i won't be impressed with technology until i can download food

→ quand as-tu découvert que tu étais "différent(e)" ? Je devais avoir sept ou huit ans quand j'ai compris que quelque chose clochait chez moi. Déjà, je voyais des trucs que les autres ne voyaient pas, et ça déjà, pour le réaliser, faut un bout de temps. Quand on est persuadé que tout le monde voit les mêmes choses partout, c'est difficile de comprendre qu'au bout du compte, c'est pas le cas. En ce qui me concerne, c'est la cyberpathie qui s'est manifestée en premier. Dès gamine, je pouvais voir, capter et manipuler les réseaux qui me passaient sous les yeux - littéralement. J'avais accès à internet avant même d'avoir un ordinateur ou un téléphone, si c'est pas être précoce ça ! Pour ce qui est de la technopathie, c'est venu un peu plus tard. J'étais ado, dans les treize/quatorze ans si j'me rappelle bien. J'étais en cours et je vagabondais sur internet, comme d'habitude en somme. Le truc, c'était que j'étais tellement absorbée par ce que je voyais - que les autres ne voyaient pas, je rappelle - que lorsque la prof a frappé sa règle sur ma table, j'ai été tellement surprise que j'en ai fait sonner tous les téléphones portables du lycée, et j'en ai même déclenché l'alarme incendie. Vous imaginez le bordel ? C'était vachement marrant à voir en tout cas !
 
→ en quoi consiste ton pouvoir ou ton don ? En voilà une question intéressante ! Alors, commençons par la cyberpathie, ok ? Pour faire simple, je suis capable de voir tous les réseaux possibles et inimaginables qui circulent partout dans l'atmosphère : wifi, réseaux internets ou téléphoniques, c'est comme si je voyais des milliers de fils fluorescents qui se baladent dans l'air en toute tranquillité. Mais le truc super cool avec ce pouvoir, c'est qu'avec de simples gestes, genre, comme si je touchais un écran tactile, et bien je peux pénétrer, influer, et manipuler ses réseaux. En gros, je peux écouter une conversation téléphonique juste en captant les ondes qui la transporte. Je peux m'immiscer dans un téléphone portable sans même le toucher, et pareil avec un ordinateur, il suffit qu'il soit allumé et connecté à un réseau quel conque. Et j'ai accès à internet absolument partout où je veux ! Bon, j'ai pas l'air conne en agitant les bras façon Minority Report en pleine rue, mais faut avouer que c'est plutôt cool de pouvoir regarder la télé en ligne en faisant ses courses ou en prenant le métro. Ajoutez le fait que je suis la seule à voir et entendre tout mon petit bazar, on peut alors dire que niveau pollution sonore et visuelle, je suis au niveau zéro!
Avec ça, on prendra aussi le menu technopathe s'il vous plait ! Ah, ça aussi, c'est plutôt cool. Surtout pour mon job adoré d'emmerdeuse professionnelle. Ce que ça fait ? Et bien, j'ai un contrôle absolu sur toutes technologies qui se trouvent autour de moi, que ce soit dans une même pièce, ou un bâtiment tout entier, plus je vais chercher loin, plus ça me demande de la concentration et de l'énergie. Appareils électroniques et électriques en tous genres n'ont aucun secret pour moi ! Je peux les allumer et les éteindre selon mon bon vouloir, m'en servir comme je veux même sans être à coté, j'ai juste besoin de mon cerveau pour ça ! C'est comme s'il était directement relié à toute cette technologie, je la sens dès qu'elle est proche de moi, autant dire tout le temps, vu le monde dans lequel on vit. C'est comme une présence omniprésente, tout autant discrète qu'envahissante dans ma tête. C'est sûrement pour cette raison qu'il ne me faille que mon esprit pour utiliser ce don. C'est toujours plus discret que mes panneaux de contrôles cybernétiques qui se baladent dans les airs ....
 
→ arrives-tu à le maitriser ? est-il dangereux pour ta santé ou celles des autres ? Si j'arrive à le maîtriser ? Je dirais que oui, plutôt bien même ! A force d'en user, j'ai vite appris à le contrôler, faut dire que c'est tous les jours que je l'utilise, et ce, depuis de nombreuses années, alors il n'a plus vraiment de secret pour moi. Quoique, je n'ai jamais cherché à repousser mes limites non plus, faut dire qu'avec un don pareil, je saurais pas vous dire lesquelles elles sont. Ce que je sais, c'est qu'en ce qui concerne la technopathie, il peut arriver que j'ai besoin de plus que mon esprit pour l'utiliser, parfois, quand je suis vraiment très concentrée, ou au contraire, que j'ai du mal à l'être, j'ai besoin de formuler mes "ordres" à voix haute, Autrement, rien à signaler de ce côté-là.
Pour ce qui est du danger, j'ai bien tendance à faire des gaffes quand je m'amuse avec ma cyberpathie. C'est comme si j'avais la tête rivée sur mon téléphone, sauf que je n'en ai pas. Alors on dit que je suis maladroite, que je me prends des murs ou que je tombe facilement. Et moi, j'me contente d'en rire ! Quant au danger pour les autres, j'avoue que je n'y pense pas trop. Surfer simplement sur le net, m'amuser à faire sonner les téléphones, c'est pas méchant, au contraire. Mais je sais que si je le voulais, je pourrais aller plus loin. Après tout, j'me suis bien déjà amusée à hacker la NASA, qu'est-ce qui m'empêcherait de faire décoller des fusées ? Je pourrais même entrer dans le pentagone ! Avoir accès à leurs armes, leurs avions de chasses, leurs bombes ? Vous imaginez ? Moi ça me fait froid dans le dos ...
Mais changeons de sujet, voulez-vous ? Y a bien des petits effets secondaires avec tout ça. Déjà, j'ai tendance à boire beaucoup, mais vraiment beaucoup d'eau. Mon cerveau a besoin d'hydratation constante avec cette activité incessante, ce qui fait que je dois bien boire deux voire même trois litres d'eau par jour. Et autant le dire tout de suite, l'alcool me donne la migraine, c'est une horreur ! D'ailleurs, en parlant de migraines, j'ai tendance à en avoir souvent, surtout quand je fais des efforts de concentration ou que je dépense beaucoup d'énergie par rapport à mes pouvoirs. Ça se solde tout le temps par des migraines qui me clouent au lit.
Mais ce qui s'est le plus retrouvé affecté, c'est mon sommeil. Je dors très peu, et encore, quand j'arrive à dormir. Tant que je suis en présence de technologie, je ne peux pas fermer l'oeil, vous imaginez la galère que c'est ? C'est comme si mon cerveau ne pouvait pas s'arrêter, se mettre en pause. Il n'est donc pas rare que je fasse des nuits blanches.
Et quand, finalement, je parviens à m'endormir, souvent pour l'espace de trois ou quatre heures à peine, il est impossible de me réveiller. Mais vraiment impossible ! Mon cycle de sommeil est très particulier, je tombe directement dans un sommeil profond, mais genre, plus profond que ça, c'est la mort ! Je ne vous raconte pas le nombre de fois où je suis arrivée en retard en cours à cause de ça. Ah, y a aussi le fait que, je ne rêve pas, absolument pas. Pas de rêve, pas de cauchemar, rien, le noir total. Enfin, l'avantage, c'est que c'est un sommeil très réparateur, je dors juste quelques heures et hop ! Je suis aussi chargée qu'une pile alcaline !
 
→ est-ce que cela a une influence sur ta vie ? as-tu été exclu par ta famille, tes amis, la société ? Une influence, oui, ça, c'est clair que ça en a une. J'veux dire, je suis connectée au monde entier, 24h/24 et 7J/7 ! D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été "seule", jamais vraiment. Le silence, je connais pas non plus. Et je vous répèterai pas mon speech sur mon sommeil chaotique. Pourtant ... pourtant je le vis bien ! Je me suis adaptée, je trouve même tout ça plutôt cool. Mon père sait ce que je suis, il l'a toujours su je crois, mais quand je suis partie pour l'Institut, qu'on a mis des mots concrets sur ce que je pouvais faire, ça a rendu les choses réelles. Ça aurait pu nous éloigner, mais ça a été le contraire. Quand à mes grands-mères, on n'a même pas essayé de leur dire, elles savent déjà pas se servir du grille-pain sans qu'il prenne feu, alors vous imaginez leur expliquer ce que moi, je peux faire ? Haha ! Bonne chance ! Je n'ai jamais vraiment été exclue. On m'a parfois trouvée bizarre, à faire des gestes dans le vide ou à me prendre des portes tout le temps, mais les gens ont préféré dire que j'étais décalée et maladroite, et je ne les ai pas contredit. J'étais toute seule à voir ce que je voyais, et, dans le fond, je le suis encore aujourd'hui. Mais je ne me plains pas, bien loin de là ! J'aime ma vie, je m'éclate autant que je le peux, parce que je ne veux pas penser à demain. Le soleil se lèvera comme on dit, il se lèvera toujours.