Alvaro Velasques || It's time to live

Notre histoire commence il y a trente années de cela, à bord d'un navire qui fendait les flots de l'Océan Atlantique. Fuyant l'instabilité que des gouvernements désastreux avaient installée dans leur pays, les parents d'Alvaro avaient prit la direction d'une terre promise: les États-Unis. Grâce aux bons soins du frère de son père, mari et femme enceinte jusqu'à aux yeux avaient pu trouver une place sur un navire marchand mais le petit être décida de ne pas attendre leur arrivée sur le continent d'Amérique du Nord pour voir le monde. C'est ainsi qu'Alvaro vit le jour dans les eaux internationales, d'un père et d'une mère Argentins qui débarquèrent quelques temps plus tard à la Nouvelle-Orléans.
Seul enfant du couple, du moins il apprit bien plus tard qu'il avait eu une grande sœur décédée à la naissance, et qui plus est un garçon, Alvaro grandit avec toute l'attention et l'amour de sa mère et la bienveillance de son père. L’atmosphère de sa petite enfance fut celle de la pétillante Nouvelle-Orléans, autour de lui toutes les cultures se mélangeaient, on parlait anglais, espagnol et français. Il y avait tant de choses à voir et à expérimenter que le garçonnet n'avait pas assez de ses journées pour faire tout ce qu'il pouvait souhaiter. D'autant plus que la mamá était là pour veiller au grain et s'assurer que sa jeune progéniture ne s'éloigne pas trop d'elle en suivant naïvement le premier papillon venu. Si ces jeunes années animées et colorées ont clairement apporté les fondations de sa vie, Alvaro n'en garde aucun véritable souvenir car la Nouvelle-Orléans n'était qu'une étape pour ses parents qui prirent la route de New-York.
Si la mixité et l'animation régnaient aussi dans cette ville monde les différences perturbèrent tout d'abord notre garçonnet. Même la météo avait quelque chose d'étrange et contrairement à son ancien foyer les personnes qui se croisaient ici ne prenaient guère le temps de se connaître. Ils étaient des milliers à s'ignorer et même si jeune, cette découverte dérouta Alvaro. Mais loin de se laisser abattre par ces nouveautés, le garçonnet prit pied dans sa vie New-Yorkaise et grandit dans son petit quartier hispanique qu'il apprit à aimer malgré les quelques excès de violence que ses jeunes yeux pouvaient percevoir. C'est aussi à cette période qu'il commença à prendre conscience que certains appareils ne semblaient apprécier sa présence: La radio de son père ne supportait pas son passage, la télévision de son meilleur ami n'appréciait guère qu'il s'approche. Le phénomène ne semblait guère l'inquiéter, au contraire il devint rapidement un jeu pour le garçonnet. Quoi de mieux pour attirer l'attention que de couper l'envoûtement d'une voix ou d'une image ?
À l'approche de l'adolescence, alors que certains de ses amis s'approchaient des gangs qui tenaient les rues, Alvaro lui prenait déjà la vieille guitare de son père et partait en quête de musique et de quelques dollars qu'il dépensait aux entrées des différents musées de la ville. La réalité parfois brutale de la vie ne semblait pas l'effleurer, seule la beauté semblait atteindre son esprit éveillé. Ses centres d'intérêt différaient de ses amis et ce fut là le début d'une rupture que sa "malchance" scella peu à peu. Car au début de ces années 2000 Alvaro n'arrivait pas à s'enthousiasmer des derniers éléments de technologies qui apparaissaient. Il ne voyait pas l'intérêt de faire le guet pour les adultes pour qu'on lui offre une gameboy ou un walkman et il se mit donc à observer de plus en plus loin ses amis qui entraient avec enthousiasme dans un engrenage classique dans ce coin de la ville. Notre jeune adolescent lui préférait aller à l'école et griffonner toutes les images qui pouvaient lui passer à l'esprit sur les coins de son cahier. Ne voulant guère décevoir ses parents, Alvaro ne fut jamais du genre à sécher les cours même si rare était les heures intéressantes à ses yeux, sans compter qu'il n'était pas spécialement du genre studieux. Mais il eut toujours la sincérité de faire de son mieux car c'était là ce qu'il devait à ses parents.
Alvaro mena ses études jusqu'au lycée, période dont il affectionna particulièrement les clubs de musique ou d'art où il pu trouver quelques âmes semblables à la sienne. Cependant il devenait de plus en plus évident que sa vie ne pourrait être comme celle des autres, la technologie envahissait tous les secteurs et lui ne pouvait véritablement s'en servir. Il ne s'appesantit pas sur son sort, bien au contraire car il était le premier observateur de l'évolution de son entourage. A quoi bon regretter de ne pouvoir utiliser ce qui vous coupe du monde ? Le seul regret qu'il pouvait porter était sur le rejet des autres mais cela, le temps lui apprit à le porter. Notre jeune Alvaro acheva donc le lycée avec un diplôme en poche mais sans bourse il n'osa même pas prétendre aux études supérieures tellement onéreuses. Il se lança donc dans une vie de petit boulot mais aussi et surtout d'artiste, dans une ville comme New-York lorsque l'on a de la chance d'avoir un peu de talent il suffit ensuite de rencontrer la bonne personne pour trouver de quoi monnayer ce talent. Ainsi notre homme prit son indépendance, trouva un appartement en vivant de quelques postes de barman ou de ventes de toiles. Il est aujourd'hui bien loin du luxe mais cela lui convient et il ne prétend à rien d'autre même si l'envie de voir le monde éprend régulièrement son esprit.
Et aujourd'hui il mène sa vie en observateur de ce monde qui se retourne contre lui-même. L'Homme continue d'évoluer, non-content de se parer de technologie certains naissent avec des capacités incroyable et effraie leurs compatriotes. Alvaro se tient au courant à sa manière, il a vu quelques manifestations à New-York et ne se range guère du côté de ces anti-mutants qui semblent surtout humains avant tout. Et comme dans toute humanité il doit y avoir du noir et du blanc alors pourquoi ne voir que le noir ? Bref notre artiste ne porte guère dans son cœur les dernières évolutions et espère que les esprits trouveront de quoi s’apaiser au lieu de se retourner contre une partie de la population qui n'a probablement pas demandé ce sort.