orgue de barbarie (israël)

lunatique + soumis à de violentes sautes d'humeur + cynique + fier + sanguin + désabusé + cruel + intelligent + cultivé + lucide + sensible + malsain + imprévisible + à moitié fou + rejette toute forme d'autorité + méfiant + cultive une haine des humains + épris de la nature + immoral


◊ 001. je fume abondamment, même lorsque je n'en ai pas envie. J'apprécie la quiétude de la fumée bleuâtre qui virevolte à son gré. Le tabac a quelque chose de poétique, la métaphore de la vie, qui se consume sans que l'on puisse jamais l'arrêter, sou si l'on désire arrêter de se consumer dans l'hédonisme, il faut s'écraser, se ratatiner sur soi-même pour ne devenir qu'un mégot jeté, abandonné. Le temps s'alourdira alors et l'on ne vivra plus. Tant et si bien que lorsque l'on mourra, l'on ne s'en rendra même pas compte. ◊ 002. Je suis un intellectuel, tant et si bien que le sport m'insupporte. J'essaye de me garder en bonne condition, mais en en faisant le moins possible. Je trouve que courir et suer abondement est dégoûtant et assez stupide. Cette action n'a pas de but. Si je me défoule, je préfère le faire avec quelqu'un, en jouant en un contre un par exemple. J'ai besoin d'avoir un but dans ma vie présente. ◊ 003. Je lis énormément. Je me plonge dans des livres énormes et très vieux. Ils dégagent une aura superbe, pleine de promesses et de sagesse. J'aime cette odeur typique de pages vieillies par le temps. J'y passe le plus clair de mon temps, j'aime me cultiver. ◊ 004. J'aime me poser et contempler le monde. J'aime voyager et observer la nature. Je connais déjà tout des humains, alors que les règles naturelles sont impénétrables. Tout ce qui est produit par la nature me semble mystérieux, insaisissable. C'est pourquoi je refuse de converser de physique ou de chimie. Je refuse qu'un prétendu magicien me dévoile le secret des tours qu'il n'a pas lui même conçu. Pour une fois, je m'autorise l'obscurantisme. je ne veux rien savoir, je veux juste observer et sentir ma petitesse face à ce monde en perpétuel changement, dont les sautes d'humeur sont imprévisibles. ◊ 005. J'ai une gigantesque pile de carnets qui continue de s'agrandir. Ces derniers sont truffés d'informations sur la psychologie humaine, les réactions, ce qui rend triste, ce qui rend heureux, le sadisme de certains, la soumission des autres. Ce sont de véritables livres d'explorateur, avec des illustrations que j'ai découpées, des dessins, des photographies, des statistiques, des citations recopiées ça et là... Le contenu est très anarchique et passe rapidement du coq à l'âne, mais c'est ainsi que je voulais qu'il soit : à l'instar de la pensée humaine, désordonnée et chaotique. ◊ 006. Même si le professeur Xavier me le reproche, je nourris un mépris absolu pour les humains. Ils me semblent faibles, en proie à tous les vices, préfèrent la colère à la bonté et sont prêt à laisser des millions de gens crever de faim pourvu que cela joute quelques chiffres sur leur compte en banque. Ils courent après des illusions et croient tout ce qu'on leur dit. Oui, l'humain moyen me dégoûte, et pourtant me fascine, justement par sa bêtise. Je n'ai de respect qu'envers les humains supérieurement intelligents, ceux qui se rapprochent le plus de nous. Autrement, j'ai une amitié intrinsèque avec les autres mutants, même s'il existe de nombreuses tensions. Il serait plus précis de dire que lorsque je rencontre un mutant, je n'ai aucun préjugé à son égard et je ne m'attends à rien de spécial de sa part, contrairement aux humains. ◊ 007. J'ai malgré tout des accointances certaines avec un certain type de mutants. De manière générale, je m'entends très bien avec ceux possédant une part animale, car je sens en eux la pureté propre à la faune, qui n'est pas corrompue comme l'espère humaine. En revanche, j'aurais tendance à me méfier de ceux qui ont des capacités psychiques, car je ne leur fais pas confiance. J'aime savoir le passé des autres, mais je refuse que ces mêmes autres entrent dans ma tête. J'ai l'impression d'être observé constamment avec eux, je me sens mal à l'aise. ◊ 008. Je suis un carnivore assumé. Je peux manger tout et n'importe quoi, mais la chair est ce que je préfère. Cela est peut-être du au sentiment de satisfaction qui émane de ma victoire dans ce combat de la survie. En soi, je suis anti-spéciste, c'est à dire que je considère que je ne suis pas supérieur à la vie animale de par mon statut d'homme. Mais cela ne m'empêche pas de me délecter de la viande, car je ne me considère pas exclu de la chaîne alimentaire et j'assouvis dans le même temps mes bas-instincts primaires. ◊ 009. Le discours carpe diem m'énerve profondément. Personne ne croit réellement à toutes ces fumisteries. Je le sais pertinemment, en me nourrissant des regrets, celui-ci est le plus persistant : celui de n'avoir pas profité de la vie tant qu'il en était encore temps. Ce n'est pas propre à leurs êtres minables que de vivre dans la seconde, ils ont besoin de s'enfermer bêtement dans leur passé ou de planifier leur futur. Et c'est ainsi que se déroule leur présent. A s'enfermer et à planifier. Jamais à vivre. Virtuellement, ils sont déjà tous morts. ◊ 010. J'hésite parfois à stopper ma vie pour toujours et m'enfermer dans une chambre hermétique à toute parole, à toute pensée. Je ne peux m'empêcher de faire du mal, j'en ai besoin, la souffrance fait partie intégrante de ma vie. J'ai besoin de les punir, tous, tous autant qu'ils sont, insectes rampants dans leur fange. Ils ne savent rien, ne comprennent rien, si je le pouvais, dieu si je le pouvais...! Je suis plus fort que tous ces idiots, je pourrais faire de leur vie un cauchemar dans la seconde si je le désire. ◊ 011. Je n'ai encore jamais eu de relations sexuelles et, par extrapolation, je n'ai jamais aimé personne. Lorsque je commence à m'intéresser à quelqu'un, je suis pris d'une innommable terreur. J'ai envie de leur faire du mal. De les faire ramper de douleur, pour voir jusqu'à où ils pourraient tenir par amour pour moi. Je n'ai jamais essayé. Étrangement, leur souffrance m'est insupportable. Alors je préfère les laisser s'en aller. Cela ne me manque pas tant que cela, mes sentiments sont vite inhibés par le plus fort : l'ivresse de la puissance. ◊ 012. Je me laisse parfois rêver, mais je me reprends très vite. Je ne m'accorde qu'un sommeil très limité, par peur de me laisser emporter. Dormir me semble inutile, une véritable perte de temps. ◊ 013. J'apprécie énormément les conversations tardives autour d'une cigarette et d'un alcool fort. Ces débats passionnés et passionnants qui me font reprendre confiance dans l'esprit humain et dans ces moments, je me laisse aller à rire, du plus fort qu'il m'est possible. Je m'emporte, je crie, je vis. ◊ 014. Malgré la signification de mon prénom, je suis résolument athée. La religion n'est encore que de la poudre que les humains se jettent délibérément au visage pour ne pas voir l'inéluctabilité de leur décès, leur mort qui s'approche au fur et à mesure de leurs corps faibles pour venir les étrangler. Ils ont peur d'elle, si elle vient, ils n'oseront pas la regarder droit dans les yeux, ils préféreront se cacher, pleutres qu'ils sont, et se laisser emporter, en imaginant qu'ils s'envolent vers des nuages sucrés. Idiots.  ◊ 015. Je me considère comme un pacifiste, dans le sens où je ne fais jamais du mal en donnant de ma personne. Je n'use jamais de mes poings. Le mal que je produis est interne, tel un virus indétectable, toutes ces idées que je peux implanter. Si les humains usaient de mes techniques, il n'y aurait plus de guerres, juste des cerveaux nécrosés par la peur et la paranoïa. La vie des salauds sacrifiées à la faveur des autres. Les autres s'énervent quand je leur déclare ceci, car, effectivement, le temps de guerre est semblable à un gigantesque banquet pour moi. Mais malgré tout, je ne compte pas en provoquer. Mon idée est de punir, pas de détruire inutilement. ◊ 016. Je déteste la télévision, instrument d'abrutissement de masse. Lorsque j'en vois une, j'ai envie de la détruire, purement et simplement. ◊ 017. Je me sens sans attaches effectives. Si quelqu'un meurt, je ne pleurerais pas, je ne me sentirais même pas concerné. Les gens meurent, c'est ainsi. Même le meurtre ne me rebute pas. La vie est si fragile, comme une minuscule brindille. Je prends plaisir à être le dieu qui, entre ses puissantes mains, la brisera violemment, avant de la lâcher négligemment, pour en piétiner une centaine d'autres, sans remords ni regrets. ◊ 018. Je suis très physionomiste, en revanche, j'ai une très mauvaise mémoire des noms. Ils ne représentent rien à mes yeux. Lorsque les autres se présentent, j'ai pour habitude de leur demander leur véritable nom, celui qui réside au fond de leurs tripes, celui qu'ils se sont attribués eux-mêmes. Pas celui ressortant du choix arbitraire de leurs parents idiots. ◊ 019. Je mets très longtemps à accorder ma confiance, c'est souvent après avoir inspecté le comportement de la personne en face de moi, voir si elle est du genre à trahir, à détruire. Bien que mon caractère soit lui-même assez destructeur, je ne m'entoure pas de ces gens-là. ◊ 020. Je ne regrette rien, absolument rien. Jamais. Je crois que chacun de mes actes a été choisi en mon âme et conscience et je ne reviendrais jamais sur mes actes. En revanche, je me plaît à juger les actes d'autrui.