua Liam. Elle m’a jetée, juste après, et elle a eu raison… »

Eion voulait bien faire, c’était certain, mais quand il lança à Liam qu’il était gentil, il acheva le peu de patience qui restait chez le cuisinier qui écouta pourtant la suite mais sans y croire une seconde. Au contraire…

_ « ... l’alcool est mauvais pour la santé ».

Pour la première fois de sa vie, Liam se fit effronté et finit littéralement sa bière en regardant Eion droit dans les yeux. En fait, c’était un peu comme si le cuisinier entamait sa crise d’adolescence. Au vu de son âge, il serait peut-être adulte avant l’âge de cinquante ans. Peut-être…

_ « Gentil… répéta-t-il sans masquer son dédain. Bien-sûr que je suis gentil. Mon chien aussi est gentil. Un débile est gentil. Quant à la cuisine, c’est bien la seule chose que je sais faire, alors ça ne va pas peser lourd dans la balance… »

Eion insista en précisant que Liam devait se battre pour Amélia et qu’il ne devait plus se dévalorisait. Cette fois, le brun eut carrément un rire narquois, ce qui ne lui ressemblait pas du tout.

_ « Mais ça ne sert à rien, elle est déjà partie avec lui. En fait, la première chose qu’elle a faite après que je l’ai embrassée, ça a été d’aller le dire à Emerick et de tomber dans ses bras. Au moins, j’aurais servi à quelque chose, tu me diras. Comme quoi, je suis effectivement « gentil »… Youpi ! »

Agacé, Liam se leva aussitôt et laissa de l’argent sur la table pour payer sa part du repas. Le fait qu’Eion n’ait pas fini son café ne l’empêcha pas de partir sans un regard pour le personnel du restaurant. D’un pas lent, il s’éloigna, rapidement rejoint par l’irlandais qui le suivit jusqu’au parking.

_ « Je rentre, avait-il annoncé. Tu peux rester si tu veux. »

Il aurait pris un taxi, peu lui importait, mais Eion n’était pas près de le lâcher. Une fois assis dans la voiture, Liam se demanda ce que l’homme attendait pour démarrer et s’impatienta plus encore.

_ « De toute façon, je ne vois pas pourquoi je me plains, reprit-il avec une hargne peu contenue. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même après tout. »

C’était vrai… Mais pas très productif comme manière de penser.

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Je pense que j’ai changé ! Je ne peux l’affirmer, car la certitude n'est pas de mise et l'objectivité pas assez évidente pour pouvoir prétendre qu'effectivement, j'ai bel et bien changé ! C'est donc une supposition que j'esquisse, mais bon ne tournons pas autour du pot plus longtemps, j'ai changé, cela se voit non ? J'imagine déjà que les interrogations fusent et que l'on me demande "pourquoi" malgré mon hésitation. Le regard pour commencer. C'est anodin n'est-ce pas, mais laissez-moi continuer et vous comprendrez aisément que tout fait sens. Je crois que l'on dit du regard qu'il est le miroir de l'âme. Je n'ai jamais vraiment adhéré à cette connerie, toutefois, je pense qu'un regard peut en dire beaucoup sur une personne ou très peu si vous avez le regard d'un poisson mort.

Dans un regard, si l'on y prête suffisamment attention, on peut y déceler de la joie, du bonheur et c'est encore plus véridique lorsque ce même regard croise celui de la personne à l'origine de cet état. Je pense que la simple évocation de cette personne suffit à faire pétiller notre regard, sans que nous nous en apercevions. En général, les autres le font pour nous ce qui peut vite attiser le sentiment de malaise, surtout pour des asociaux comme moi.

Dans un regard, l’on peut notamment y appréhender de la colère, voir même de la détresse. Une personne peut en être l’origine, un souvenir, une époque peut aussi conférer à votre regard, une teinte bien plus sombre. Lorsque mes yeux adoptent les teintes de la détresse, c’est pour me rappeler le doux souvenir de Sarah, les fugaces années de bonheur, ce moment précis où j’ai dû m’enfuir comme un voleur en la laissant, gisante dans son propre sang. Puis immanquablement, un autre passé se mêle à l’équation. Viennent alors les images de la Pologne enneigée, des wagons à bestiaux surchargés. Auschwitz dans toute sa splendeur, je revois encore tous ces corps terrassés par la faim, ces être que cette salope de faucheuse, secondée par les « monstres » en uniforme, a emporté en toute impunité. La colère n’est jamais bien loin, car elle est de pair avec la détresse pour tout ce qui attrait à cette période que parfois, j'aimerais tant oublier.

Dans un regard, vous pouvez aussi y voir de la peur. Moi, je l’ai toujours conçu comme étant la pire des faiblesses de l’homme, mais aussi celle des mutants. C’est l’une des émotions les plus difficiles à transcrire, parce qu’en règle générale, les gestes l’éclipsent. Mais croyez-moi, il suffit d’un quart de seconde et d’une très bonne observation pour appréhender cette sombre entité vacillante qui éteint votre regard et le déleste temporairement de tout espoir, voir même de cette étincelle de vie que l’on appelle « humanité ». J’ai trop souvent vu ce regard émanait des personnes qui sortaient des wagons sur la route de la mort à Auschwitz. J’ai vu aussi ce regard chez les jeunes soldats américains, inexpérimentés que l’on envoyait en Viêtnam. Et je continue à voir ce regard, chez les jeunes mutants confrontés à des situations que leur jeune âge, ne leur permet pas de gérer.

Oui, un regard en dit beaucoup sur une personne et ça, je l'ai compris depuis des décennies. Le regard de Liam laissait paraître tout un amas de choses, un vrai feu d’artifice sentimental. Cette métaphore me plaît, mais pour éviter d'attiser les quelques tensions qui commencent à poindre à l'horizon, je me garde de partager ma petite métaphore. Et voilà que Liam aborde une qualité » que je ne lui connaissais pas. Le voilà arrogant ! J'aurai pu m'offusquer du fait qu'il fasse abstraction de mon conseil et qu'il s'enfile (pour me faire chier ) sa bière cul-sec, mais toujours dans le contrôle, je reste silencieux et inébranlable, mais me connaissant, je sais que par nature et avec ce foutu caractère qui me caractérise, je ne peux me soustraire à l'immuabilité.

« - Je t’aurais prévenu » lançais-je sans chercher à le dissuader de se bourrer la gueule, bien au contraire, je le laissais faire. Croisant les bras une fois encore, me voilà en train de le toiser légèrement du regard et je ne peux m'empêcher de le voir comme un enfant, une espèce d'ado en crise qu'en ma qualité d'aîné, je me dois d'aider. « - Oui tu as raison, c’est les gogol qui sont gentil en général. En fait quand on y pense, c’est trop naze d’être gentil, c’est bien plus gratifiant d’être un pauvre gros connard ! » Et j'en sais quelque chose ! Je ne vous cache pas qu'à cet instant, la moutarde commençait à me monter au nez, mais je me devais de rester modérer de garder mon calme face à un Liam visiblement peu enclin à me faciliter la tâche. Mais je vous l'ai dit, je ne suis pas patient par nature et cette douce mansuétude dont je faisais preuve fut aussi éphémère qu'une éclaircie en Irlande. Le sourire narquois de Liam avait eu raison de moi et de ma pseudo-patience.

« -Tu veux quoi ? Que je te plaigne ? Que je sois là à te proposer un petit mouchoir pour essuyer tes petites larmes ? » En vain, Liam lui-même agacé, venait de s’acquitter de l’addition, au du moins venait de payer sa part sans même se soucier de ma petite personne. Moi, malgré tout soucieux de ne pas gaspiller, j'avalai à mon tour, cul-sec la boisson qui trônait au fond de ma tasse avant de m'acquitter moi aussi de l'addiction, n'omettant pas le petit pourboire. A présent, il me fallait rattraper Liam, qui avait rejoint le parking. « -Tu rentres ?! Bien » Sans plus attendre, le « vieux » mutant que je suis, prit place derrière le volant. Les clés ne quittaient pas à ma poche, car il était encore trop tôt pour actionner le contact, trop tôt pour rentrer, trop tôt pour déposer les armes.

« -Tu veux que je te dise !? Tu es un petit merdeux, vraiment ! Je me faisais une joie de t’inviter à l’extérieur, de passer un peu de temps avec toi pour réparer le mal que j’ai pu te faire. Putain, tu ne te rends pas compte à quel point je me sentais coupable. Mais là, tu veux que je te dise ce que je ressens ?! Non, j’imagine que tu ne veux pas savoir et bien, je vais quand même te le dire. Je suis en colère et profondément déçu. Tu ne cherches pas à avancer, tu recules sans cesse. Putain (je cogne le volant), la vie c’est pas ça merde ! Tu es encore jeune, tu as tellement de trucs à vivre ne laisse pas le passé te plomber comme ça. Tu as tellement de qualités et tu fous tout en l’air en étant un putain d’abruti. Regarde-toi, tu es pathétique gamin et ça n’est pas comme ça que tu attiras le regard de cette fille qui de ce fait s’est barrée. Tu dois arrêter de te rabaisser, de t’excuser d’exister. Ça n’est pas un conseil ça gamin, c’est un ordre. Si je ne tenais pas autant à toi, dieu seul sait ce que tu aurais pris dans la gueule bordel de merde ! »

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Bon, Liam faisait son adolescent attardé mais après le mois qu'il venait de passer cela pouvait se comprendre. En être réduit à ne plus rien faire en cuisine, ou presque. Se voir repousser par quelqu'un à qui il tenait, la voir non seulement le repousser mais aussi partir, pour toujours, vivre sa vie avec l'amour de sa vie. Et là, il voyait bien qu'Eion avait trouvé l'amour, même si le mutant ne l'avait pas strictement dit. C'était égoïste et pas le genre de Liam, mais il était jaloux. Et fatigué. Et en colère. Et frustré.
Et tout un tas d'autres choses encore.
Eion l'agaça quand il retourna ce qu'il venait de dire contre lui.

_ Ce n'est pas ce que j'ai dit, s'impatienta-t-il.

"Mais au moins les connards ont moins de scrupules" ajouta-t-il pour lui-même. Ne vous inquiétez pas, Liam ne s'apprêtait pas à passer du côté obscur de la force, ça lui serait impossible. Mais il atteignait ses limites. Charles Xavier en avait déjà fait les frais, le matin même, quand il avait cherché à parler un peu avec son poulain. Se heurtant à un mur qui scellait l'accès à ses pensées, le directeur avait dû se contenter des mots du cuisinier et ils avaient été crus. Pour tout dire, Liam l'avait même carrément envoyé sur les roses.
Optimiste comme toujours, Charles y avait vu le signe que les choses bougeaient, enfin.
S'il avait espéré un peu plus de compréhension de la part d'Eion qui, lui non plus, n'avait pas eu une existence facile, Liam fut cruellement déçu à son tour. L'irlandais ne semblait pas d'humeur à le consoler. Au contraire, il lui demanda s'il voulait des mouchoirs et Liam quitta cette fois la table. Arrivé au parking, il avait presque eu l'espoir qu'Eion aurait au moins la décence de le laisser en paix, mais non, la journée n'était pas à la facilité. De toute façon, la facilité, c'est trop facile !
Philosophie quand tu nous tiens...
En arrivait une autre philosophie, plus corsée celle là, en provenance directe de la bouche irlandaise. Ca avait un léger goût de déjà-vu mais cette fois Liam n'avait pas demandé de leçon. Il la reçut quand même.

-Tu veux que je te dise !? Tu es un petit merdeux, vraiment !

Liam ouvrit la bouche pour exprimer son indignation mais Eion ne lui en laissa pas le temps.

_ Je me faisais une joie de t’inviter à l’extérieur, de passer un peu de temps avec toi pour réparer le mal que j’ai pu te faire. Putain, tu ne te rends pas compte à quel point je me sentais coupable.

_ Eh bien tu as une sacré façon de le montrer ! lança Liam, énervé aussi. Tu peux garder ta mauvaise conscience, je m'en fous.

Oui, la pitié, il en avait suffisamment vu dans le regard d'Amélia quand elle avait tenté de justifier son départ, quand elle lui avait dit combien il comptait pour elle malgré tout et tout un tas d'autres choses auxquelles le cuisinier se refusait de penser. D'où croyez-vous que lui soit venue sa tirade sur le fait d'être gentil ? Devinez comment Amélia l'avait qualifié...

_ Mais là, tu veux que je te dise ce que je ressens ?! Non, j’imagine que tu ne veux pas savoir et bien, je vais quand même te le dire. Je suis en colère et profondément déçu. Tu ne cherches pas à avancer, tu recules sans cesse. Putain, la vie c’est pas ça merde !

Eion alla jusqu'à se cogner la main contre le volant. Liam eut un trait d'humour glaçant qui ne lui ressemble pas, mais qui sortit quand même. Il n'en menait pas large mais il détestait le fait de se sentir, un peu, comme un petit garçon face à un adulte. C'était aussi pour cela qu'il avait envoyé paître Charles.

_ Attention ne va pas te casser la main stupidement...

Que cherchait-il ? Il ne savait pas vraiment. Il aurait voulu être seul. Mais, en même temps, être seul, c'est bien ce qui lui pesait en cet instant. Ca n'avait pas de sens.

_ Tu es encore jeune, tu as tellement de trucs à vivre ne laisse pas le passé te plomber comme ça. Tu as tellement de qualités et tu fous tout en l’air en étant un putain d’abruti. Regarde-toi, tu es pathétique gamin et ça n’est pas comme ça que tu attiras le regard de cette fille qui de ce fait s’est barrée.

_ Merci de ton expertise, railla-t-il. J'avais plus ou moins compris cet aspect de la chose mais tu fais bien de remuer le couteau dans la plaie, ça... Soulage vraiment. J'espère que ta mauvaise conscience se porte mieux.

Il cherchait la bagarre. S'en prendre une en cet instant ne semblait pas être une si mauvaise option. En plus, ça l'endurcirait. Parce que le noeud du problème c'était ça, non ? Il était trop gentil parce qu'il n'avait pas encore mangé assez chaud.
C'est terrible d'en venir à penser ainsi.

_ Tu dois arrêter de te rabaisser, de t’excuser d’exister. Ça n’est pas un conseil ça gamin, c’est un ordre. Si je ne tenais pas autant à toi, dieu seul sait ce que tu aurais pris dans la gueule bordel de merde !

Cette fois-ci, s'en était trop et le cocon de l'humour narquois sauta pour laisser la place à l'agressivité. Après tout, Eion l'avait traité d'abruti et de pas mal d'autres choses. Il était temps qu'il réponde un peu.

_ Tu n'as pas d'ordres à me donner ! Si tu n'aimes pas la façon dont je gère ma vie eh bien tant pis ! Pour qui tu te prends pour me donner des leçons ?

Les insultes. Ca c'est quand on a rien à dire. Quand on est pris au piège. D'ailleurs, le piège, c'était un peu cette voiture en cet instant. Liam voulut en sortir mais Eion ne semblait pas près à le laisser s'en tirer à si bon compte.

_ Mais putain, lâches-moi ! Tu ne vois pas que tout est de ta faute ? Sans toi je ne me serais pas pétée la main, je n'aurais pas parlé à Amélia et...

Non, même lui n'y croyait pas vraiment mais peu importait. L'important, c'était d'insulter Eion. Ca faisait du bien.

_ Va te faire foutre Eion ! Toi et tes conseils de merde !

Liam s'apprêtait à sortir mais il ne pouvait décemment pas s'afficher dans un lieu public dans l'état dans lequel il se trouvait. La honte le submergea tout entier, accompagnée par la douleur du rejet et de tout le reste. Une fois de plus, Liam avait tout gardé pour lui et il se retrouvait à exploser en boule de nerfs. Plutôt que de les affronter, il avait refoulé ses sentiments.
Ce fut son tour de cogner dans la pauvre voiture qui n'avait rien demandé et, pour bien faire les choses, Liam le fit avec sa main cassée. Il étouffa du mieux qu'il put le grincement de douleur qui en suivit mais il la savoura cette foutue douleur. Au moins, ça lui prouvait qu'il était encore en vie. Et puis, ça lui faisait tellement mal à l'intérieur, l'exorciser en se faisant mal à l'extérieur fonctionnait plutôt bien.
Le visage résolument tourné vers la vitre, Liam lutta un très bon moment contre ses larmes. Elles ne gagnèrent pas, pour une fois. Mais ses traits restèrent marqués par ce combat. En cet instant, Liam semblait épuisé. C'est souvent ce qui arrive quand on brasse du vent et quand on se débat dans un filet épais.

_ Je ne sais pas comment m'y prendre ! reprit-il finalement, pas franchement calmé, mais d'une voix brisée. Je ne sais pas comment me comporter avec les gens et... Je ne sais pas comment gérer tout ça !

D'ordinaire, il se cachait, n'en parlait pas, rangeait tout, nettoyait, arrangeait, étouffait. Mais depuis qu'Eion l'avait bousculé, cette méthode fonctionnait de moins en moins. Et la brèche avait été agrandie par l'espoir, fugace, qui avait accompagné le baiser d'Amélia, et la douleur qui en avait résulté. Il se sentait idiot, complètement. Mais il était surtout démuni.
Ca n'excusait pas vraiment tout ce qu'il venait de dire, mais bon, ça l'expliquait.

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Sarah voulait des enfants, pas moi. Elle était « normale », moi, je ne l'étais pas. Ce paramètre suffisait amplement et c'était bel et bien le seul argument que j'avais en boutique lorsqu'elle me suppliait du regard et qu'elle me demandait ce que toute femme est en droit de demander à son époux. C'est compliqué, voilà ce qui m'est venu en tête lorsque la question eut été posée pour la toute première fois. Compliqué, j'ai un gène en trop qui me cause bien des soucis. Compliqué parce que je suis un mutant, que je ne vieillis pas, du moins pas comme le commun des mortels. Compliqué parce que je ne pourrais continuer à prétendre être le père de cet enfant lorsqu'il aura passé la barre des quarante ans... Compliqué, compliqué et encore compliqué. Le réquisitoire était sommaire, je le confesse, mais suffisait à faire abstraction de cette demande somme toute légitime. Puis j'ai compris, en essayant d'imaginer une vie normale, sans l'ombre d'une mutation aux alentours, que le problème était bien plus complexe qu'il n'en paraissait. Pour dire vrai, je n'ai jamais eu la fibre paternelle et ce même après avoir passé quelques semaines avec un petit garçon à Auschwitz. Certes, je le protégeais comme personne, mais à aucun moment cela n'a nourri en moi l'envie d'avoir à mon tour un enfant. Être père implique trop de responsabilités et je ne peux prétendre être un modèle de vertu. Être père c’est s'engager sur une vie et je pouvais m'acquitter avec certitude de ce serment. J'ai tourné autour du pot pendant un moment avant d'enfin trouver le courage d'avouer à Sarah que je ne voulais pas d'enfant pour toutes ces raisons, mais plus encore, car j'étais un mutant et que je ne voulais pas que cet enfant subisse les affres de ce statut peu enviable... Mais, car il subsiste un « mais », un jour, je ne serais dire quand, j'ai accepté, par amour, d'offrir ce présent à la femme que j'ai tant aimé. Elle était heureuse, et cela, seul me suffisais. Mais le destin, la fatalité ou le trou du cul à l'origine de tout ça, ne m'a pas laissé le temps d'entrevoir un futur à trois. Sarah est morte, emportant avec elle le doux rêve d'une famille. Je me suis dès lors juré que plus jamais je n'ouvrirais mon cœur au bonheur et j'ai enterré avec ma femme, le désir de devenir père.

Énervé comme jamais, mais encore plus déçu, c'est en quatrième vitesse que j'ai réglé l'addition pour ensuite retrouver « mon protégé » jusqu'au parking. Nous avons enfin rejoint la voiture et c'est là que j'ai livré mon soliloque paternaliste. Sur le coup, je ne m'en suis pas rendu compte. Je jouais mon rôle de pédagogue voilà tout, mais je ne pouvais nier mon attachement pour Liam et le voir agir de la sorte me fit sortir de mes gongs. Là, je n'étais plus un prof, c'est un autre Eion qui avait pris ma place, un Eion révolté, déçu, mais plus encore, un Eion inquiet de voir ce gamin qui aurait pu être son fils voir même son petit-fils et j'en passe des meilleurs (je ne veux pas me donner de complexe.) Les mots sortaient sans que je ne prémédite leur sens, je parlais avec mon cœur, et ce, cœur tambourinait avec vigueur dans ma poitrine. « -Oui oui tu t'en branle de ma mauvaise conscience, mais pas moi. Contrairement à ce que tu penses, je me soucie vraiment de toi, non pas par devoir, mais parce que je tiens à toi. » Et ça n'était que pure vérité, ce gamin, j'y tenais même s'il peut se targuer d'avoir la faculté (peu enviable) de me faire sortir de mes gongs. Malgré tout, je tenais bon et laissais la colère de côté pour nous épargner une mauvaise mésaventure. Le gamin allait mal, c'était une certitude à laquelle je ne pouvais me dérober, mais plus encore, il avait besoin de solitude et ne manquait pas de le faire savoir à coups de phrases assassines. « - Ah je vois ! Laisse-moi te dire que le sarcasme te va très mal Liam et que si tu cherches la bagarre en me provoquant de la sorte, tu es tombé sur la mauvaise personne. Tu veux que je t'en colle une ? Tu crois vraiment que c'est ça qui t'endurcira ? »

L'attitude de Liam avait changé, il n'aspirait plus au sarcasme à présent et laissait paraître son agressivité. À mon tour, je me laissais contaminer par un afflux de colère que j'arrivais cependant à doser avec un peu plus de parcimonie que le petit minot à mes côtés. Voilà que maintenant, il rejetait mes conseils de « vieux sage » et qu'il me reprochait à juste titre de me conduire comme le « père » que je n'étais pas. « - Pour qui je me prends ?! Pour la personne qui va te botter le cul si tu ne te reprends pas ! Personne ne te donne d'ordres et bien ça va changer. Ton agressivité démontre que tu n'as rien d'autre à proposer et c'est bien dommage gamin. Tu veux que je te lâche ? Non-même pas en rêve. Tu veux me faire porter le chapeau pour la main cassée ? Ok, j'assume en revanche, je n'assumerais pas ton pathétique manque de courage. Tu veux que j'ailles me faire foutre avec mes « conseils de merde » ? Ok si ça te fait plaisir, vas-y continue donc à m'insulter espèce de petit trou du cul. » Je n'y allais pas de main morte, mais c'était ce qu'il lui fallait, un combat verbal à armes égales. Plus je l'observais et plus je comprenais à quel point sa souffrance était une entrave qui l'empêchait de voir le bout du tunnel. À ce moment très précis, je me tue pour qu'il puisse parler de son plein grès, quitte à m'insulter, en espérant que cela lui permette de ne plus refouler ses sentiments. Par chance, cette fois les gestes se substituèrent aux mots et la pauvre voiture en prie à nouveau pour son grade, au même titre que la main cassée de Liam. « -Tu aurais pu choisir l'autre main quitte à cogner plus fort et plus longtemps ! » Dis-je en arborant une légère ironie. « - La douleur fait parfois du bien je dois avouer. Ça te prouve que tu es encore vivant n'est-ce pas ? Je sais ce que c'est, mais crois-moi à long terme ça n'est pas la meilleure des solutions. Fiston, je connais trop bien tout cela et ça n'est pas de la prétention, c'est de l'expérience. »

Son visage tournait vers la vitre, laissait présager des larmes qui menaçaient de tomber à tout moment, puis comme une lueur d'espoir dans les ténèbres, sa voix délestée d'animosité, se fit à nouveau entendre et à nouveau, je fis preuve d'une patience dont je ne me savais détenteur. « - Bonhomme il n'y a pas de recette miracle. Il faut juste que tu arrêtes de te cacher, de tout garder pour toi, car tu vas finir par étouffer si tu continues. Je suis ton ami et jamais je ne cesserais d'être là pour toi et tu peux me croire le « jamais » n'est pas un frein. Personnellement, je ne suis plus sûr que de t’apprendre à donner des coups t'aide à avancer. Tu as besoin de t'ouvrir, de parler de vivre aussi. Tu es jeune et je suis sûr que tu as plus d'une corde à ton arc. Tu dois bien avoir d'autre passion à part la cuisine ? Tiens par exemple, je vais t'avouer un secret et je compte sur toi pour le garder. Moi, j'adore les karaokés et les scènes ouvertes. Et toi dis-moi tout ? » Oui, je venais de lui avouer une passion dont personne, pas même Séraphine ne connaissait l'existence, et croyez le ou non, aucune honte ne résulta de cette parole, au contraire, j'avais le sourire et j'osais naïvement espérer qu'il contamine Liam et qu'à son tour le « fiston » me parle de l'une de ses passions afin que nous puissions partager quelque chose d'authentique...

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Le pauvre Eion tentait tant bien que mal d'adoucir la fureur de Liam, sans grands résultats. Quand l'irlandais répondit qu'il tenait à lui et que cela expliquait qu'il se soucie de lui, Liam demeura aussi figé que d'ordinaire. Ca le touchait, au fond, mais le timing n'était pas bon. Tout entier à sa rancoeur d'avoir été rejeté par celle qu'il aurait bien vu comme la femme de sa vie, le brun n'était pas d'humeur à se laisser amadouer. Au contraire, sur le coup, il se dit plutôt que ça lui faisait une belle jambe de savoir qu'Eion tenait à lui, ce qui était faux.
Ca le touchait.
Il ne se l'avouerait que plus tard néanmoins.
Eion le plaça devant l'évidence que le sarcasme ne lui allait pas. Normal quand on connaît un peu la bête, quoique Liam avait balancé deux ou trois insultes bien placées aux frères Lester l'autre jour, Graham avait (presque) semblé impressionné. Comme quoi, Liam aussi peut être grossier. D'ailleurs, entendre des gros mots sortir de sa bouche a ceci de choquant qu'on ne les y attend pas.
En fait, Liam c'est comme une princesse : on s'imagine qu'il n'est que douceur et gentillesse. Ne manquent que les papillons qui le suivraient en permanence...

_ Pour ce qui est de m'endurcir, a priori je ne m'en sors pas trop mal. A moins que ça ne soit que le plâtre qui soit dur...

Oui, c'était pourri, nous le savons. Mais Liam devait répondre quelque chose et, quand on est à bout de tout, on lance ce qui vient.
D'ailleurs, l'impuissance se mua en colère, sourde, et en agressivité envers l'irlandais qui n'avait rien demandé. Mais bon, il avait la malchance d'être là. Et puis, il ne se laissait pas impressionner pour deux sous, ce qui agaçait plus encore Liam, parce que ça le renvoyait à son impuissance, donc à sa colère. CQFD.

- Pour qui je me prends ?! Pour la personne qui va te botter le cul si tu ne te reprends pas ! Personne ne te donne d'ordres et bien ça va changer. Ton agressivité démontre que tu n'as rien d'autre à proposer et c'est bien dommage gamin. Tu veux que je te lâche ? Non-même pas en rêve.

_ Mais qu'est-ce que tu cherches à la fin ? C'est de t'envoyer Eberhardt qui te donne l'impression que tu dois prendre soin des autres ? Tu espères gagner des points auprès d'elle si tu te montres plus gentil ? Occupes-toi plutôt de son gamin alors...

Ca c'était petit, bas et méchant. Liam le savait. D'ailleurs, il regretta aussitôt ses paroles. Il aurait dû s'excuser, ça attendrait un peu.

_ Tu veux me faire porter le chapeau pour la main cassée ? Ok, j'assume en revanche, je n'assumerais pas ton pathétique manque de courage. Tu veux que j'ailles me faire foutre avec mes « conseils de merde » ? Ok si ça te fait plaisir, vas-y continue donc à m'insulter espèce de petit trou du cul. »

Démuni, Liam trouva un ultime refuge dans la douleur, celle qui vrilla sa main brisée, quand il l’abattit sur le tableau de bord. Ca aussi c'était idiot, un nouveau record. Surtout quand on sait que le cuisinier n'attendait qu'une chose : pouvoir reprendre son travail. Mais, poussé à bout, il ne réfléchissait plus clairement. En fait, c'était une bonne chose qu'il ne soit pas seul en cet instant. Un instant, un seul, la tentation le prit d'ôter son bouclier le plus longtemps possible, pour voir s'il lui arriverait, enfin, malheur.
Mais il n'était pas de ceux-là. Il n'était que partiellement lâche. Et puis, Charles serait bien trop déçu, il ne pouvait pas lui faire ça. S'aurait été tellement plus simple pourtant.
Tellement...

_ La douleur fait parfois du bien je dois avouer. Ça te prouve que tu es encore vivant n'est-ce pas ? Je sais ce que c'est, mais crois-moi à long terme ça n'est pas la meilleure des solutions. Fiston, je connais trop bien tout cela et ça n'est pas de la prétention, c'est de l'expérience.

Epuisé par ce cheminement intérieur, Liam craqua. Il parvint à ne pas pleurer, mais il se tourna résolument vers la vitre pour fuir le visage irlandais, qui avait, une fois de plus, réussit à briser ses maigres défenses. Eion avait eu l'intelligence de ne pas se formaliser de ses piques et de son agressivité, pour voir au travers, beaucoup trop.

_ Bonhomme il n'y a pas de recette miracle. Il faut juste que tu arrêtes de te cacher, de tout garder pour toi, car tu vas finir par étouffer si tu continues. Je suis ton ami et jamais je ne cesserais d'être là pour toi et tu peux me croire le « jamais » n'est pas un frein.

Il avait raison, naturellement. Mais Liam se sentait démuni. Arrêter de se cacher ? Mais quand il le faisait, on partait.
"on"... Objectivement, il n'y avait qu'Amélia. Et plus objectivement encore, ce n'était pas à cause de lui, mais pour elle. Faire l'amalgame était plus simple, trop simple sans doute.

_ Personnellement, je ne suis plus sûr que de t’apprendre à donner des coups t'aide à avancer. Tu as besoin de t'ouvrir, de parler de vivre aussi. Tu es jeune et je suis sûr que tu as plus d'une corde à ton arc.

Un rire, ironique, froid, prouvait que le cuisinier ne partageait pas cette opinion, mais il avait la gorge encore trop serrée pour le verbaliser. Sans se décourager, Eion poursuivait, d'une manière totalement improbable.

_ Tu dois bien avoir d'autre passion à part la cuisine ? Tiens par exemple, je vais t'avouer un secret et je compte sur toi pour le garder. Moi, j'adore les karaokés et les scènes ouvertes. Et toi dis-moi tout ?

Imaginer Eion, ce grand gaillard d'ordinaire un peu bourru et d'apparence fermé sur une scène en train de chanter "My Heart will go on" sortit Liam de ses retranchements et il consentit même à scruter un instant l'irlandais pour s'assurer qu'il ne se payait pas sa tête, ce qui ne semblait pas être le cas. Le silence se prolongea une ou deux minutes, puis Liam dut bien consentir à répondre. Il commença par le plus urgent.

_ Eion, je suis désolé. Pour tout ce que j'ai dit. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

Vraiment ?

_ Enfin si... Tu m'as sérieusement tapé sur le système. Ca aussi ça semble être une de tes spécialités...

Etait-ce sa faute pour autant ?

_ Je n'aurais pas dû accepter ce repas. Je suis à cran et ça ne pouvait que tourner court. De ça aussi je m'excuse.

Non, il ne s'écrasait pas, il reconnaissait ses erreurs, nuance. Il en serait volontiers resté là mais l'irlandais n'allait pas le lâcher de sitôt, comme il l'avait affirmé à plusieurs reprises. Après un soupir, le brun reprit, guère vaillant.

_ La vérité c'est que j'avais vraiment espéré qu'Amélia serait la bonne. On a tellement partagé de choses, elle savait presque tout de moi. Il n'y a qu'à elle que je pouvais parler comme ça... Pourtant, elle l'a choisi lui. Je peux la comprendre, il lui apportera bien plus de choses.

Ca aussi c'était un constat, objectif pour le coup.

_ Emerick est créatif, passionné et vivant. Il a tendance à sauter sur tout ce qui bouge et, si j'apprend qu'il continue à présent qu'il est avec elle, j'irais lui casser la gueule moi-même, mais je ne pense pas. Il a quitté Ambre dès qu'Amélia est venu le trouver. A priori, il veut la jouer fair-play. En tant qu'ami, je devrais être content pour eux.

Oui, il devrait.

_ C'est comme pour madame Eberhardt et toi. Je devrais me réjouir que tu aies trouvé quelqu'un mais je ne suis que... Jaloux. Je sais que c'est de ma faute. Tu l'as dit toi-même : je dois changer si je veux que les choses changent. Mais je ne sais pas comment m'y prendre. Parler avec les gens c'est souvent très compliqué. Je sais écouter, garder leur secret, mais parler de moi...

Nouveau soupir avant de poursuivre. Comme quoi, parler, il sait le faire en vrai !

_ La réalité c'est que je n'ai rien d'intéressant à dire. Je ne suis pas intéressant. Et tu dis que je suis jeune. De ton point de vue, c'est vrai, mais j'ai passé l'âge pour l'inexpérience. Les femmes ne veulent pas d'un abruti comme moi et elles ont raison. Je ne sais pas comment ça marche, ce qu'on doit faire ou non, dire ou non.

Là on tendait un peu vers l’apitoiement quand même.

_ En dehors de ma cuisine, j'ai mon chien et mes juments. Je danse, mais pour moi. Je suis un piètre musicien. Je n'ai pas de culture et je ne suis pas aussi intelligent que la plupart des gens. bref, je suis totalement inintéressant.

Parce qu'Eion allait répliquer, Liam prit les devants, sans réfléchir pour une fois.

_ Si, je suis inintéressant. Je n'ai jamais quitté le pays, je n'ai jamais pris de cuite, jamais rien fait d'illégal. Bordel, je n'ai même jamais touché une femme !

Réalisant ce qu'il venait de dire, Liam se figea totalement. Eion allait éclater de rire, d'un instant à l'autre. Forcément.

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

On change, en bien ou en mal, qu’on soit jeune, vieux. Il n’y a aucune limite au changement et il n’est jamais trop tard pour l’accepter. Oui, je change, il m’aura quand même fallu attendre longtemps avant de le reconnaître, car moi l’Irlandais trop fié, je restais camper sur mes positions. J’avais une réputation à entretenir, je me devais d’être le plus détestable possible afin que toutes les personnes qui osaient me tendre une main, regrettent par la suite leur geste. Ma doctrine était jusqu’alors parfaitement rôdée, puisque je l’appliquais depuis des années « Gros con un jour, gros con toujours » Quelle belle blague ! Le professeur l’avait compris avant même que je ne franchisse définitivement le hall d’entrée. J’ignorais comment il avait procédé, avait-il lu dans mon cœur ? En était-il capable ? Avec Charles Xavier, il ne faut douter de rien, et même l’impossible s’accommode au possible. Je crois que ce type n’a aucune limite et qu’on devrait tous l’écouter. Sa parole est d’or et il est certainement le meilleur mentor que l’on puisse rêver d’avoir, et même si c’est couteux de l’admettre pour un type qui frôle les deux siècles, je suis forcé d’admettre que notre professeur à roulettes est un exemple pour moi. Bon, j’ai encore pas mal de progrès à faire avant d’atteindre le dixième de son aura, mais j’y travaille en ce moment-même…

Si de prime abord, j’avais grillé, bien vite tous mes jokers en poussant encore et encore Liam au bord de la falaise, risquant moi-même de sombrer en laissant la colère due à l’exaspération, prendre le dessus, j’avais à présent opté pour une toute autre technique, la sincérité qui de ce fait n’était pas une technique, ni même une approche. Je m’étais contenté d’être moi-même, le vrai Eion, celui qui se cache derrière un masque depuis des décennies, celui qui sourit pour rien quand personne ne daigne l’observer. Celui qui fait preuve de délicates attentions quand la personne intéressée daigne lui accorder quelques minutes. Celui qui aime la vie malgré tous ses aléas. Un homme sans le côté extraordinaire de la mutation, rien de plus.

« - Non c’est bon ne t’excuse pas. Je pense, mais peut-être que je me trompe, que se défouler verbalement est presque aussi salvateur que de cogner quelqu’un et puisque tu as déjà testé cette technique *regarde le plâtre* sans succès, je suppose que la seconde alternative est la meilleure. Et puis tu as raison, je suis, sans vouloir me lancer des fleurs, excessivement doué pour taper sur le système des gens. Tu n’es pas le premier à louer « cette qualité » Oh ça non et il ne sera pas le dernier, ça, j’en suis sûr. «- Mais, car il subsiste un mais, je trouve que tu es, à ta façon assez doué pour me taper sur le système. » Je me tais, histoire de ménager un faux suspens qui n’a pas, en de telles circonstances, lieu d’être. Avant que je ne lui délivre la fin du mystère, il faut que Liam comprenne lui-même d’où vient le problème. « - Quand je t’écoute te rabaisser sans cesse, j’ai envie de prendre une pancarte d’y écrire que « la vie n’est pas un kiwi » et de te la coller sur le torse pour que tout le monde puisse en profiter. Ce repas, c’était une bonne idée et crois-moi, je n’ai pas le monopole des bonnes idées ces derniers temps. Alors non, je n’accepte pas tes excuses, parce qu’elles n’ont pas lieu d’être. » Puis sentant que j’avais un peu trop monopolisé la parole et parce que je ne suis pas du genre à être trop bavard, j’entrepris de m’éclipser pour que mon jeune camarade puisse à son tour parler à sa guise… Mais avais-je bien fait de procéder de la sorte ?

« - On y revient n’est-ce pas ! Je ne connais pas cette Amélie donc il est clair que je ne suis pas la bonne personne pour en parler. Je ne connais pas non plus Emerick donc et ce même si j’ai une très grande affection pour toi, je ne vais pas le traiter de tous les noms. Tu sais l’amour s'est très compliqué, voir trop prise de tête. Parfois, c’est beau, parfois, c’est moche. Ça l’est en général quand la réciprocité n’est pas de mise. Mais une fois encore, je suis mal placé pour parler de personne que je ne connais pas. Peut-être que ça n’est pas réciproque, mais peut-être que ça l’est. Tu lis dans les pensées ? Non ! Tu es empathique ? Non plus. L’être humain est très compliqué Liam. On ne peut jamais savoir à l’avance ce qui va arriver. Ok ce type est créatif, ok il est vivant et passionné. Sauf, si je me trompe toi aussi tu es vivant en théorie. Et excuse-moi, mais la cuisine, c’est de l’art, il faut être créatif pour régaler les autres. Et preuve que tu es quelqu’un de bien, avec des valeurs, tu acceptes en tant qu’ami, d’être ravi pour eux, et ce, malgré les antécédents d’Emerick. Tu sais avec madame Eberhardt ce n’est pas toujours simple et puis jamais je n’aurai cru intéresser une femme comme elle et pourtant regarde. Je ne suis pas un gros malin, ni un artiste, je déteste les maths et je ne suis pas le meilleur des exemples pour son fils. Pourtant, je crois lui plaire. L’imperfection n’est pas une faiblesse, c’est une force. Prends-le comme tel et écoute les conseils du vieux sage ! »

Petit sourire en coin et main sur l’épaule. J’espère ainsi et sans grande conviction, le rassurer, mais j’ai affaire à une sacrée tête de bourrique qui n’a de cesse de se rabaisser encore, encore et encore. Liam est une espèce de cycle dans sa tête. Il ne sait faire que se rabaisser et oublie de ce fait de voir le meilleur en lui. Moi, je le vois, je l’entends, le comprends. Ce gamin est un être exceptionnel, un gars bien, avec des valeurs et du respect, c’est devenu tellement rare de nos jours. Pourquoi ne le voit-il pas ? Je ne vais tout de même pas lui foutre un autre coup de pied dans le derrière, il ne pourra plus marcher à force.

« -Je n'ai rien d'intéressant à dire, je ne suis pas intéressant… Tu veux que j'appelle Calimero aussi ? Arrête de t'apitoyer merde ! A ce que je sache tu n'es plus un gamin. » Nouvelle pause, car je sens qu'il a besoin de parler. Pitié, pourvu qu'il arrête de s'apitoyer, car la moutarde, commence à me monter au nez. Puis là, c'est le drame, enfin non pas le drame… disons que la chute était inattendue. « - Attends quoi ? Tu es vierge ? Toi ? Alors voilà tout s'explique. Ah mon grand, ce n'est pas grave ça et ça ne doit pas être une honte. Tu sais, ce n'est pas parce que tu couches avec une femme que tu es le roi du pétrole. Et inversement, ça n'est pas parce que tu ne l'as pas fait, que cela implique d'être un débile ou en l'occurrence un type sans intérêt. Bon ce qu'on va faire c'est que la prochaine fois, tu prends tes affaires et je t'amène en Irlande pour voir du pays. Ensuite pour la cuite, il y aura de quoi faire là-bas. Pour ce qui est de l'illégalité, tu as frappé à la bonne porte. Enfin pour le reste, ça tu le feras quand tu seras prêt et avec la bonne personne, parce que toi tu n'es pas un enfoiré et que je suis sûr que l'amour sera un besoin et le sexe une envie. Je précise que c'est une citation de je ne sais plus qui. Je voulais faire genre, que je suis capable de sortir des trucs philosophiques. Aller souris merde ! La vie est belle, tu es jeune et tu trouveras la bonne personne ça je n'en doute pas une seconde. »

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Eion restait fidèle à lui-même puisqu'il commença à taquiner Liam sur ses incompétences à cogner sans se blesser. Le cuisinier lui lança un regard torve avant de convenir, en silence, qu'il n'avait pas tout à fait tort sur ce point. Pendant ce temps, l'irlandais avouait être passé maître dans l'art de taper sur le système de gens, ce qui était amplement véridique. Ce n'était pas tant ce qu'il disait, ni comment il le disait, c'était sa capacité à trouver instinctivement les points faibles pour mieux tacler droit dessus.
Un "mais" fit redouter à Liam un retour de bâton mais Eion se contenta de lui retourner le compliment, qui n'en était pas un.

_ Merci, s'amusa le brun. Ca me touche vraiment ce que tu dis.

Oui l'humour. Un excellent moyen pour se distancer de la conversation, parce qu'il n'avait pas même l'espoir d'échapper à la suite. Eion n'était pas prêt de le lâcher, il l'avait dit lui-même.
La vie n'est pas kiwi... Mais bien sûr Eion !

_ Qu.. Hein ?

Oui, Liam est un peu moins éloquent que moi, mais bon personne n'est parfait ! Eion refusa ses excuses, Liam se contenta de hausser les épaules. Il n'allait pas se battre pour si peu, d'autant qu'il avait mieux à faire ; pleurer sur son sort notamment.
Eion commença sa tirade et Liam le coupa dans son élan, histoire de clarifier les choses, alors qu'il arguait qu'on ne sait pas ce qui peut arriver, ce qui n'était pas entièrement faux.

_ Non, ils sont faits pour être ensemble. Et quand bien même ça ne marcherait pas, Amélia ne m'aime pas, pas comme ça. N'insiste pas, c'est sans espoir. Et j'aimerais autant ne plus en parler.

Mouwahaha ! Espoir quand tu nous tiens...
Ensuite, Liam se contenta d'hausser les épaules, plusieurs fois. Il ne se trouvait pas aussi formidable que ce qu'Eion laissait entendre et quand l'irlandais évoqua sa propre relation du moment, eh bien Liam le laissa faire sans s'empêcher de penser "oui, mais toi, la fille, tu l'as...".

_ Le charme a ses limites tout de même...

Sous entendu "si tu étais vraiment un total abruti, tu ne l'aurais pas la fille. Je dis ça, je dis rien...".
La suite fut une succession de pleurnichage dans les règles de l'art, ce que ne manqua pas de faire remarquer Eion. Ca agaça notre gros bébé brun, au point de l'empêcher de réfléchir avant de parler, ça arrive souvent quand l'énervement prend le pas sur la raison.
Et il avoua son terrible secret...
Bon ok, c'est pas horrible non plus, mais admettez qu'à son âge il y a de quoi stresser et se focaliser sur le sujet. D'autant plus que, plus le temps passait, plus la possibilité d'y remédier semblait s'éloigner.

_ Fous-toi de ma gueule et je te jure que je te fais bouffer tes dents !

Acculé, Liam attaquait. Heureusement, l'irlandais n'était pas d'humeur à se moquer. Au contraire, il semblait étrangement... Compréhensif ! Après un temps de latence, tout de même. Stupéfaction oblige...

- Attends quoi ? Tu es vierge ? Toi ? Alors voilà tout s'explique.

Sourcils froncés, le cuisinier attendit la suite avec la plus grande des attentions, mais un méchant doute le saisit. Cela se voyait-il, finalement ? D'autres personnes le savaient-elles ?

- Tu sais, ce n'est pas parce que tu couches avec une femme que tu es le roi du pétrole. Et inversement, ça n'est pas parce que tu ne l'as pas fait, que cela implique d'être un débile ou en l'occurrence un type sans intérêt.

Bah un peu quand même ou alors il n'y aurait pas un tel tabou à ce propos !

_ Si j'avais seize ans, ce que tu dis aurait du sens. Là, c'est juste... Pathétique !

Posons-nous un instant la question du pourquoi Liam est vierge. Certes, les occasions avaient manqué mais pas totalement. C'était surtout que Liam manquait de confiance en lui, et qu'il n'avait guère conscience d'à quel point c'est agréable d'être dans les bras d'une femme. Il avait aussi trop de respect pour les femmes pour les utiliser de la sorte, même si certaines ne demandent que ça, dans le sens où elles ne veulent pas s'encombrer de sentiments.
Mais la psychologie féminine, il ne s'y était guère confronté et les rares fois où il l'avait fait il l'avait regretté. L'habitude aidant le manque de courage, il s'était résolu à l'idée de rester seul. Mais ça commençait à lui peser, qu'il veuille le reconnaître ou non.
Ne restait plus qu'à accepter que c'était totalement normal. Pour une fois que qu'on pourrait le qualifier de "normal"...

-Bon ce qu'on va faire c'est que la prochaine fois, tu prends tes affaires et je t'amène en Irlande pour voir du pays. Ensuite pour la cuite, il y aura de quoi faire là-bas. Pour ce qui est de l'illégalité, tu as frappé à la bonne porte.

Aussi simple que ça, hein ? Liam en doutait.

_ Je ne peux pas quitter l'institut, surtout en ce moment. Il paraît qu'il y a tout un tas de personnes qui ont besoin de se nourrir...

Bon il y aurait l'été, bien-sûr, mais il ne voulait pas attendre jusque là.

- Enfin pour le reste, ça tu le feras quand tu seras prêt et avec la bonne personne, parce que toi tu n'es pas un enfoiré et que je suis sûr que l'amour sera un besoin et le sexe une envie. Je précise que c'est une citation de je ne sais plus qui. Je voulais faire genre, que je suis capable de sortir des trucs philosophiques.

_ Je me disais aussi...

- Aller souris merde !La vie est belle, tu es jeune et tu trouveras la bonne personne ça je n'en doute pas une seconde.

Encore faudrait-il ne pas la faire fuir... Ou rire... Mais c'était une autre histoire.

_ Bah elle se sera fait désirer la bonne personne... bougonna-t-il, même s'il n'était pas innocent dans l'histoire.

Puis, Liam redevint sérieux. L'heure était grave.

_ Eion, ça va sans le dire, mais je pense que ça va mieux en le disant tout de même... J'aimerais que ça reste entre nous...

Pas besoin de formuler sa pensée, l'irlandais comprendrait forcément. Irlandais qui devait bien le voir rougir un peu quand même.

_ Et ne t'inquiète pas, je garderais le secret pour Mme Eberhardt et toi. Même si des rumeurs courent déjà à votre propos. Tu comptes faire quoi pour son fils ? Il est au courant au moins ? Je crois savoir que vous avez un bon contact tous les deux.

Un fils. La chose la plus improbable que Liam pouvait envisager pour lui. Il était incapable d'avancer, il ne saurait pas comment guide un individu innocent...

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Eion, ô grand Eion le visage de sagesse ?! Ou pas. En fait c'est difficile d'imaginer qu'une telle personne puisse se pourvoir d'une quelconque sagesse et pourtant nous y voilà ! Abordons non sans prendre quelques pincettes au préalable, une partie délicate dans la vie d'un jeune homme. Oui, aussi dingue que cela puisse paraître le beau cuisiner de l'institut était encore au stade de la page blanche en ce qui concerne le monde fabuleux des dessous de jupe. Cette révélation aussi surprenante qu'inattendue se suffisait à elle-même pour éclaircir tout un tas de choses. En partie l'agressivité du jeune homme à l'encontre de son aîné, qui était resté malgré tout très patient et encore plus lorsque le cuisinier osa lui faire part de son petit mais pesant secret. « -Hey mollo gamin ! Je ne me suis pas foutu de ta poire aux dernières nouvelles ! » Les sourcils froncés le jeune homme continuait à rester sur la défensive et à juste titre, car même si Eion faisait preuve de patience le sujet n'en rester pas moins « polémique » ou du moins difficile à aborder. L'Irlandais souffla longuement, le temps requis pour trouver les bons mots et ne pas acculer davantage le pauvre Liam. « - Bon ok, tu n'as pas seize ans, c'est vrai ! D'ailleurs entre nous, je ne sais même pas quel âge tu as et loin de moi l'idée de m'en foutre royalement. L'âge ce n'est qu'un détail, enfin ça l'est quand tu n'arrives plus à compter. » L'humour, cette carte sous forme de joker se promène toujours dans la manche de l'Irlandais, juste au cas où et à cet instant très précis, le moment était propice pour l'abattre sur la table de jeu.

Puis voilà que notre mutant immortel favori se met à proposer une sortie au jeune cuisiner. Mais pas le genre de sortie reposante, éducative… Eion, ô grand Eion, tu aurais pu te montrer sage, illustre et ramener le pauvre Liam sur la bonne voie, mais non… la sagesse n'est vraisemblablement pas ton truc et tu ne t'en caches pas en proposant à ta jeune recrue de l'amener en Irlande pour ensuite se prendre une bonne cuite et commettre quelques petits actes non héroïques mais au combien illégaux. On ne propose pas cela à quelqu'un qui de toute évidence, manque de confiance en lui. Liam déclina tout naturellement la proposition en servant à son interlocuteur, une excuse bien salée. Eion dubitatif le regarda en arborant une petite moue. « - C'est moi ou tu viens de me servir une excuse pourrie ? Les gens survivront bien un weekend non ?! Il faut que tu arrêtes de te trouver des excuses et si l'Irlande te paraît trop éloignée on trouvera autre chose ! Et oui je ne suis pas un philosophe, c'est une évidence, mais j'ai assez vécu pour avoir le droit de faire de la citation. Aller merde ! Liam la vie est belle, bon elle n'est cependant pas toute rose, mais elle n'en demeure pas moins moche. Fais un effort, tu es jeune, pas trop con et pas trop moche. Le monde est grand et bien peuplé de surcroît, tu trouveras quelqu'un qui arrivera à te supporter je n'en doute pas une seconde. »

Une fois le discours paternaliste achevé, le mutant instaura quelques silences pour ponctuer la conversation, histoire de laisser décanter la réflexion, Liam en profita pour reprendre la parole, son air grave ne présageait rien de bon, mais l'Irlandais s'en accommodé comme à chaque fois. « - Tu crois vraiment que je vais aller le crier sur tous les toits ? » Il faisait le fier sur le coup, une fierté qui prit vite un coup lorsque Liam évoqua le cas « Eberhardt ». Le sourire d'Eion s'effaça progressivement. « -Des rumeurs ?! Attends quelles genres de rumeurs ? Qu'est-ce qu'on raconte sur nous ? » Il se tue quelques instants, ainsi des rumeurs circulaient déjà ? Et Scott était-il au courant ! « -Merde ! Non il n'est pas au courant, enfin si je crois… je ne sais plus ! Il ne m'en a pas parlé, sa mère non plus. En fait on ne parle pas beaucoup. S'il y a déjà des rumeurs, Séraphine risque de péter un plomb ! On va évité d'aborder ce sujet tu veux bien ?"

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Eion resta relativement calme même s'il fit remarquer à Liam qu'il ne s'était pas moqué de lui, donc que le cuisinier n'avait pas de raison d'être agressif. En bon autiste refoulé qui se respecte, Liam se contenta de garder son regard noir, histoire de lui faire passer toute potentielle envie de le faire.
Prudence est mère de sûreté.
Et puis, il était profondément mal à l'aise. D'ailleurs, il s'en voulait, d'avoir avoué un pan aussi intime de sa vie, quelque chose que l'irlandais n'avait pas à savoir. Après tout, ça ne le concernait pas puisque Liam n'envisageait pas de finir au lit avec lui... Pourtant, il l'avait dit. Il se renfrognait en songeant que c'était une bêtise, un lapsus, mais n'était-ce pas simplement un appel à des conseils ?

_ Trente-et-un ans, répondit Liam, même si Eion n'avait pas vraiment posé la question. Et, si, ça a son importance. Je présume qu'en dépit de ta mutation tu n'as pas attendu quarante-ans pour sauter le pas...

Ca, c'était une question, latente, mais Liam était trop poli pour la poser directement même s'il était curieux d'entendre la réponse. Pas juste pour connaître la vie sexuelle d'Eion, qui ne le regardait pas, mais bien pour un point de comparaison.
Pour prouver, si besoin était qu'il était en retard, anormal, différent...
Qu'aucune femme ne voudrait de lui...

_ Ce n'est pas par conviction religieuse ou un truc dans le genre, poursuivit-il en se demandant pourquoi il continuait à parler. C'est juste... Je... J'en serais capable, hein ? Physiquement, tout fonctionne. Je n'ai aucun problème ! Mais je... Euh...

Il n'avait jamais parlé suffisamment longtemps avec une femme pour ne serait-ce qu'envisager de sauter le pas. Quant à l'idée d'engager une professionnelle pour régler l'affaire, il avait une plus haute opinion de sa personne et un trop grand respect pour la gente féminine.
Virant écarlate, il ne trouva plus rien à ajouter de s'enferma dans le silence jusqu'à ce que le sujet ne change.

- C'est moi ou tu viens de me servir une excuse pourrie ? Les gens survivront bien un weekend non ?! Il faut que tu arrêtes de te trouver des excuses et si l'Irlande te paraît trop éloignée on trouvera autre chose !

Liam se contenta, dans un premier temps, de hausser les épaules. Oui, c'était clairement un prétexte. Et puis il existait des destinations plus proches. Il avait toujours rêvé d'aller à Las Vegas, sans jamais oser naturellement. La ville du vice, du jeu, celle qui ne dort jamais... Il aurait pu prétendre y être qui il voulait. Pouvait-on bluffer une femme au point qu'elle ne se rendre compte de rien ?

_ Non... Disons... Juste que l'Irlande, c'est beaucoup d'avion sur 48h...

Pas qu'il en ait peur, hein ? Il n'a pas TOUS les défauts de la Terre. Simplement, si l'appareil venait à se cracher, il se retrouverait au milieu de l'océan et là, à terme, il pourrait affectivement mourir... Mais pourquoi pensait-il à ça brusquement ? Il se le demanda avant d'enchaîner.

_ Une ville américaine, ça pourrait le faire.

Quoique, le Mexique ou les Caraïbes ça restait clairement pas loin. Hawaï même. Mais autant avancer lentement. Une chose à la fois.
Las Vegas. Ce n'était pourtant pas compliqué à dire !

_ Tant qu'à faire, il faudrait choisir quelque chose d'assez éloigné...

Histoire de ne pas tomber sur un élève. Et d'être vraiment libre, songea-t-il tandis qu'Eion poursuivait son laïus.

_ ...Fais un effort, tu es jeune, pas trop con et pas trop moche.

_ On t'as déjà dit que tu avais le sens du compliment ? se moqua-t-il en affichant pourtant un grand sérieux.

Et ce n'était pas fini !

-...Le monde est grand et bien peuplé de surcroît, tu trouveras quelqu'un qui arrivera à te supporter je n'en doute pas une seconde.

Liam resta un instant immobile avant de hausser un sourcil et d'énoncer ce qui était presque une question.

_ J'ai l'impression que tu essaies d'être encourageant... Mais c'est loin d'être évident.

Le silence fut ce qui répondit le mieux à la question d'Eion après que Liam lui ait demandé de garder le silence. Il préférait l'avoir dit à voix haute, pour qu'il n'y ait pas la moindre ambiguïté.
Arriva la question des rumeurs et Liam regretta presque d'en avoir fait part à son ami.

_ Eh bien les élèves évoquent d'une manière plus ou moins crue le fait que Séraphine et toi vous... Tu comprends. Apparemment, pas mal de monde a remarqué qu'elle est, disons... Plus détendue ces derniers temps.

Lui-même l'avait clairement vu, ça et le fait qu'elle se soit mise à sourire. Mais il ne voulait pas le dire à voix haute.
En termes de rayon de soleil, il n'avait pas de leçon à donner...

-... En fait on ne parle pas beaucoup.

Cette fois, il ne put le retenir, le sourire, mais il s'abstint de tout commentaire.

- S'il y a déjà des rumeurs, Séraphine risque de péter un plomb ! On va évité d'aborder ce sujet tu veux bien ?

_ Pourquoi cela la dérangerait-elle ? Vous avez parfaitement le droit de vous fréquenter. En plus, elle est divorcée depuis des années maintenant, je ne vois pas où serait le problème.

Liam se posa concrètement la question.

_ C'est par rapport à son fils, tu crois ? Elle redoute qu'il n'apprécie pas ? Dans ce cas, la solution serait certainement de lui en parler au contraire.

Oui, Liam ne saisissait pas ce qui clochait. Il n'avait pas suffisamment d'éléments pour les faire.

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Eion sourit et porta un regard emplit d'affection sur son jeune camarade qui n'avait de cesse de le surprendre de par sa maladresse et ses quelques tentatives (avortées) pour rester un tant soit peu « digne » malgré ses 31 printemps. « - OK, trente et un an bien ! Je suppose que la suite de ta réplique découle d'une question latente que tu n'oses pas me poser par politesse. Et bien je ne saurais te dire avec exactitude quand j'ai sauté le pas pour la première fois. Aller à tout casser, peut-être une vingtaine d'années sans grande certitude. Tu sais quand on ne vieillit pas, on finit par arrêter de compter. » Réflexion au combien pertinente de la part de l'Irlandais presque à court d'arguments pour tenter de convaincre Liam. « - Dieu et la religion sont des excuses bidon pour tout ce qui touche au sexe. Et si tu t'imposais tout ça au nom de je ne sais quel dieu, je serais bien le premier à me foutre de toi. Fermons cette parenthèse, mais permets-moi de te dire amicalement que tu t'enfonces à te chercher des excuses. » Eion était à sa façon tout aussi maladroit que son compère. Brute de décoffrage, il ne prenait pas le temps de réfléchir avant de répondre, ce qui donnait lieu à ce que l'on pourrait appeler, dans le langage cinéphile, des répliques culte. « -Si tout fonctionne correctement ne te fais pas de bile, ça ira quand ça arrivera. Et si ce n'est pas en Irlande, soit, on trouvera bien un autre endroit où saluer dignement. » Il est vraiment que l'Irlande n'était pas la porte d'à côté et qu'il eut été plus judicieux pour l'éternel rebelle de proposer une destination plus proche afin de ne pas griller trop d'étapes avec Liam qui virait à l'écarlate et préférait de ce fait, restait silencieux au grand dam de son interlocuteur qui continuait à bien ramer.

« -Bon ok je suis peut-être un peu abrupte dans ma façon de voir les choses. OK, ok j'accepte tes critiques si tu souhaites les formuler à haute voix. J'accepte aussi ta proposition, j'imagine qu'il y a bien quelques villes sympathiques où tu pourrais te décoincer le concombre » Il se tue aussitôt scrutant la réaction de son jeune ami. « -Je déconne ! Bon, on part sur une ville américaine, suffisamment éloignée pour ne pas tomber sur un élève ou autre membre du staff de l'Institut. Le Mexique, ça ne me semble pas mal non ?! Et que dirais-tu de Cancun ? J'ai entendu dire qu'on s'éclatait pas mal là-bas ! Allé, le jeune pas trop moche, pas trop con, il est temps de prendre une décision qui changera peut-être (ou pas) ton futur » Liam se permit de mettre en exergue la diplomatie du bel Irlandais qui peinait, malgré ses efforts, à faire ne serait-ce qu'un compliment susceptible de ne pas froisser le cuisinier. « - Oui bah les compliments c'est pas mon truc ok ? Je préfère les accepter que de les donner. Et puis tu ne m'aides pas beaucoup toi non plus ! »

Jusqu'alors l'immortel menait la barque, mais lorsque Liam évoqua Séraphine, notre beau gosse bicentenaire perdit de sa superbe. « - Le fait que Séraphine et moi quoi ? Que l'on s'envoie en l'air ? On essaie d'être discret et… Attends quoi ? Tu l'as trouve plus détendue vraiment ? Je pensais que… En fait, elle a du mal à parler avec moi, elle essaie, je le vois bien, mais c'est encore difficile, je pense. Au début, je flirtais avec tu vois ? Mais peu à peu, j'ai commencé à me dire que cette nana était différente et qu'elle méritait bien plus que de la drague à deux balles. Après s'est allé vite, enfin, je suis allé vite et on… Bon, je te passe les détails. Je n'imaginais pas lui avoir apporté quelque chose, tu vois ? Je croyais que ça n'était que physique entre nous, du moins de son point de vue. Et puis il y a Scott. Je l'aime bien ce gamin et je crois qu'il m'apprécie. J'ai peur de tout faire foirer en lui parlant et puis je ne suis pas sûr que le problème vienne de lui.»

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Liam ne pensait pas qu'Eion répondrait. Après tout, ça ne le regardait pas vraiment. D'ailleurs notre cuisinier ne demandait aucun détail, juste qu'il souhaitait appuyer son propos, si besoin était.
Sans être totalement vieux jeu, Liam avait été atterré en découvrant que des adolescents très jeunes avaient plus d'expériences que lui. Il avait longtemps cru à de l’esbroufe lorsque les jeunes de 13 ou 14 ans se vantaient devant leurs camarades. Mais, un jour, il en avait surpris deux. Savoir qui était le plus mal à l'aise des trois serait complexe, mais le plus choqué c'était bel et bien lui !
Pourquoi ? Pourquoi si jeune surtout ?
Lui se reprochait d'attendre en étant si vieux, mais il existait un juste milieu !
Au moins, le brun pouvait se targuer de n'avoir pas fait n'importe quoi sous prétexte de se conformer à ce que la société perçoit comme la normalité. Bon, il ne se sentait pas normal non plus et aurait préféré avoir sauté le pas, mais c'était une autre question. Comme celles qu'il aborda pour préciser sa pensée et qui se soldèrent par une remarque amicale d'Eion, lui indiquant qu'il aggravait son cas, ce qui n'était que trop vrai. Liam aurait dû fermer la bouche et ne plus rien dire mais il avait tenu à préciser qu'il ne souffrait d'aucune difformité physique, ni d'un quelconque problème.
Il avait sérieusement rougi au passage, n'abordant jamais le sujet avec qui que ce soit. Ca l'aurait sans doute aidé un peu...
Liam ne poursuivit donc pas sur ce sujet, préférant penser à l'excursion proposée par son camarade. L'idée d'un road trip entre mec lui plaisait beaucoup. Dans les films, ça avait l'air toujours d'être très cool. Et puis, les occasions de s'amuser étaient rares. Ou, plutôt, Liam ne les saisissait jamais, mais il avait décidé d'en finir avec les mauvaises habitudes. Il voulait s'amuser. Son compte en banque était suffisamment rempli pour qu'il ne s'inquiète pas de ce sujet, lui qui ne dépensait rien ou presque, pour lui.
Shamrock, ses chevaux et sa chatte avaient de la bonne nourriture et tout un tas de gadgets pas forcément utiles, mais lui se contentait du strict minimum. Sa dernière dépense la plus considérable avait été une chaîne Hi-Fi dernier cri pour la cuisine, parce qu'il ne pouvait pas travailler sans musique. Pour une fois, il ne s'était pas contenté du milieu de gamme, il avait pris un système de son très pointu et idéal pour le mélomane qu'il est.
Bref, il pouvait TRES bien partir pour un week-end de folie.
Il expliquait les critères pour ledit week-end, à savoir moyennement loin, pas trop près, et sur le continent américain, quand Eion lança quelque chose qui le scia sur place.
Heureusement, il était déjà assis...

_ J'accepte aussi ta proposition, j'imagine qu'il y a bien quelques villes sympathiques où tu pourrais te décoincer le concombre

Liam écarquilla les yeux et se figea dans cette position, avouons-le, franchement ridicule. L'instant d'après, il rougissait plus violemment encore.

-Je déconne ! répondit Eion, visiblement satisfait de son effet (et on peut comprendre pourquoi).

Mauvais joueur, Liam se mit à bouder quelques instants avant de répondre dans la planification de ce week-end peut-être pas si fictif que ça.

_ Je préférerais rester aux USA pour commencer, lança-t-il, courageux mais pas trop. Et si tu veux un endriot festif, on pourrait peut-être aller... Enfin si ça te dit bien-sûr. Et si tu n'y es pas allé... Ou que tu veux y retourner. Ce n'est qu'une idée, on peut aller ailleurs...

A force de tourner autour du pot, il aurait pu faire monter une mayonnaise.

_ Je pensais à Las Vegas. Quitte à faire les choses, autant bien les faire...

La ville du vice pour notre jeune premier, puceau et effrayé. Ca semblait tout indiqué d'une certaine façon.

- Oui bah les compliments c'est pas mon truc ok ? Je préfère les accepter que de les donner. Et puis tu ne m'aides pas beaucoup toi non plus !

Liam, d'ordinaire, se serait sans doute excusé mais il apprenait et il se contenta de grommeler quelque chose d'inintelligible. Il y avait donc un progrès certain. L'influence irlandaise était très positive sur le jeune homme, plus qu'il n'aurait pu l'imaginer.

- Le fait que Séraphine et moi quoi ? Que l'on s'envoie en l'air ?

Bah oui, autant appeler un chat un chat. Mais Liam se contenta de baisser un instant les yeux au vu de l'expression choisie par Eion. Il avait pensé à "faire l'amour" plutôt que s'envoyer en l'air, la petite prude qu'est notre cuisinier était presque choquée.
Presque, faut pas déconner.

- Attends quoi ? Tu l'as trouve plus détendue vraiment ? Je pensais que… En fait, elle a du mal à parler avec moi, elle essaie, je le vois bien, mais c'est encore difficile, je pense.

_ En tous cas, elle me fait moins peur ! répondit Liam avant de songer que sa propre formulation laissait un peu à désirer. Enfin, je veux dire, elle est moins...

Froide ? Frigide ? Coincée ?

_ ...distante que d'ordinaire. Pourquoi tu crois que c'est difficile pour elle ? C'est ton accent à couper au couteau qui la dérange ?

Un brin d'humour pour lui laisser une porte de sortie, au cas où il ne voudrait pas répondre. Qu'il est gentil Liam quand même !

- Au début, je flirtais avec tu vois ? Mais peu à peu, j'ai commencé à me dire que cette nana était différente et qu'elle méritait bien plus que de la drague à deux balles. Après s'est allé vite, enfin, je suis allé vite et on… Bon, je te passe les détails.

Liam se contenta d'un signe de tête pour le remercier d'épargner ses oreilles chastes et le laissa poursuivre.

_ Je n'imaginais pas lui avoir apporter quelque chose, tu vois ? Je croyais que ça n'était que physique entre nous, du moins de son point de vue.

Liam prit un instant pour réfléchir.

_ Je ne la connais pas beaucoup mais elle semble tenir à toi. Je veux dire, depuis qu'elle est à l'institut elle n'a fréquenté personne, à ma connaissance. Si elle t'a choisi, c'est que ça ne se limite pas au physique. Enfin, ce n'est que mon avis.

Chacun est libre de faire ce qu'il veut mais Séraphine n'était pas une femme à la sexualité débridée. Liam ne l'avait jamais vue avec personne et, au vu de ses facultés à toiser les gens de haut, il s'était toujours dit que c'était voulu et probablement un peu justifié. Il fallait quelqu'un de la trempe de l'irlandais pour affronter son courroux, Liam n'aurait jamais essayé. Il n'y avait même jamais pensé.
Peut-être était-ce là son problème : il ne pensait pas assez aux femmes dans une optique sexuelle. Mais ça lui semblait tellement... Déplacé.
Bref, il y avait du chemin à faire.
Mais Eion avait besoin de parler et Liam n'était pas pressé de formuler ce sujet.

_ Et puis il y a Scott. Je l'aime bien ce gamin et je crois qu'il m'apprécie. J'ai peur de tout faire foirer en lui parlant et puis je ne suis pas sûr que le problème vienne de lui.

_ Tu sais, Scott est un grand garçon maintenant. Je ne pense pas que l'idée que sa mère fréquente quelqu'un le dérangera. Ca lui fera sûrement un peu étrange, mais au vu de ce qui se dit dans les couloirs sur lui, il n'est pas le dernier pour s'amuser. Donc, je ne vois pas pourquoi il se mettrait entre sa mère et toi, surtout s'il a remarqué qu'elle va mieux.

Haussant les épaules, Liam tempéra de lui-même.

_ Après, je n'en sais rien, j'ai perdu mes parents avant de me poser ce genre de questions. Mais c'est mon sentiment. Puisqu'il tient à elle, il devrait se réjouir.

Restait un point en suspens, un point que l'irlandais avait sous-entendu.

_ Si ça ne vient pas de lui, où se situe le problème selon toi ? Si problème il y a.

Ne connaissant rien du passé de la brune, Liam ne pouvait pas deviner.

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

L'Irlande était trop éloignée du continent américain, il fallait dès lors trouver une alternative à ce souci disons-le géographique. Et puisqu'il s'agissait à proprement dit de la première « grande aventure » de Liam, ce dernier avait malgré tout son mot à dire sur la destination. Inspiré Eion proposa le Mexique, très inspiré, il arrêta son choix sur l'île de Cancun, connue principalement pour les festivités étudiantes dites « Spring Break ». Le soleil, le sable chaud, les jolies filles en bikini, l'alcool coulant sans limitation, tous les éléments semblaient réunis pour passer un bon moment pour Liam cela va de soi, car malgré les apparences le bel Irlandais n'était (du moins pour lui) plus un célibataire endurci et de ce fait, se refuser à jouer les coureurs de jupons. Et puis pourquoi aller voir ailleurs quand une femme telle que Séraphine partage vos nuits. Le sourire aux lèvres, Eion semblait parti ailleurs et écoutait à peine son jeune ami. Du-moins jusqu'à ce que la destination souhaitée soit évoquée.

« -Quoi ? Attends répète un peu, je ne suis pas sûr d'avoir entendu. Las Vegas ? Toi, tu veux vraiment qu'on aille jusqu'à Vegas ? Petit coquin va ! Tu arrives encore à me surprendre ! » Las Vegas, la ville du vice, du péché, voilà donc la destination adéquate pour le jeune cuisiner. « -Ok ! Vas pour Vegas alors ! » lança notre immortel préféré sans prendre le temps de la réflexion. Mais très vite et sans vraiment s'en rendre compte, le caractère enjoué de la discussion prit une toute autre tournure. Et si jusqu'alors Liam semblait être au centre des attentions, c'était à présent au tour d'Eion de passer sous les projecteurs. Parler de lui n'était de toute évidence pas une activité dans laquelle il excédait et même en faisant quelques efforts, il n'en demeurait pas moins sur la réserve. Ainsi lorsque le sujet « Séraphine » fut évoqué, d'abord soucieux de savoir ce qui se disait sur sa petite personne, il attendait de savoir ce qui se disait de « la relation » qu'il entretenait avec cette dernière. Une relation qu'elle (plus que lui) espérait maintenir sous le jong du secret pour ne pas donner du grain à moudre aux élèves et au personnel de l'Institut. Une chose dont le bel Irlandais se fichait bien, lui n'avait pour ainsi dire rien à cacher, mais à l'inverse de Sera, lui n'avait pas d'enfant à préserver … (excuse officielle). Liam avait beau être un bon gars, cela n'empêche qu'il était difficile pour l'invisible Irlandais d'évoquer ce quelque chose de l'ordre du personnel, alors que le jeune homme continuait à faire preuve d'hostilité sur certains sujets.

« -Arrête pas besoin de prendre des pincettes. Je sais que Séra fait au moins autant flippé que moi et ce n'est pas une bonne majorité des élèves qui osera me contredire. J'ai des oreilles qui traînent quelques fois dans les couloirs. Je peux même te dresser le top trois des adjectifs qui reviennent le plus souvent lorsque Madame Eberhardt est évoquée. Coincée, froide, frigide. Tu vois le tableau ? » Entrons dans le vif du sujet, puisque cela semble détendre Liam, qui venait même de se permettre une petite boutade qui fit sourire Eion « - Et bah détrompe toi l'ami ! Elle le trouve même très sexy cet accent. » En confiance et parce que finalement ça ne le dérangeait pas tant que ça de parler de sa relation avec la belle enseignante, Eion continua à faire part de ses sentiments au jeune cuisiner qui semblait l'écouter d'une oreille attentive. Bien-sûr, pour préserver ses prudes oreilles l'abrupte Irlandais, se garda bien d'étaler les détails de « ses entrevues » avec Séraphine, mais n'en demeura pas moins sincère en faisant part de ses doutes.

« - Oui je sais qu'elle n'avait personne…elle est sorti d'une histoire très difficile, le genre qui t'oblige à te protéger pour éviter que ça recommence. Et je sais que Scott est grand, mais je n'ai pas l'impression qu'elle s'en rende compte. Elle le surprotège, comme s'il n'avait que cinq ans. Tu sais, elle a vécu des choses difficiles, ça explique qu'elle soit autant sur la réserve je suppose. Le problème vient de moi je pense. Je suis flippé, la dernière fois que j'ai commencé à ressentir de telles choses, j'ai fini par épouser la fille. En fait, depuis la mort de ma femme, je n'ai jamais eu de relation stable. D'ailleurs à bien y réfléchir je n'en ressentais pas le besoin. Je me suis enfermé sur moi-même, noyé par la colère et la tristesse. J'ai fait tout ce que je pouvais pour m'éloigner des autres. Dès lors je m'étais promis de ne m'attacher à personne au risque de souffrir à nouveau… »

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Vegas.
VEGAS ???
VEGAS !!!!!!!!!!!!!!!!
Ceci est un aperçu de ce qui passa dans la tête de notre cuisinier après qu'Eion ait souri à l'évocation de la ville de tous les vices.

-Quoi ? Attends répète un peu, je ne suis pas sûr d'avoir entendu. Las Vegas ?

Oui, il y avait de quoi être surpris et Liam aurait presque douté du coup. Heureusement, l'irlandais ne lui laissa pas le temps de se rétracter, arguant qu'il arrivait à le surprendre.
Il faut dire que Liam, version normale, aurait probablement proposé une petite ville anonyme, un truc bateau et sans le moindre risque. Donc sans le moindre intérêt. Mais le jeune homme avait décidé de vivre un peu. Et puis, que pouvait-il arriver ? Il avait un bouclier, bon sang ! De quoi avait-il peur ?
De prendre goût à l'aventure.

_ Va pour Vegas, répéta-t-il avec un sourire un brin tendu. Tu veux faire ça quand ? Je peux voir avec Silver pour échanger des jours. Il n'en reviendra pas quand je lui dirais où nous allons...

Personne n'allait en revenir, Charles le premier, probablement. A moins qu'il ne lui dise que c'était une excellente idée et qu'il aurait dû le faire depuis longtemps. Tant qu'il ne se proposait pas pour les accompagner, ça irait. Pas que Charles n'ait pas le droit de s'amuser un peu, juste que Liam ne pourrait jamais se lâcher en présence de son mentor.
Avec Eion et aucun autre témoin connu, c'était envisageable.

_ Je réserverai un hôtel, se projeta déjà le cuisinier, plus emballé qu'il ne l'aurait cru. Et l'avion. Ton passeport est en règle ? On pourrait partir du vendredi au dimanche. Tu n'as pas cours les vendredi aprem il me semble ?

En fait, il le savait, comme tout un tas d'autres choses, mais il faisait semblant, pour la forme. Liam a une excellente mémoire.
Il se promit d'aller chercher des infos sur internet dès qu'il rentrerait. Ca l'occuperait un peu avec sa patte folle. Oui, la perspective était excitante. Quand l'excitation serait retombée, viendrait le temps de l'angoisse. Liam tenterait probablement de revenir sur le projet, sous des prétextes fallacieux.
Eion devrait tenir bon.
La conversation se dirigea ensuite vers Séraphine et sa relation avec l'irlandais. Liam fut franchement choqué par le discernement dont ce dernier faisait preuve et la facilité avec laquelle il évoquait les qualificatifs qu'on lui attribuait généralement.
Qualificatifs qui auraient très bien pu s'appliquer à sa personne...

_ Les élèves sont parfois très crus. Et, si ça peut te rassurer, elle me fait nettement plus peur que toi. Mais c'est probablement parce que je ne la connais pas.

Eion répondit que Séraphine appréciait son accent et Liam rit sans rien ajouter. Après tout, ça ne le regardait pas vraiment. Pour sa part, il se fichait entièrement de l'accent de l'irlandais.
Eion confia quelques éléments du passé de sa compagne. Il avait raison de le faire, Liam n'allait certainement pas trahir le secret. Après qu'il fut question de Scott, le cuisinier répondit.

_ J'imagine qu'il doit être compliqué de voir son enfant grandir, concéda-t-il en songeant qu'il n'avait pas la moindre idée de ce dont il parlait. Pourtant, il finira bien par prendre son envol ce petit. Ou plutôt, elle finira par le remarquer. T'avoir à ses côtés l'aidera sûrement à passer le cap.

La solitude. Un sujet que Liam connaît par coeur. Peut-être y avait-il un peu de ça aussi dans le refus de la brune de voir grandir son garçon.
Ou la peur de la vieillesse.
Dans ce cas, sa relation avec Eion n'allait pas franchement l'aider... Mais Liam se garda bien de partager cette supposition.

_ Tu sais, elle a vécu des choses difficiles, ça explique qu'elle soit autant sur la réserve je suppose. Le problème vient de moi je pense. Je suis flippé, la dernière fois que j'ai commencé à ressentir de telles choses, j'ai fini par épouser la fille.

_ Et c'est une mauvaise chose ? se moqua gentiment le cuisinier, ne voyait pas où était le problème.

Romantique et un brin naïf, Liam aimait les mariages. Il s'imagina préparer un repas digne de ce nom pour l’événement avant de réaliser qu'il mettait la charrue avant les boeufs et que ça non plus ça ne le regardait pas vraiment.

_ En fait, depuis la mort de ma femme, je n'ai jamais eu de relation stable. D'ailleurs à bien y réfléchir je n'en ressentais pas le besoin. Je me suis enfermé sur moi-même, noyé par la colère et la tristesse. J'ai fait tout ce que je pouvais pour m'éloigner des autres. Dès lors je m'étais promis de ne m'attacher à personne au risque de souffrir à nouveau…

Ah, il était donc là le problème. Par chance, Liam en connaissait un rayon sur le sujet. Avec un sourire compatissant, il reprit la parole.

_ Je comprends. Mais je vais te dire à peu près ce que tu m'as dit l'autre soir : à quoi ça sert de vivre, si tu ne vis pas ? Ne te méprends pas, je ne te jette pas la pierre. Ma relation la plus stable, c'est avec mon chien ou avec un chauve à roulettes ! Moi aussi j'ai toujours eu peur de m'attacher.

Baissant les yeux un instant, il poursuivit, parce que ça pouvait aider l'irlandais.

_ Je trouvais plus simple de ne rien ressentir et de ne m'attacher à personne. Mais, tu le sais aussi bien que moi, la vie n'est pas simple. Tu tiens déjà à elle, trop pour passer à côté de cette histoire. Mais c'est une bonne chose. Parce que, même si ça venait à mal se finir, tu aurais vécu. Mine de rien, je ne t'ai jamais vu plus souriant que ces dernières semaines. Tu es heureux, non ? Flippé... Mais heureux ?

Et lui, il était juste flippé. Mais chaque chose en son temps. Et puis, ce n'était pas le sujet.

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Las Vegas ! Vous y croyez-vous ? Enfin précision de quoi je parle afin d'éviter les amalgames en tout genre. Parfois, les gens vous étonnent pour de mauvaises raisons et parfois pour ils vous surprenne pour de bonnes raisons. En ce qui concerne le cas « Liam » je suis incapable, présentement, de me situer sur l'échelle de la bonne ou mauvaise raison. Ce gamin a dû vivre tout un tas d'expériences traumatisantes au cours de sa vie et à présent délié de toutes ses chaînes, il veut la prendre au corps cette vie qu'il ne vit sûrement que par procuration. Je ne suis pas psy (heureusement d'ailleurs) n'y habilité à prendre la moindre décision, mais au vu de ma longue expérience, je peux me targuer d'avoir un regard plutôt objectif sur les autres. Il veut vivre, bonne décision, mais proposer Las Vegas, c'est comme griller plusieurs étapes ce qui me fait davantage pencher pour « la mauvaise raison ». Ou peut-être cherche-t-il à m'impressionner pour s'éviter quelques moqueries de mon cru. Mauvaise décision. Mais dans le fond, ne veut-il pas simplement s'amuser, profiter de sa jeunesse qui contrairement à la mienne, ne durera qu'un temps. Je ne peux lui refuser ça et depuis quand je suis la voix de la sagesse hein ? S'il le désire vraiment, je ne peux le lui refuser. Soit, il n'a pas opté pour la destination la plus… Je n'arrive même pas à trouver l'adjectif adéquat, c'est dire ! Mais soit « viva Las Vegas » comme disait un grand penseur… À moins que ça ne soit un grand chanteur, toujours est-il que quelqu'un l'a dit un jour.

« -Donc ça y est ?! De toute évidence, tu as choisi notre prochaine destination et je serais bien con si j'essayais de t'en dissuader. De toute façon, je n'en avais pas l'intention. En plus, je n'ai même pas besoin de cogiter sur la date, car de toute évidence, tu m'as l'air bien informé sur mon emploi du temps. Et pour le reste, je suis tout à fait en ordre ! Il faut juste que je me fasse un nouveau passeport. Vois-tu les dates ne coïncident plus et au risque de passer pour un gros mytho, je préfère prendre les devants. Mais ne t'en fais pas, on doit bien avoir un petit génie de la falsification à l'institut. Au pire, on pique l'un des jets. On part 48 h ni vus ni connus. » Oui à ce moment très précis, j'aurai dû m'arrêter, me taire dans le meilleur des cas. Remarquez dès lors, le manque flagrant d'exemplarité dont je fais preuve. Bon aller, soyez concilient, c'est pour la bonne cause. Je ne fais pas ça pour moi, mais pour mon poto Liam qui a besoin de nouvelles expériences, de voir du pays. Et enfin, donnée importante et non des moindres, de s'amuser, moi aussi qui plus est, mais enclin à une nouvelle situation sentimentale, je le ferais avec moins d'ardeur. Bien sûr pour le moment, la programmation était de l'ordre du conditionnel et vu l'animal nul ne doute que si je ne m'efforce pas à le motiver ou à le traîner par la peau du cul jusqu'à l'avion, nous ne partirons pas. Car oui, sans prétention, je sais ce que lui-même entrevoit dans un coin de sa tête. Passé l'excitation, la réalité reprendra ses droits et notre cher cuisiner sera certainement moins enclin à bouger ses petites fesses. Le courage est éphémère pour certain, je ne désigne personne (enfin presque). Mais je suis là, moi le garant de l'amusement, le trublion, l'irlandais rustre, mais pas le dernier pour faire la fête. Je tiendrai bon et quoiqu'il arrive, nous irons à Las Vegas, c'est une promesse gravée dans le marbre.

Malheureusement pour moi, j'ai des failles et très vite alors que j'étais semblerait-il au summum de ma confiance, le masque se fissure et pour cause, mon petit cœur d'artichaut s'emballe lorsque vient le moment d'évoquer Séraphine. Et comment ne pas rester de glace face à elle ? Je vous le demande, le commun des mortels ne peut qu'en être ébranlé. Cette femme a foutu le bordel dans ma vie, mais attention, précisions qu'il s'agit d'un beau bordel, bien que je doute que ces deux termes mit côte à côte puissent cohabiter dans une même phrase. « -C'est plus facile d'être détesté qu'apprécié tu sais ! Et puis quand on a souffert autant, pour se protéger, on enfile un masque. Je sais ce qui se dit d'elle, laisse-moi te dire que c'est complètement faux. Elle… (temps de pause, prompte à la réflexion, bien que j'en sois incapable lorsqu'il est question de Sera) est parfaite ! » Oui bon ne me blâmer pas, si je m'écoutais, je pourrais remplir deux pages avec tous les adjectifs qui qualifient Sera, de mon point de vue. « -C'est aussi une mère incroyable, ça je n'en doute pas. J'ai juste peur que son côté « mère poule » n'entrave ce quelque chose qu'il y a entre nous. » Mais qu'est-ce que tu racontes ?! Tais-toi un peu au lieu de t'exposer de la sorte.

Mais dans le fond, n'ai-je pas besoin de parler ? Pendant tellement d'années, je me suis reclus sur moi-même, j'ai cherché à ne m'attacher à personne pour m'éviter la souffrance. Bien plus qu'un rustre, je suis devenu asocial, un inadapté de la vie, un constat encore plus accablant après la mort de Sarah. La souffrance morale pour quelqu'un qui ne peut subir la souffrance physique, est au moins aussi douloureuse et croyez-moi, je parle en conséquence. Ressentir un tel vide dans votre cœur et votre âme et au moins aussi douloureux que d'être attaché à une table médicale et de subir « quelques petites expériences ». Le traumatisme est au moins aussi grand. Alors, on finit par se dire que pour éviter d'y replonger, la solution la plus simple, est la solitude. Et c'est ce que j'ai fait durant des décennies jusqu'à venir ici. Cela explique pourquoi j'ai autant besoin de parler et manque de bol pour Liam, c'est tombé sur lui. « -Non, mais y penser oui. Tu me vois mettre le genou à terre et lui demander de m'épouser alors qu'on se connaît à peine ? D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi j'y pense. C'est plus que mettre la charrue avant les bœufs ça ! » Et voilà que j'entends une de mes petites citations de la bouche de Liam « A quoi ça sert de vivre, si on ne vit pas ? » J'étais inspiré quand j'ai prononcé ces mots, plus que maintenant. Et me voilà d'accord avec moi-même et Liam par extension. Au moins, il écoute mes conseils et les retient, c'est une belle avancée. « - Bon aller, sujet compliqué ! À la base, je ne suis pas ici pour une psychanalyse, tu sais ! Je suis là pour toi, alors revenons à nos moutons, nous avons un séjour à organiser. Tu es un sacré bonhomme toi ! J'en arriverais presque à être content de te faire chier. Tu sais quoi ? Je vais suivre tes conseils, mais pour que le deal soit équitable, tu en feras de même avec les miens. Comme ça, peut-être qu'on sera flippé, mais heureux chacun de notre côté ! Aller, rentrons, j'ai l'impression que le temps va tourner, cela serait dommage que la pluie efface tous ces charmants petits mots. D'ailleurs, il faudra que je laisse ma trace, après tout ce plâtre, c'est à cause de moi que tu dois le porter »

Just a little bit awkward

Feat Eion et Liam.

Le sujet était entendu, même si Eion semblait un peu scotché. Mais on pourra le comprendre.
Parlant de comprendre, Liam ne saisit pas du tout qu'il plaisantait, l'irlandais, quand il évoqua l'idée de voler un jet de l'institut pour leur virée. Aussitôt, le cuisinier retrouva son naturel sérieux ~~et coincé~~ et estima utile de préciser qu'il en était hors de question.

_ On ne peut pas prendre les jets, il y a un protocole pour les utiliser et, de toute façon, je n'ai pas piloté depuis longtemps.

Oui, Liam avait pris quelques cours. Uniquement pour être capable d'aider à l'évacuation de l'institut en cas d'attaque. Autant être préparé à tout. Mais, tant que faire se peut, il préférait éviter. Dans tous les cas, il n'aurait jamais osé ne serait-ce que penser en faire un usage personnel.
Charles l'y aurait probablement autorisé, mais il ne poserait jamais la question.
Eion plaisantait-il ? Il le lui ferait savoir.
En tous les cas, il était amoureux et ça faisait plaisir à voir. Liam avait donc un large sourire quand il se dit que "parfaite" n'aurait pas été le mot qu'il aurait utilisé pour qualifier Séraphine, mais peu importait. La définition devait varier d'une personne à l'autre. Et puis, l'amour rend aveugle, non ?
Inquiet aussi, visiblement.

_ Je pense que ça serait un problème si son fils était encore jeune, nuança notre cuisinier national. Mais, dans le cas présent, c'est au plus un contre-temps. Après, c'est à toi aussi de trouver ta place dans cette dynamique. Elle a pris l'habitude de ne fonctionner que par rapport à Scott, il faut lui laisser le temps de t'intégrer dans l'équation. En ayant conscience que tu passeras toujours après le garçon, mais ça semble normal.

Eion s'embarqua ensuite dans l'évocation matrimoniale et Liam s'amusa à nouveau de le voir dans un tel état qu'il ne lui connaissait pas.

_ Eh, c'est toi qui a abordé le sujet ! Mais ça semble un peu prématuré pour l'instant, en effet. Je ne t'imaginais pas aussi romantique... A moins que tu ne sois juste vieux jeu et que le fait de vivre dans le péché te pèse sur la conscience !

Liam pouvait parler sur le côté vieux jeu, mais on se gardera bien de le lui faire remarquer. Finalement, l'irlandais proposa de se mettre sur la route du retour et de signer le plâtre. Liam grimaça en se souvenant de sa main entravée.

_ Comme tu veux, de toute façon c'est toi qui conduis. Tant que j'aurais ce machin, je ne suis bon à rien. Si tu savais comme j'ai hâte de le voir voler ! En plus, ça gratte tout le temps, ça va finir par me rendre dingue ! Mais si tu trouves de la place, tu peux signer si tu veux. Après tout, tu as des droits d'auteur !

Liam qui fait une blague ! Mon dieu !!!!!

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» GROUPE 3 ⊹ Tariq, Andy, Eion, Sébastien
» Comme une envie de se mesure à un mec, un vrai ! [Pv Eion]