When the doll steps out of the toybox, it might break

Je ne me souviens pas grand chose de cette époque, j'étais petite, entre six et sept ans. Je me souviens surtout de cris, de la peur. C'était la première fois que mon don se manifestait et je n'avais aucune idée que j'avais pris l'apparence de ma mère, elle a été terrifiée. Après cet incident, ma vie se résumait à l'intérieur de la maison. Mes parents avaient peur de sortir  le monstre que j'étais au grand jour, ils avaient peur de la réaction des autres. Malheureusement, l'exil ne suffisait pas, ça les rongeait de l'intérieur. Plus le temps passait, moins ils me considéraient comme leur fille, encore moins comme humaine. Le pire, c'est que toute la décadence vers le dégout se déroula sur des années.

Avant ma naissance, mes parents croyaient qu'ils ne pouvaient pas avoir d'enfants, ils en ont rêvés pendant des années. Quand je suis née ils avaient déjà la cinquantaine, j'étais un miracle à leurs yeux, un cadeau du ciel. Après la découverte de mon don, je suis devenue un cadeau empoisonné, j'étais le cheval de Troyes de leur misérable existence. 

Au début, c'était ma mère qui m'enseignait les cours généraux, car impossible de me renvoyer à l'école. Imaginez la tête de mes professeur quand ils verront que je peux devenir ma voisine, ou encore pire, eux. Ironie du sort, elle ne pouvait pas me voir en peinture et me faisait lire la plupart du temps. Néanmoins, je lui dois beaucoup, elle m'a appris à lire et écrire, comme beaucoup d'autres choses. Sans ces cours je ne sais pas quel loque je serais devenue, ni même si je serai encore en vie. 

Cette vie continua de nombreuses années, avec le temps mon espace auquel j'avais le droit de pénétrer se rapetissait, les interactions se faisaient rare, mes parents devenaient limite malade rien qu'à ma vue. Et puis un jour ce fut trop dur. Trop difficile de regarder le démon qu'ils avaient créé dans les yeux. Pendant une nuit, ils m'ont attrapée dans mon lit et m'ont mis un sac sur la tête, avant de m'assommer.

Quand je me suis réveillée, j'étais dans l'abri antiatomique du jardin. Oui mes parents sont vieux, ils ont vécu des temps où la guerre atomique a failli éclater et comme la plupart des américains assez aisés, il a pris ses précautions. Au final il n'a pas servi à rien. 

Je pense que ce qui les a poussés à se débarrasser de moi fut la fois où je me suis coupée sur une feuille et que la blessure est partie presque instantanément. Ils ont dû se dire quelque chose comme « Oh non en plus elle se régénère! ». Je ne sais vraiment pourquoi ils m'ont enfermés, ils auraient pu me tuer ou bien encore m'abandonner quelque part... C'est peut être la seule trace d'humanité qui leurs restait.. En tous les cas, ils ne m'ont jamais laissé sortir, mais ils ne m'ont jamais laissé mourir de faim non plus.

Au début je l'ai vécu très mal, je n'étais qu'une gamine mal aimée qui ne comprenais pas ce qui lui arrivait. J'ai passé des semaines, voir des mois à pleurer, crier, supplier à la porte. Mais c'était en vain car tout était insonorisé. Je ne me suis jamais « plue » dans mon abri, mais a partir d'un moment on baisse les bras et on abandonne le combat. J'ai fini par me faire à l'idée que je ne sortirais pas. Et puis un jour, alors que mes vieux n'avaient pas fait de « dépôt » depuis un moment, la porte d'entrée s'ouvrit en grand, laissant la lumière du soleil pénétrer dans ma grotte.

Je ne pourrais dire combien d'année je suis restée enfermée dans l'abri, je pense que ça tournerai dans les cinq ou six ans. En tous les cas, la personne qui ouvrit la porte fut aussi étonnée que moi. Elle était un peu âgée, mais je ne pouvais discerner son visage à cause de la lumière qui m'aveuglait.  Elle m'a sortie de mon abri et m'a emmenée dans la maison. 

Cette dernière ne ressemblais en rien à mes souvenirs, elle semblait.. Vide. J'approuve alors que le vieux couple Hoppe avaient eu un accident, aucun n'avait survécu. La femme qui me racontait tout ça était en fait une agente immobilière venue pour estimer les lieux. Enfin la question fatidique sortir, le fameux "qui êtes vous?". Que dire? Je n'étais personne. 

Alors, j'ai fait la seule chose que je pouvais faire, j'ai paniqué. J'ai balbutier " Je m'appelle Ad- Adelaïde. Je suis une... Une étudiante. Je louais le bunker a couple Hoppe. " Grosse erreur, elle a commencé à me poser des questions, trop de questions. Qu'est-ce que je faisais encore là un mois après leur mort et autres choses de ce genre. Au final elle m'a menti. M'a dit qu'elle allait m'aider, mais je me suis retrouvée derrière les barreaux comme "suspecte". 

Donc ce n'était pas un accident. Je suis restée dans cette même pièce pendant des heures menottée comme une criminelle, jusqu'à ce que vous arriviez avec vos airs de gentilhomme, votre école de surdoués et vos belles promesses. Voilà mon histoire, alors maintenant on tiens sa parole et vous me faites sortir. Je ne suis pas sortie d'une prison pour entrer dans une autre.