Chapitre I – innocence et peur
Graham fut le premier enfant de la famille Lester. Deux ans plus tard naquit Marie, sa sœur, et trois autres années s’écoulèrent avant que le petit dernier, Wade, ne voit le jour. Les Lesters étaient un stéréotype de la famille parfaite américaine, pieuse, où tout le monde s’entend très bien et où il n’y a jamais d’orage à l’horizon. Déjà, c’était trop beau pour être vrai, déjà quelque chose clochait, c’était bancal, impossible, irréel. Graham fut la première fissure dans l’édifice, tel un pavé dans la marre.
Il devait avoir sept ans ce jour-là. Il jouait tranquillement avec un camion de pompier, assis sur son lit, quand sa sœur débarqua dans sa chambre et se mit à sauter sur le matelas, faisant grincer le sommier. « Dis Grammy, on joue au dompteur de lion ? » Elle venait de lui crier dans les oreilles, et ce n’était pas très agréable à en juger par la grimace de Graham. « Je jouais tranquillement, là, va demander à Wade ! » « Alleeeez ! Wade est trop petit et il comprend rien ! Cinq minutes ! S’te plaît, s’te plaît, s’te plaîîîît ! Tu fais le lion et je fais le dompteur. » Graham voulait juste faire peur à sa sœur en imitant le rugissement du fauve. Mais il fut quelque peu surpris par le son qui s’échappa de sa bouche, il était guttural, comme un mélange entre un grondement et un feulement. Sa petite sœur se mit à frapper dans ses mains en riant. Leur mère passa dans le couloir. « Maman ! Maman ! Regarde comme Grammy fait bien le lion ! » La femme s’arrêta quelques secondes, et son visage se décomposa. Sur le lit se trouvait un lionceau, qui retroussait les babines pour dévoiler toutes ses dents aiguisées, à quelques centimètres de sa fille. Paniquée, elle appela son mari. « Chéri, il y a un lionceau dans la chambre de Graham ! » Le père de famille monta les escaliers en bougonnant et en fronçant les sourcils. « Comment ça un lionceau ? » Il trouva sa femme pétrifiée et il passa la tête dans le pas de la porte de la chambre. Lorsqu’il vit le bébé fauve, il s’empressa d’aller chercher sa fille, puis ferma la porte. Il croisa le regard de sa femme, et elle semblait aussi déboussolée que lui. Après quelques secondes d’hésitation, doucement, il ouvrit la porte à nouveau, et trouva son fils, Graham, l’air perdu, assis sur son lit. D’un commun accord, les parents décidèrent de ne plus parler de cet évènement étrange et au fil des années, ils finirent par se convaincre que leur esprit leur avait joué un tour. Cependant Graham se rappellera toujours de cette lueur effrayée qu’il surprenait parfois dans le regard de sa mère lorsqu’il se posait sur lui.
Chapitre II – protection fraternelle et instinct animal
Graham avait désormais 15 ans. Il sortait du lycée et devait se rendre au collège pour raccompagner son frère. Wade était très intelligent, c’est pourquoi il avait un an d’avance, et Graham était très fier d’être son grand frère. Lorsqu’il arriva devant le bâtiment, il ne trouva pas le petit garçon. Il se mit à chercher aux alentours et finit par le trouver. Il était entouré de quatre adolescents, plus vieux que lui, qui se penchaient sur lui en le menaçant. Graham fronça les sourcils, et, en plaçant son pouce et son index dans sa bouche, émit un sifflement strident et retentissant. Tous se tournèrent vers lui en même temps. « Pourquoi vous vous en prenez à lui, vous devriez vous mesurer à quelqu’un de plus adéquate à votre carrure, par exemple… moi ! » Son visage affichait une expression provocatrice qui mit immédiatement en rogne les brutes. « Chopez-le. » fit celui qui semblait être le chef de la bande. Graham fit signe à Wade de s’en aller, retira sa veste et se jeta sur les garçons, envoyant son poing dans le visage de l’un, assenant un uppercut à un autre. Il ne vit pas que l’un d’entre eux avait sortit son canif et qu’il tenta de le lui planter dans la jambe. La lame déchira le tissu mais ripa sur sa peau comme sur de la roche, alors qu’elle aurait du l’entailler. Profitant de la surprise de son attaquant, Graham le frappa. Mais avant qu’il ne puisse réagir, deux garçons lui attrapèrent les bras, l’empêchant ainsi de bouger. Le chef de la bande afficha une moue satisfaite et fit craquer ses doigts avant de frapper Graham au visage. Il le tabassa ainsi pendant quelques minutes, et Graham encaissait les coups sans rien dire. Jusqu’au moment où il en eut assez. La haine, la colère se répandirent dans ses veines, et quelques secondes plus tard, il avait pris la forme d’un jeune lion. Se campant fièrement sur ses pattes, il émit un puissant rugissement dans le but de les intimider. Les adolescents s’enfuirent en courant, tandis que le fauve s’assit en se léchant les babines. Graham redevint humain, se retrouvant nu. Ses habits s’étaient déchirés lors de la transformation, alors il attrapa sa veste et l’enroula autour de sa taille en jurant. Lorsqu’il releva la tête, il aperçut son petit frère qui s’était caché derrière une benne à ordures. « Je t’avais pas dit de partir ? » dit-il en soupirant. Wade ne répondit pas. « Ecoute, il faut que ça reste entre nous, d’accord ? Si les parents l’apprennent, dieu sait ce qu’ils feront de moi, mais une chose est sure, c’est que tu ne me reverras pas avant longtemps. Alors tu dois garder secret ce que tu as vu. Tu peux dire que je me suis battu, mais c’est tout. » Le garçon hocha la tête. « Allez, on rentre. »
Durant les deux années qui suivirent, les transformations de Graham se firent de plus en plus régulières, jusqu’à devenir quasi quotidiennes. Ses pulsions animales et sa puberté ne faisaient pas bon ménage et il disparaissait presque toutes les nuits. Il se rendait dans les bois bordant son village, tuait du gibier pour apaiser sa faim et ses instincts de fauve. Bientôt, une rumeur se répandit en ville comme quoi une bête sans pitié et assoiffée de sang errait dans la forêt. Pendant plusieurs semaines, plus personne n’osait y entrer, jusqu’au moment où on décida d’organiser une battue pour tuer la bête. Comble de l’ironie, Graham y participa avec son père, et bien sûr, ils ne trouvèrent rien. La frontière entre l’animal et l’être-humain devint de plus en plus floue, et le comportement de Graham se fit de plus en plus étrange. Sa mère ne supportait plus ses sautes d’humeurs et son agressivité, elle finit par sombrer dans une dépression. Un jour, quelqu’un frappa à leur porte. Il se disait professeur dans un institut très spécial, et promit qu’il pourrait aider Graham. C’est ainsi que l’adolescent arriva à l’institut Xavier. Il y passa quatre années qui furent intenses mais très enrichissantes. Il en ressortit adulte, et pratiquement sûr de contrôler son don.
Chapitre III – Enfer de pierre et salvation inespérée
Juste après en avoir terminé avec l’institut – du moins c’était ce qu’il croyait à l’époque – Graham s’engagea dans l’armée. Il voulait être utile à son pays, et défendre la paix dans le monde. Après une année d’entraînement acharné, il partit pour l’Afghanistan, et fit ses preuves sur le champ de bataille pendant plusieurs semaines. Jusqu’au jour où tout tourna mal. Alors que lui et ses compagnons se rendaient au village le plus proche, leur véhicule roula sur une mine. Le 4x4 blindé fit un bond de plusieurs mètres et retomba sur le toit. Les oreilles de Graham sifflaient horriblement, et il mit quelques secondes à comprendre ce qu’il venait de se passer. Il regarda autour de lui, les trois autres soldats étaient inconscients. La seule chose qu’il put voir par les fenêtres, étaient des jambes. Des personnes courraient en direction du véhicule accidenté. Au début, Graham crut que c’étaient des villageois venus aider, puis il réalisa qu’ils étaient armés et ne semblaient pas vraiment amicaux. Il tenta de se détacher, mais l’attache de sa ceinture était coincée. Alors, tandis que sa tête semblait peser une tonne à force de rester ainsi à l’envers, il attrapa son arme et se tint prêt à tirer. Sa vision se fit trouble, et il crut cligner des yeux, cependant lorsqu'il les rouvrit, il était dans un endroit complètement différent. Il était allongé sur une table, ses mains et ses pieds y étaient accrochés par de solides sangles. Il eut l’idée se changer en lion, cependant, dans la position où il était attaché, la transformation lui briserait des os et lui luxerait les hanches ainsi que les épaules. Une perte de temps inutile donc. Il décida alors d’observer les alentours. C’était un endroit sombre et humide, comme s’il se trouvait dans une grotte. Mais à y regarder de plus près, il se trouvait réellement dans une cavité de pierre. Un homme s’approcha de lui, une seringue en main, et tenta de la lui enfoncer dans le bras, en vain. Alors il força, força, jusqu’à ce que l’aiguille se brise. Il en essaya plusieurs, qui se cassèrent toutes de la même façon. Il quitta la pièce, visiblement énervé. Lorsqu’il revint, il y avait quelqu’un avec lui, qui semblait très en colère et très mécontent, car il ronchonnait, en arabe surement. Graham pensa qu’il devait être supérieur à l’autre, car il lui criait dessus. Il tenta à son tour de piquer le soldat américain, sans plus de succès. Graham se dit qu’ils devaient tenter de le faire dormir ou de le droguer pour qu’il se montre coopérant. L’homme perdit patience et sortit un poignard qu’il tenta de planter dans le bras de Graham tout en poussant une sorte de cri de guerre rageur. La lame se plia, et le soldat grimaça tandis que son ravisseur le fixait avec incrédulité. Pendant les heures ou les jours – le jeune homme avait perdu la notion du temps, car il ne voyait plus l’extérieur - qui suivirent, ils tentèrent toutes sortes d’armes sur le soldat, en tentant de lui arracher des réponses sur son identité et sa nature. Ils semblaient croire que le jeune homme était une sorte de super-soldat mis au point par les américains. Graham garda courageusement le silence, il était couvert de bleus, signes de la frustration des terroristes qui avaient fini par le frapper directement, car leurs armes étaient inefficaces contre lui. Puis vint le jour où Graham vit arriver un homme vêtu d’une étrange combinaison, et qui tenait dans ses mains un lance-flammes. Et pendant les jours qui suivirent, à chaque fois qu’il ne répondait pas à une question, il se faisait brûler à vif. La douleur était si insoutenable qu’il finit par perdre connaissance. Il refit surface plus tard, pendant quelques secondes, juste le temps d’entendre des coups de feu et les voix de soldats de son pays.
Lorsqu’il revint au monde des vivants, il y avait une jeune femme assise à côté de lui, sa main était posée sur son bras. Il avait la bouche et la gorge terriblement sèches et tenta de demander de l’eau, mais il était encore trop faible. Cependant, l’infirmière dut comprendre car elle lui apporta un verre d’eau et l’aida à boire. « Je m’appelle Jane, et je suis une mutante moi aussi. Je m’occupe de toi grâce à mon don, je te soigne petit à petit. » « Moi, Tarzan, toi, Jane. » articula-t-il avec effort. Un maigre sourire apparut sur ses lèvres, et l’infirmière rit. « Au moins tu n’as pas perdu ton sens de l’humour. Mais il faut que tu te reposes. » Elle passa les jours qui suivirent à son chevet, à lui tenir la main car son don fonctionnait par contact. Petit à petit, les brûlures cicatrisèrent, et les marques disparurent. Pendant sa guérison, Graham discuta beaucoup avec Jane, et ils rentrèrent ensemble en Amérique. Ils devinrent un couple seulement quelques semaines plus tard. Il se passa encore une dizaine de mois avant que Graham ne demande Jane en mariage, et elle accepta. Une année plus tard naquit Jimmy, leur seul et unique fils.
Chapitre IV – Trahison et déchéance.
Ce jour-là, Graham rentrait plus tôt de son travail, avec en poche une promotion. Il travaillait depuis quelques temps au poste de police, et venait de se voir offrir une place au FBI. Il voulut surprendre sa femme avec un bouquet de fleurs et lui annoncer la bonne nouvelle. Il poussa la porte de leur maison, et chercha Jane dans toutes les pièces, en l’appelant. Il entendit de l’agitation à l’étage, sa femme parlait à quelqu’un d’autre, d’une voix angoissée. Graham fronça les sourcils et monta les escaliers. Lorsqu’il arriva sur le pas de la porte de leur chambre, il découvrit Jane nue, et un homme qui tentait maladroitement de se rhabiller. Le sang de Graham ne fit qu’un tour dans ses veines. Il s’avança, frappa le visage de l’inconnu de toutes ses forces, lui brisant le nez, le mettant ainsi K.O. Puis il l’attrapa par le col, et le traîna jusque sur le perron de la maison. Il n’était que pure rage et haine. Il donna une claque à l’amant de sa femme pour qu’il reprenne connaissance et qu’il l’écoute. « Si tu remets ne serait-ce qu’un orteil dans ma maison, je te jure que je ne te laisserais pas t’en sortir vivant, cette fois-ci. Maintenant, casse-toi. » Il le regarda détaler en vitesse puis retourna voir sa femme. Il brûlait de colère, et tandis qu’il s’avançait, elle reculait. La douleur et la rage le rendait effrayant, quasi inhumain. Mais c’était ce qu’il était finalement, moitié homme, moitié fauve. « Comment as-tu osé ? Sous notre propre toit, alors que Jimmy dort ? » « Je peux expliquer… » répondit-elle en sanglotant. « IL N’Y A RIEN A EXPLIQUER ! » hurla-t-il, et dans sa voix on pouvait presque entendre le rugissement du lion qui sommeillait en lui. Jane se mit à pleurer, ce qui mit Graham dans une rage encore plus intense. Il perdait les pédales, et se changea en fauve. Il bondit sur sa femme, et lui blessa sévèrement le bras. Il rugit si fort que plus tard, on témoigna qu’on l’avait entendu dans toute la rue. Puis, lentement, avec horreur, en voyant tout ce sang couler sur le carrelage de la cuisine, il se rendit compte de ce qu’il avait fait. Il reprit forme humaine, et appela les urgences avant de partir sans laisser de trace.
Il trouva un motel miteux, et s’y installa pendant quelques temps. Deux jours plus tard, il apprit que sa femme le poursuivait en justice. Les forces de polices ne tardèrent pas à le retrouver, il n’avait même pas pris la peine de donner un faux nom. Il se laissa emmener sans résister, car il savait que ça ne ferait qu’aggraver les choses. Ce fut alors le début d’une longue descente aux enfers. Le procès fut très médiatisé, et relança même le débat sur les mutants, provoquant plusieurs manifestations pro et anti-mutantes. Graham ne dormait plus, les médias exerçaient une trop grande pression sur lui et déformaient la réalité. Il sombra dans la dépression, et buvait en permanence. Aux informations télévisées, il apparaissait parfois, le teint blafard, les traits fatigués, il semblait sur le point de s’écrouler à tout moment. La sentence finit par tomber. On décréta que Graham était instable mentalement, à cause de la torture qu’il avait subite en Afghanistan. Le divorce fut prononcé, il n’avait plus le droit d’approcher sa femme à moins de 50 mètres et n’était autorisé à voir son fils que deux semaines par an. On lui assigna aussi un psychologue, mais Graham était persuadé que c’était plus pour le surveiller que pour l’aider. C’est pourquoi il mit plusieurs semaines avant de se rendre aux séances.
Chapitre V – Réminiscence et retour à la maison.
Un jour, il décida tout de même d’aller voir son psychologue, car il en avait marre d’être seul, de n’avoir pour seule compagnie des bouteilles d’alcool plus ou moins vides. Il ressentait le besoin de vider son sac. Debout devant la porte, il hésita longuement avant de se décider à l’ouvrir. Une fois à l’intérieur, il fut accueilli par un homme qui ne devait être plus âgé que lui que d’un ou deux ans. Il avait l’air propre et soigné des étudiants en médecine, et des yeux d’un bleu comme Graham n’en avait jamais vu. « Bonjour, je m’appelle Sal. » Le mutant baissa le regard vers la main que l’homme lui tendait. Pouvait-il vraiment l’aider, lui faire remonter la pente ? Graham décida de lui faire confiance et lui serra la main, rendant ce geste symbolique, comme une promesse inavouée. « Moi c’est Graham, mais je suppose que vous le savez déjà. » dit-il avec amertume. Sa voix était rocailleuse, car cela faisait plusieurs semaines qu’il vivait reclus dans son appartement, ne parlant à personne, pas même à sa famille. « Je vous préviens, je ne m’allongerai pas sur un divan. » ajouta-t-il, bougon. Sal sourit avec bienveillance. « Ca tombe bien, je n’ai que des fauteuils. A vrai dire, je trouve cette méthode un peu dépassée, je préfère dialoguer plutôt que de laisser mes patients parler au plafond. » La séance dura plus longtemps que prévu, car Graham avait grand besoin de s'exprimer librement, de se confier.
Son psychologue fut un peu sa bouée de sauvetage. Leur relation se limita d’abord aux séances puis ils décidèrent de se voir en dehors et devinrent amis. Ils se retrouvaient autour d’un verre, discutaient. Chacun était le confident de l’autre. Graham lui parla de l’institut, et Sal finit par le convaincre d’y retourner, que transmettre ses connaissances lui permettrait d’aller mieux. Qu’il fallait qu’il se remette en route, qu’il fasse quelque chose qui lui permette d’oublier, de faire table rase du passé, et d’avoir l’impression d’être utile. Graham accepta à une seule condition, que Sal l’accompagne dans cette aventure, ce qu’il accepta avec joie. Ce fut une étape cruciale dans la vie de Graham, qui commençait enfin à voir la lumière au bout du tunnel.
Depuis trois ans donc, Graham enseigne les techniques de combat et de défense à l’institut. Il a reprit le sport et se sent mieux. Il a une approche bienveillante envers les élève, bien qu’exigeante, mais c’est pour mieux les faire progresser. Il encourage les jeunes mutants à ne pas avoir peur de leur mutation, mais leur apprend aussi à savoir s’en passer lors de combats au corps à corps par exemple. Graham se sent bien, il est sortit de sa dépression bien qu’elle ait laissé des traces derrière elle, comme son addiction à l’alcool. Mais désormais, il a une famille, une maison, et c’est tout ce qui compte pour lui à présent.
Chapitre VI – Rechute et démons oubliés
Il était tard, la nuit était déjà bien installée, et Graham, allongé sur son lit, parcourait les chaînes de la petite télévision de sa chambre. Il tomba les informations à la télévision quand un reportage sur l’action anti-mutant fut diffusé.
« Les manifestants était très nombreux aujourd’hui, déclare l’envoyée spéciale, ils ont parcouru les rues de Manhattan en protestant contre l’envahissement des mutants et l’incapacité du gouvernement à les gérer. Ils dénoncent leur dangerosité, et nous leurs avons demandé quelques précisions… »
L’image changea, on vit une personne qui représentait l’action contre les mutants. Elle semblait remontée, sans pour autant perdre ses moyens.
« Les mutants sont une source de danger sérieuse, et doivent être encadrés très strictement. Ils sont instables et impulsifs, rappelez-vous Graham Lester, qui a faillit tuer son ex- femme. C’est pour des gens comme lui que l’on se doit d’être plus que prudent avec les mutants. Ils ont toujours… »
Graham, d’une main tremblante de colère, éteignit la télévision. Pourquoi le prendre en exemple lui ? Il y avait des mutants qui avaient commis des actes bien pires. Les médias avaient mal traité l’affaire à l’époque du procès, et ils avaient réussi à tourner toute une population d’humains enragés contre lui. Il se leva, se dirigea vers une petite table où était posé sur un plateau un service à whisky. Il s’en servit un verre qu’il porta à ses lèvres, le buvant d’une traite. Ses démons refaisaient surface, ricanant, et lui rappelant sans cesse qu’il ne s’en sortirait jamais complètement. Il resserra la main sur l’objet translucide, puis le jeta à l’autre bout de la pièce en poussant un cri de rage. Il se laissa tomber dans un fauteuil et enfouit son visage dans ses mains. Il releva la tête et fixa le mur en face de lui pendant plusieurs minutes, sans esquisser le moindre mouvement. Ne pourrait-il donc jamais vivre une vie tranquille où on le laisserait en paix? Il fallait qu'il ignore ces accusations, qu'il continue à avancer au sein de l'institut, et qu'il se rappelle que désormais, il n'est plus seul.