Ciel Myocarde

◊ 001 Je dois prendre des somnifères assez puissants pour dormir sans que mon pouvoir ne me submerge.  ◊ 002. J'ai tendance à préférer fuir les problèmes et souffrir en silence que la confrontation ◊ 003. Je n'aime pas le goût du café mais j'en bois tout le temps ◊ 004. Il paraît que je deviens très câlin quand j'ai un peu trop bu  ◊ 005. J'adore les chats, j'en avais plusieurs quand j'étais enfant ◊ 006. J'ai tendance à me mordre la lèvre inférieure quand je suis stressé ◊ 007. Quand je suis pensif, je tapote la surface la plus proche avec mon index gauche ◊ 008. J'ai la mauvaise habitude de réussir à trébucher sur des surfaces parfaitement planes devant tout le monde ◊ 009. tics, manies de votre personnage. ◊ 010. tics, manies de votre personnage.◊ 001. tics, manies de votre personnage. ◊ 002. tics, manies de votre personnage. ◊ 003. tics, manies de votre personnage. ◊ 004. tics, manies de votre personnage. ◊ 005. tics, manies de votre personnage. ◊ 006. tics, manies de votre personnage. ◊ 007. tics, manies de votre personnage. ◊ 008. tics, manies de votre personnage. ◊ 009. tics, manies de votre personnage. ◊ 010. tics, manies de votre personnage.

quand as tu découvert que tu étais "différent(e)" ? Depuis l'enfance, je faisais des rêves étranges où tout ce que je ressentais me semblait bien trop réel. J'avais toujours mis ça sur le compte de ma sensibilité un peu trop accrue. Et puis, vers douze ans, j'ai fais le rapprochement entre un de mes cauchemar et une affaire de meurtres très médiatisé dans la région. J'ai commencé a essayer d'aider en travaillant avec la police, en leur disant ce dont je rêvais. Jusqu'à ce que ça devienne trop pour moi.
en quoi consiste ton pouvoir ou ton don ? Quand je dors, une connexion s'établie entre moi et une personne, aussi bien quelqu'un que je connais qu'un total anonyme. Je revis un de ses souvenirs marquants, pouvant autant remonter à quelques secondes qu'à des années, en ressentant tout ce que le propriétaire a ressentie, en voyant tout ce qu'il a vu... Il n'est pas nécessaire que le propriétaire du rêve soit endormie.
arrives-tu à le maitriser ? est-il dangereux pour ta santé ou celles des autres ? Je ne peux pas choisir de qui viennent les rêves ou ce qu'ils concernent, ni les bloquer de mon esprit, sauf en prenant des somnifères puissants, ce que j'évite de faire de façon régulière. Mon pouvoir n'est pas réellement dangereux mais si les émotions sont trop intenses, je peux faire une crise cardiaque. Inutile de préciser que je en suis pas un gros dormeur...
est-ce que cela a une influence sur ta vie ? as-tu été exclu par ta famille, tes amis, la société ? Mes parents m'ont envoyés voir un psychologue, inquiétés par ces cauchemars à répétition, mais ils ne m'ont pas exclu pour cela. Mon pouvoir m'a influencé dans le sens que j'ai voulu l'utiliser pour ne plus être qu'un spectateur impuissant, et c'est cette envie d'aider qui m'a conduit d'abord à travailler avec la police puis à devenir psychologue.

Premièrement...
Sweet dreams are made of this, who am I to disagree...

21 décembre 1979, Ottawa. Durant une froide nuit d'hiver, un bébé, de père canadien et de mère française, vient au monde. Ce bébé fut nommé Ciel, en raison de ses yeux très bleus. Ce bébé, c'était moi. J'étais et resta l'unique enfant de la famille Myocarde, à mon grand regret_ j'ai toujours voulu des frères et sœurs. Comme tout le monde, je n'ai pas de réels souvenirs de mes premières années : quelques bribes qui me reviennent parfois, quand on évoque un passé lointain, une image floutée par le temps, un visage que l'on croit reconnaître. Rien de bien tangible. Mais il y a une chose qui ressort de mon enfance encore toute jeune.
Ces cauchemars qui reviennent...
J'avais à peine sept ans quand on m'a envoyé chez un pédiatre. Quand on a compris que quelque chose n'allait pas.

–Ciel, tes parents m'ont dit que tu ne voulais plus dormir. Pourquoi ? Tu ne te sens pas fatigué ?
–Ce n'est pas la fatigue...
–Qu'est ce que c'est alors ? Tu n'aimes pas rêver ? Tes rêves ne sont pas agréables ?
–Ce ne sont pas des rêves, ce sont... Des souvenirs... Des souvenirs que je n'ai jamais vécus... Et ils me font peur...

Je n'ai jamais su ce que ce pédiatre avait raconté à mes parents, mais je peux en avoir une vague idée. Toujours est-il qu'à la suite de cette visite, j'ai dû voir une psychologue. Elle était gentille, elle essayait de me rassurer. Pour que je n'ai plus peur, elle me demandait de dessiner et de ridiculiser ce qui m'effrayait. Elle voulait que je comprenne que ce n'étaient que des cauchemars, des assemblages de mon esprit fertile de petit garçon très sensible, que rien de tout ça n'était réel.
J'ai continué à la voir pendant plusieurs années. Elle a même réussi à me persuader que ces songes n'étaient, justement, que des songes.
Et puis, elle a à son tour commencé à se poser des questions...

Deuxièmement..
Pardonnez-moi si je meurs un peu plus chaque soir...

Au collège, j'étais un élève studieux_ à la joie de mes parents. Je crois que j'étais un peu leur fierté. Même si j'étais toujours poursuivie par mes terreurs nocturnes, je ne leur attribuais pas d'attention particulière. C'était juste un mauvais moment à passer. Et il y avait tellement plus important à voir, à vivre. La vie me fascinait, j'étais curieux de tout, je posais des questions tout le temps pour mieux comprendre. Je lisais tout ce qui me tombais sous la main. Et c'est en lisant que j'ai découvert ce que par la suite j'appellerais le Premier Indice. Un article de presse du journal local. Une jeune fille avait été retrouvée dans le lac Gibson, quelque chose d'épouvantable dont tout le monde parlait. Ca faisait la couverture du quotidien, avec une photo d'elle avant sa mort. En la voyant, j'ai fais un malaise.
Cette adolescente, j'en avais rêvé la veille.
J'avais vu tous les détails qu'ils donnaient_ et plus encore. Et j'avais compris quelque chose que les journalistes ne mentionnaient pas. Il y avait deux tueurs.
J'étais bouleversé quand j'en ai parlé à ma psy. Je pleurais, mortifié, déboussolé, sans comprendre ce qui m'arrivait.

–Calmes-toi, Ciel...
–Comment vous voulez que je reste calme ?! Ca ne peut pas être une coïncidence ! J'ai vu la scène, comme si j'y été ! J'ai... J'ai ressentie...
–Ciel... As-tu déjà entendu parler des mutants ?
–Comme des aliens, vous voulez dire ? Je ne vois pas très bien le rapport.
–Non, je te parle de personnes aux capacités très spéciales...

Toute me famille, moi y compris, ignorions que cette supposition serait à la fois la réponse à toutes nos interrogations, et le point de départ de quelque chose qui dépassait la raison.
Après plusieurs recherches, j'ai dû me rendre à l'évidence.
J'étais un mutant. Une de ces « créatures » que les gens qualifiaient d' anormales, de monstrueuses, d'inhumaines.
J'avais douze ans.
Après plusieurs semaines passées à pleurer, à vivre en équilibre dans un brouillard d'angoisse et d'incompréhension, j'ai pris une décision. Je voulais que cette capacité soit un plus et non un moins, je voulais la prendre comme un don et non comme un fardeau. Je voulais aider.
Imaginez la tête du sergent de police quand un gamin de douze ans est venu lui dire qu'il pouvait faire avancer l'enquête.
Au départ, on m'a rit au nez. Mais un des policier a accepté de me donner une chance_ je crois qu'il avait compris ce que j'étais.
En quelques heures, j'ai apporté de nouveaux éléments_ dont le fait qu'il y avait deux tueurs. Et ils ont vu que je ne mentais pas. Au final, les tueurs, un couple, ont été arrêtés. L'homme n'en était pas à son coup d'essaie.
Ce fut ma première enquête. Mais pas ma dernière...

Troisièmement
In your room your burning eyes cause flames to arise…

Une routine s'installait. J'essayais d'en apprendre le plus possible sur les mutants, entre les cours et les enquêtes auxquelles je participais. Je voulais aider au maximum, ne supportant pas l'idée de n'être qu'un témoin impassible. Avec l'adolescence, je découvrais la vie, les gens, moi. Je pensais avoir trouvé un équilibre. Mais quand j'ai eu dix-sept ans, quelqu'un se saisit du fil sur lequel j'avançais.
Le Marionnettiste.
J'avais fini par voir un lien entre plusieurs enquêtes. Il y avait un cerveau, quelqu'un dont l'intelligence n'avait d'égal que la cruauté. Un homme que les criminels consultaient pour avoir des conseils, des idées, de l'argent peut-être. J'en savais très peu sur lui, juste ce qu'il voulait bien me laisser voir. Oui, parce qu'en plus d'être un génie du mal, c'est un mutant dont le pouvoir est l'exact opposé du mien : il choisit, modifie et transmet les souvenirs sous formes de rêves. On fait difficilement plus cliché, comme némésis, non ?
Il a fini par me remarquer. Par voir tous les efforts que je mettais à tenter de le retrouver pour le faire tomber. Il aurait certainement pu me tuer. Il a préféré s'amuser. Chaque soir, il m'envoyait des rêves_ indices ou tortures, à moi de démêler le vrai du faux, à moi de le comprendre. Je l'ai même eu au téléphone. Deux fois.

–Tu es Ciel, hm ? Tu m'as l'air... intéressant.
–Je ne vous lâcherais pas. Envoyez-moi des souvenirs atroces, faîtes moi devenir victime puis bourreau, je m'en moque. Je ne vous lâcherais pas.
–Déterminé... Tu m'amuses. Mais n'oublie pas : c'est moi qui tire les ficelles. Je ne laisserais pas passer un jouet aussi précieux que toi, mais tout ce qui a de la valeur est fragile...

Même le brouilleur de voix qu'il utilisait ne parvenait pas à masquer le plaisir qu'il avait à nous faire tourner en bourrique. Cependant je parvenais toujours à, sinon résoudre, faire avancer une enquête. Je n'hésitais pas à prendre des somnifères légers_ les plus forts m'empêchent de rêver_ pour essayer de trouver quelque chose de nouveau.
Ce schéma a duré plusieurs années. En plus de mes études de criminologie, pour devenir un vrai profiler, je continuais d'aider la police. Et puis arriva L'Accident.

Quatrièmement
Look into my eyes, it's where my demons hide...

J'avais vingt-deux ans quand ce que j'appelais mon équipe réussie à coincer un tueur proche de l'homme que nous recherchions depuis si longtemps. Il était prêt à nous donner des informations. Il est mort avant.
Nous nous rapprochions du criminel et il le savait. Je devenais meilleur à repérer ce qui était important, j'étais tout prêt d'arrêter le Marionnettiste. J'ai pu empêcher un braquage qu'il avait commandé. Ca ne lui a pas plu. Ce soir là, en rentrant chez moi, il avait laisser une lettre sur mon perron. Trois mots tapés à l'ordinateur.

–Tu es sûr que ça vient de lui ?
–Tu vois beaucoup d'autre personne qui ferait ce genre de choses ?
–Et elle disait quoi, cette lettre ?
–Des menaces.
–C'est à dire ?
–«  Fini de jouer ».

Il m'a alors envoyé des cauchemars par rafales, tous plus horribles les uns que les autres. La simple idée de dormir m'angoissait, mais je savais que lâcher le Marionnettiste revenait à m'avouer vaincu, à accepter de le laisser s'en sortir. Je me forçais à ne pas craquer.
Jusqu'à ce qu'il m'envoie un souvenir sur les meurtres que j'étudiais à ce moment_ il y avait six victimes. Mais dans le rêve que le Marionnettiste avait tordu, leurs visages étaient ceux de mes proches. Il me le fit revivre de façon si intense que ce soir-là, mon cœur s'arrêta de battre. J'ai fait une crise cardiaque de presque trois minutes. Je m'en suis miraculeusement tiré sans séquelles.
Le lendemain, j'ai laissé une lettre à mon équipe, disant simplement que je ne pouvais plus continuer.

Cinquièmement
I want to exorcise the demons from your past

Les rêves ne se sont pas arrêtés pour autant. J'ignore même si le Marionnettiste ne s'amusait pas à m'en envoyer quelques-uns de son cru, au début, juste pour le plaisir. Mais j'avais renoncé à m'investir dans les enquêtes de façons trop personnelle.
J'ai décidé d'aider les gens autrement. Ma psychologue avait été un appui précieux pour moi, je désirais à mon tour être celui qui retiendrait les autres de basculer, quitte à les maintenir par le col à bout de bras au bord du précipice. J'ai déménagé aux Etats-Unis et y ait ouvert mon cabinet. J'essayais d'apporter un maximum à mes patients, de les aider à mieux se comprendre, à aller au delà de leurs peurs ou à avancer dans la vie quand celle-ci semblait s'acharner sur eux. Cette période dura dix ans. J'étais particulièrement attentif aux mutants, car beaucoup de confrères les jetaient dehors une fois qu'ils confessaient ou découvraient avoir un pouvoir.
C'est ainsi qu'un jour, un dossier me fut confié.
Graham Lester. 33 ans, déclaré instable suite à des tortures subites en Afghanistan. J'en avait entendu parler par les médias. Il s'était changé en fauve et avait agressé sa femme. Certains l'accusaient d'être une erreur de la nature, d'autre de n'être qu'un homme hypersensible victime d'adultère. Je voyais surtout en lui quelqu'un qui avait besoin d'aide. Et de temps. Je n'ai alarmé personne quand il n'est pas venu à la première séance. Ni à la deuxième. Ni à beaucoup qui suivirent. Je gardais l'horaire de son jour libre, parce que je voulais être là quand il serait prêt.
Et puis, un jour, il sonna.

–Bonjour, je m'appel Ciel.
–Moi c'est Graham, mais je suppose que vous le saviez déjà. Je vous préviens, je ne m'allongerais pas sur un divan.
–Ca tombe bien, je n'ai que des fauteuils. À vrai dire, je trouve cette méthode un peu dépassée, je préfère dialoguer plutôt que de laisser mes patients parler au plafond.

Je l'ignorais, mais cet homme allait bouleverser ma vie. Et mon cœur.


Dernièrement
J'ai l'impression de devenir fou, c'est l'arythmie dans le myocarde, est-ce que je perds pieds ...

Au fil du temps, Graham est devenu plus qu'un patient. Nous nous sommes vu en dehors des séances, appelés pour parler d'autre chose que de sa thérapie. Il me connait plus qu'aucun de mes patients ne me connait. Peut-être même plus que certains de mes amis ne me connaissent. Un ami ? Non, plus que ça. Des amis, j'en ai. Graham, lui, notre relation, ce que je ressens pour lui, c'est unique, ce n'est pour personne d'autre.
Oh.

–On récapitule : tu le trouve mignon, t'aimes être avec lui, tu détestes quand il parle de ses rencards, et t'es prêt à le suivre dans je ne sais quelle bahut pour ne pas être éloigné de lui ?
–Ce sera bon pour sa thérapie.
–C'est pas ton seul patient, et tu t'es transformé en petit chien pour aucun autre. Ciel, j'crois que t'es amoureux.

J'ai décidé de ne rien lui dire. Je serais son ami, je serais sa béquille, je serais tout ce qu'il veut pourvu qu'il me garde près de lui. Je supporterais nos accolades en me retenant de vouloir l'enlacer de façon plus intime, je serrerais les dents quand il reluquera les jolies filles, mais je ne le laisserais pas tomber, aussi longtemps qu'il voudra de moi. Aime-moi moins, mais aime-moi longtemps.
Ca va faire trois ans que nous sommes à l'institut, lui en tant que professeur de combat/défense, et moi enseignant la criminologie.
Alors que les manifestations anti-mutants s'accroient à l'extérieur et que j'essaie de gérer mes sentiments pour mon meilleur ami et patient, mes cauchemars reprennent, bien trop réels et bien trop effrayants. Est ce le monde qui m'entoure qui devient plus noir, ou le Marionnettiste qui s'ennuie de nouveau ?