(F/Libre) Au choix

Toutes les histoires commencent par une naissance, je suis né dans une famille modeste du Castlebar, mon père était cordonnier et ma mère couturière. Rien de bien glorieux. J’étais la benjamine d’une famille comptant déjà trois frères. Le premier, John, s’est marié à une riche héritière qu’il avait séduite et est mort à 26 ans, dans un duel, totalement ruiné après avoir dilapidé tout l’argent de son ménage dans des jeux de hasard. Cependant, mes parents ont toujours gardé de lui, l’image d’un grand jeune homme fort, assez bien constitué et qui avait réussi à épouser une personne d’une condition plus haute que la nôtre. Mon second frère, Arthur, était un homme fragile et très ennuyeux, mon père a longtemps désespéré de lui trouver une voie et mon frère a fini pasteur dans un village voisin. Mon troisième frère, Joshua, est mort à la guerre. Comme vous le pensez bien, mes parents n’étaient pas très riches et cherchaient à ce que chaque membre de la famille soit utile ou du moins, fasse une carrière et une vie honorables. Mon père, Wilbur O’Connell, était un homme droit, strict dans son éducation, peu aimant. Il arrivait de nombreuses fois qu’il nous frappe quand l’argent venait à manquer. Mais je ne peux pas le lui reprocher, à cette époque comme aujourd’hui, c’était la crise. Ma mère, Frances Murdoch, était une femme fragile, souffreteuse et qui travaillait dur, ne se plaignait jamais. Elle mourut d’une maladie poitrinaire quand j’avais 21 ans.
J’étais une élève modèle et une enfant silencieuse. D’un naturel calme et doux, je m’attirais la sympathie de mon entourage. J’étais promis à un grand avenir, du moins, mes parents espéraient en secret que j'épouse un homme riche. C'est pourquoi, ils mirent tout en œuvre pour que je cultive différents dons comme le piano, le chant, la danse ainsi que tout ce qui pouvait mettre en valeur ma beauté.
Mais nous nous rendîmes bien vite compte que je développais une santé fragile, j’avais des poussées de fièvre et des absences. Nous eûmes peur que jamais je ne fasse quelque chose "d'utile" de ma vie. C’était sans compter sur mon caractère. Etant quelqu’un de profondément romantique, intelligente et délicate, je devins très vite la coqueluche des salons et surtout, des hommes de la noblesse. Grâce à mes relations, je me hissais au sommet de l’échelle sociale. J’avais beau beaucoup séduire, laisser tous les hommes riches me faire le baisemain, je restais profondément honnête et juste. J’ai vécu une vie de…comment dit-on déjà ? De femme entretenue pendant encore quelques années. Je rencontrais un jeune noble, issu d'une famille de nouveaux riches nommé Andrew, je l’épousais et lui donnais un fils.
Cependant, entre temps, je me rendais bien compte que ma santé déclinait, en même temps que mes forces me quittaient, mes sens n’en étaient que décuplés. Peut-être à cause de la fièvre. Du moins le croyais-je.
Il arriva qu’un soir, je me réveillais en sueur, une faim atroce me taraudant. Je sentis mon corps se diriger vers le berceau où dormait mon fils et…je le vidais de son sang jusqu’à la dernière goutte. Aussitôt, je me sentis mieux, bien mieux. Au niveau de mon corps, pas au niveau de mon esprit. Je me suis enfui. Sans rien dire.
J’ai vécu terrée dans une grotte pendant un long moment. J’ai fini par comprendre que mon corps avait besoin de sang. Alors je me nourris comme ces créatures de cauchemar qui peuplent les romans gothiques.
J’ai émigré en Angleterre, puis en France, en Allemagne, un peu partout en Europe.
Je me suis nourri exclusivement de sang d’animal ce qui m’a permis de survivre, je m’y tenais à part quelques petites crises. Quand les banques de sang furent mises en place, je m’y jetais goulûment.
J’ai été tour à tout historienne, professeur, médecin, chimiste, poète, écrivain, banquière, peintre, musicienne, prêcheur…
J’ai été mariée, maintes fois, toujours veuve. J’ai des descendants dans toute l’Europe à l’heure qu’il est mais je dois bien avouer que je n'ai que faire de mes enfants. Je n'ai eu que des fils d'ailleurs, tous plus humains les uns que les autres. A mon grand regret car j'aurais aimé qu'ils ne soient pas si...insignifiants.
Je suis arrivée à l’institut il y a un moment maintenant, j’y suis professeur d’histoire et ne demande pas de salaire. Juste du sang.
Je dois bien avouer que ces derniers temps ,je me lasse du sang du commun des mortels ou même des mutants qui me donnent pourtant plus de plaisir. Ce que je recherche, c'est un sang pur...le premier que j'ai bu. Le sang de mon enfant.