Let's hide in the closet ! Ft James Raymore

Let's hide in the closet

"Ciel Myocarde et James Raymore"

James était pensif en sortant de la cafeteria. Il venait de passer l’heure du repas en compagnie d’un groupe de jeunes mutants et leur conversation lui donnait maintenant matière à réflexion. Lui qui était arrivé il y a quelques mois en pensant susciter des murmures sur son passage (il était Sénateur quand même !) il se trouvait aussi incognito aujourd’hui qu’à ses débuts dans les affaires, et il ne savait pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Pour un personnage aussi public que lui, la renommée était aussi essentielle que lourde pour pouvoir mener à bien ses projets. Lui qui avait l’intention en venant ici de recruter des mutants à son service en jouant sur sa célébrité et son crédit, il se trouvait devant un obstacle qu’il n’avait pas prévu. Commet imaginer que des gens puissent ne pas le connaitre ? C’est en discutant avec les mutants qu’il avait commencé à comprendre : l’Institut était une bulle isolée du reste de la réalité. La plupart des élèves étaient jeunes et ne sortaient que très peu de manière prolongée, leur connexion avec le reste du monde était donc extrêmement limitée. Pourquoi vouloir sortir d’un lieu où les humains ne pouvaient pas vous atteindre, pourquoi vouloir connaitre une réalité qui n’était pas la nôtre et qui nous excluait ? James se rendait compte maintenant que loin d’être une simple université avec des élèves différents, l’Institut était un sas de décompression menant au monde extérieur. Ça expliquait aussi pourquoi les plus âgées des mutants ne vivaient pas la si on excluait les professeurs ou les autres membres du personnel. Une fois leur armure crée, les mutants avaient la force de faire leur vie ailleurs et sortaient de leur cocon. C’est pourquoi pour profiter de ce cocon à son tour, James avait loué il y a quelques mois une villa proche de l’Institut. Il pouvait maintenant passer la plupart de son temps libre à l’Institut tout en continuant à traiter ses affaires de sa villa.

Aujourd’hui Ses réflexions en arpentant les couloirs ne venaient donc pas d’un découragement mais plutôt d’une certaine excitation. Pour la première fois depuis longtemps, il était inconnu. Personne pour ressortir de vieux dossiers qui pourraient le décrédibiliser. Les autres mutants avaient même l’air de l’apprécier même si la différence d’âge entretenait toujours une forme de retenue. Aujourd’hui il avait réussi à se faire inviter à un cours et il était en train de se diriger vers les salles du deuxième étage avec une tasse de thé quand la sonnerie avait retenti.

James avait horreur des sonneries. Et celle-là était particulièrement stridente comme si quelque chose de grave était en train de se produire. Etant le patron d’une entreprise disposant de nombreuses usines, James avait mis au point un système strict en matière de sécurité et évidemment s’il se passait quelque chose une sonnerie retentissait. Mais c’était lui-même qui avait choisi le son et comme il avait horreur de tous les bruits stridents, il avait remplacé le banal « piiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii » de l’alerte incendie par « we didn’t start the fire » de Billy Joel ! Agacé par le bruit il commença donc à chantonner en cherchant ce qui pouvait bien être à l’origine de l’alerte. Il se rappela immédiatement une affichette coincée derrière une feuille indiquant la date des vacances dans le hall et qui informait les élèves que des exercices de confinement auraient lieu tout au long de l’année. Problème : il venait d’arriver dans le couloir qui menait aux chambres et les seuls endroits ou se cacher rapidement étaient des placards. « Pourquoi pas ? » pensa-t-il en se dirigeant vers l’un d’entre eux, « Je vais pouvoir finir mon thé et chanter tranquillement comme ça ! »
Il était donc entrain de brailler « It was always burning since the world’s been turning » quand il ouvrit avec fracas la porte du premier placard qu’il vit et s’engouffra dedans.
-Euh… salut ?
James se retourna. Quelqu’un d’autre avait porté son dévolu sur le placard. Un homme un peu plus jeune que lui se tenait debout, son portable à la main, et le regardait d’un air curieux. James sentit aussitôt une décharge d’adrénaline le parcourir. Des flots de souvenirs lui revinrent en tête. Au moment même où il se réjouissait de son nouveau statut d’inconnu, son passé lui donnait un gros coup de poing dans le ventre.  Evidemment comme il avait lu les dossiers des résidents, il savait que ce moment viendrait mais il ne pensait pas que ça arriverait lors d’une alerte confinement qui pouvait durer plusieurs heures et dans un placard servant à entreposer des poubelles !
Ciel Myocarde. « Alors c’était un mutant ? Ça expliquait certaines choses… » songea James.
Il se reprit cependant bien vite et décida rapidement de ce qu’il devait faire. Hors de question de se cacher. D’après son dossier Ciel avait raccroché depuis longtemps déjà et de toute façon même à l’époque il n’avait rien pu prouver. Et James savait des choses.
Il eut donc un léger sourire et tendit sa main au jeune homme :
-Ciel Myocarde ! Je ne pensais pas vous revoir dans un placard ! On va pouvoir rattraper le temps perdu !
Son sourire s’élargit en regardant l’homme qui aurait pu ruiner sa vie quand il venait à peine de lancer son entreprise. « Je sens qu’on va bien s’amuser… » pensa-t-il.

Let's hide in the closet

"Ciel Myocarde et James Raymore"

D’après l’expérience cinématographique de James, deux situations pouvaient aboutir à un « Vous ! » comme celui que Ciel Myocarde venait de lancer : le moment ou l’héroïne découvre que l’homme qu’elle fréquente depuis le début est en fait celui qui lui envoyait de si belles lettres d’amour (cf. You’ve got Mail) ou bien le moment ou le héros se trouve inopinément en face d’un homme qu’il déteste sans pouvoir prouver qu’il est un sale type au reste du monde (cf. Harry Potter 5 quand Harry voit Lucius Malfoy tranquillou dans le ministère alors que c’est un mangemort et qu’il l’a regardé se faire torturer par Voldemort 2 mois avant) ! Même s’il n’aurait pas déplu à James qu’il s’agisse du cas de figure numéro un, la vision du jeune homme entrain de péter une durite en face de lui les plaçaient plutôt dans la deuxième situation !
- Rattraper le temps perdu ? Sérieusement ?! Comment pouvez-vous...
« Bon, Il n’est pas très content de me revoir » songea James assez naïvement.
« Pas content » était un euphémisme, Ciel avait les mains crispées sur son portable et la mâchoire tellement serrée qu’on aurait dit qu’il essayait d’avaler ses propres lèvres. Peu à peu il se calma mais ne daigna pas serrer la main de James qui dû la mettre dans sa poche un sourire narquois aux lèvres. Pour James, Ciel Myocarde faisait partie de cette sorte de policier consultant absolument insupportable parce qu’incorruptibles.  Le genre super-héros qui est « prêt à tout pour la justice » et qui ne pouvait conceboir qu’il y avait des moyens alternatifs pour la protéger. Les lois n’étaient pas signe de Justice pour James.
- Je ne ferais pas le cliché de tenter d'ouvrir désespérément la porte avant de me tourner vers vous, vous pointer d'un doigt accusateur et vous cracher des insultes au visage. Par contre, je suis curieux de savoir ce que James Raymore, ancienne poigne dans l'illégalité, fait ici. Toujours dans la pègre ? Ou alors vous cuisinez des cupcakes pendant votre temps libre ?
James ne put retenir un sourire froid devant l’exaspération du jeune professeur. Au fond de lui il savait que ce dernier avait été le seul susceptible de lui mettre la main dessus à l’époque où il commençait à tremper dans des affaires illégales. Une vieille histoire débile. James venait de débuter, il avait mal camouflé un ordre de meurtre et Ciel avait plus creusé que les autres. Heureusement pour l’homme d’affaire, un arrêt cardiaque avait stoppé en même temps le cœur de Ciel et les investigations sur ses activités. Les deux hommes n’auraient jamais dû se revoir. Mais maintenant que c’était fait, il était hors de question pour James que ça se passe mal. Ciel ne pouvait peut-être plus rien prouver mais il ne serait pas non plus très intelligent de s’en faire un ennemi. La partie allait être tendue. Contrairement à ce qu’il avait dit, Ciel s’escrimait déjà sur la porte, visiblement il n’avait pas l’intention de rester. Il marmonna quelque chose à propos de sortir du placard et aussitôt tourna un visage devenu rouge tomate vers James en disant :
-Pas de commentaire sur cette phrase ambiguë, merci.
Aussitôt James retrouva le sourire. Intéressant ce qu’on peut dévoiler sous la colère. A en juger par sa gêne suite à cette blague involontaire, le jeune homme était surement gay… Evidemment ça n’était pas précisé sur le dossier. Avait-il un partenaire en ce moment ? James fouilla dans sa mémoire à la recherche du dossier « Ciel Myocarde ». S’il n’y était fait aucune mention de sa vie sexuelle, il était en revanche précisé que le jeune homme était arrivé à l’Institut en suivant son dernier patient, un certain Graham Lester. En revanche le dossier de ce dernier informait qu’il était divorcé et qu’il avait un fils. Pas gay donc ou alors refoulé. « Est-ce qu’un psy suivrait un très bon ami jusqu’ici ? » se demanda James. Difficile pour lui de répondre à la question vu son peu d’expérience en la matière. James paria donc sur un amour à sens unique. Très intéressant. Une simple petite réaction chimique provoquée par une phrase anodine venait de révéler tout un pan de la vie du jeune homme. Evidemment ce dernier était loin de se douter de ce qu’il se passait dans le cerveau de James, il se préoccupait juste de s’asseoir le plus loin possible de l’homme d’affaire en repliant ses jambes. « Peine perdue » songea James, « On est dans un placard, difficile de ne pas être proche… » Il rit intérieurement en songeant que la métaphore du placard risquait de revenir souvent dans la conversation et qu’il ne manquerait de s’amuser un peu avec ça…
- On va tous les deux être coincés dans le placard pendant un moment, autant se mettre à l'aise. On aura des crampes, c'est sûr, mais autant minimiser.
Et les joues du professeur qui venaient de retrouver une couleur normale rougir de plus belles.
« Décidément, il a un problème avec ça… ». James regarda attentivement Ciel dans les yeux et déclara d’un ton badin :
-Je ne tiens pas tellement à passer cette heure à me justifier mais sachez que vous vous êtes quelques peu trompé sur mon compte ! Je ne nie pas avoir été visiter les limites de la légalité plus jeune et parce que je n’avais pas d’autres choix pour faire ce que je voulais faire. Aujourd’hui en revanche, je préfère nettement faire des cupcakes !
Il s’assit à son tour en faisant basculer son manteau sous ses fesses pour ne pas se salir et continua :
-Comme vous l’avez souligné nous sommes tous les deux enfermés dans un placard et on ne sortira pas avant au moins une heure, ça me donne plutôt envie de discuter que de nous disputer non ? Je suis sûre qu’on a plein de trucs à se raconter !  
Il s’arrêta une demi seconde le temps de bien regarder Ciel dans les yeux et continua :
-Par exemple je suis gay, et vous ?
Autant utiliser cette histoire de placard à fond.