ASHES ▼ Human beings are a disease.

quand as tu découvert que tu étais "différente" ? Il y a longtemps. La colère déformait ses traits, le feu brûlait dans ses prunelles sombres. La haine consumait son être... Et du feu s'est échappé de ses mains. Du feu s'est répandu sur le reste de son corps, immolant et emportant du tissu dans son ascension démoniaque. La jeune femme qui avait provoqué cette réaction hurla. Un monstre, disait-on. L'on ne voyait plus que deux billes noires : ses yeux. Tout le reste n'était que chaleur et lumière. Tout le reste n'était que brûlure et incandescence. Au bout de quelques minutes, Ashes s'est évanouie. Lorsqu'elle a de nouveau ouvert les yeux, son corps avait reprit son aspect naturel. Un sourire sur les lèvres, elle cru que ça n'avait été qu'une chimère. Qu'un cauchemar éphémère. Qu'elle aussi, elle était normale. Mais elle se trompait : revenant à l'école le lendemain, on la pointa du doigt. On l'insulta. On lui cracha au visage. Sa vie avait changé... Du tout au tout, immolant son cœur et le réduisant à l'état de cendres pour qu'elle ne soit plus que haine. Plus que flambeau ardent, détruisant tout sur son passage.
en quoi consiste ton pouvoir ou ton don ? C'est bien simple : La rousse, la flamboyante, elle maîtrise le feu. Mais elle ne le contrôle pas, c'est lui qui décide de tout. Il apparaît simplement, fleurissant dans une main ouverte pour ne s'en tenir qu'à sa simple présence, ou évoluant sur sa chair offerte pour réduire les vêtements en un tas de lambeaux et prendre possession de son être. Evidemment, le feu ne la brûle pas. Ils sont alliés : il est présent en elle comme le serait le malin, à se montrer lorsqu'il le veut... Ou lorsqu'elle perd le contrôle. Des émotions trop intenses l'appellent et réduisent tout en un tas de cendres. Il ne faut absolument pas tenter de la toucher dans ces cas là : quand bien même les langues de feu ne se répandent pas sur sa peau, cette dernière reste trop chaude pour être ne serait-ce qu'effleurée. Elle est hot, et elle le sait.
arrives-tu à le maitriser ? est-il dangereux pour ta santé ou celles des autres ? Le maîtriser ? J'espère que vous plaisantez. Poesy est spectatrice de ces langues enflammés qui s'emparent d'elle. S'il n'est pas dangereux, ce don, pour sa propre santé... Il l'est pour tous ceux qui s'en approchent. Elle explose, la belle. Elle explose en milles morceaux, souffrant d'une solitude qu'elle réprouve de ressentir. Souffrant de se mettre seule à l'écart pour éviter que d'autres ne soient brûlés à vif comme elle l'a été, comme elle l'est chaque fois qu'il s'empare d'elle. Il est un Démon qui ne demande à personne avant de prendre possession de son être et de ruiner sa vie. Il s'extasie de sa beauté, vile narcissique au teint mordoré. Il ne laisse que des traînées noires, des traînées de ce qui était jadis vivant, de ce qui était jadis autre chose que ces traînées qui écœurent la belle endormie, la belle soumise à ce Don qu'elle réprouve.
Ce pouvoir qui fait de sa vie un Enfer, répandant avec lui milles travers et milles vices. Milles meurtrissures et milles âmes brisées... Milles larmes versées et milles entailles créées. Poupée de porcelaine, poupée de cire, qui fond sous cette souffrance qui l'étouffe.
est-ce que cela a une influence sur ta vie ? as-tu été exclu par ta famille, tes amis, la société ? Personne. Elle n'a plus personne sur qui compter depuis. C'est pourquoi l'Institut est un réel havre de paix à ses prunelles assombries par la douleur. Elle a longtemps haït ce qu'elle était, avant d'estimer être supérieure aux simples humains, à ces simples d'esprits qui ne comprennent pas. Tout ce qu'elle veut, c'est être tranquille... Faire ce qui lui plaît, quand il lui plaît. Et apprendre par dessus-tout à maîtriser cet étranger qui vit en son sein.
Sa vie n'est plus la même qu'elle l'a été. Trop de choses ont déviées. Trop de verres brisés, trop de vêtements déchirés ou brûlés. Des parents effrayés, des amis désemparés. Des moqueries, encore et encore. Des rires qui résonnent dans une pièce où elle est seule. La solitude, elle, ne blesse pas. Mais ne méritent-ils pas tous de subir ton courroux, lui murmure une voix qu'elle ne reconnaît pas. Eux qui se moquent si impunément de ta différence, de ce qui te rend belle. Quelques fois, elle aimerait les enlacer et sentir leur chair fondre sous la chaleur qu'elle dégage. Entendre leurs supplications comme elle les suppliaient jadis de ne plus la critiquer, de ne plus l'insulter. Elle est comme vous et moi... Une jeune femme perdue, une jeune femme qui n'a pas mérité d'être traitée aussi mal.
Mais une catin du malin aux yeux de tous. Une catin qui vous laissera à l'état de cendres, une fois qu'elle aura eu ce qu'elle désire.
L'âme brisée, le cœur en morceaux, des larmes perpétuellement dans les yeux.